Le cannabis pourrait aider à traiter la dépression. La raison : le stress chronique qui conduit à des comportements dépressifs est associé à un niveau réduit d’endocannabinoïdes, des molécules naturellement présentes dans le cerveau et proches du THC du cannabis.
Les endocannabinoïdes (ou cannabinoïdes endogènes) sont des composés chimiques naturellement produits dans le cerveau. Ils influencent le contrôle moteur, la cognition, les émotions et le comportement. Comme leur nom l’indique, ils sont proches de molécules présentes dans le Cannabis sativa et son composé actif, le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol).
L’utilisation médicale du cannabis est un sujet controversé et la France reste frileuse sur cette question. Alors que certains États l’ont approuvée par exemple pour soulager le glaucome, la douleur, l’épilepsie, la sclérose en plaques et les nausées de chimiothérapies, cette normalisation thérapeutique soulève des interrogations. D’aucuns s’inquiètent qu’elle conduise certaines personnes, notamment des jeunes, à penser que le cannabis est sans danger pour leur santé.
Ici, des scientifiques de l’Institut de recherche sur les addictions de l’université de Buffalo ont étudié la relation entre le stress chronique, la dépression, et les endocannabinoïdes chez l’animal. Le stress chronique est une cause majeure de dépression. Or, certaines personnes qui ont eu un trouble de stress post-traumatique (après un événement grave par exemple) ont dit avoir été soulagées par de la marijuana. D’où l’idée que les cannabinoïdes influencent les comportements dépressifs.
Le stress chronique réduit les endocannabinoïdes dans le cerveau
Dans leur étude parue dans Journal of Neuroscience, les chercheurs présentent donc des résultats préliminaires obtenus chez des animaux. Comme l’explique Samir Haj-Dahmane, principal auteur de cet article, « chez les modèles animaux que nous avons étudiés, nous avons observé que le stress chronique réduisait la production d’endocannabinoïdes, ce qui conduisait à un comportement dépressif ».
D’après ces travaux, il est possible que l’utilisation de composés dérivés du cannabis restaure la fonction normale des endocannabinoïdes. Ainsi, l’humeur pourrait être stabilisée et la dépression en partie traitée. Même si ces résultats permettent d’envisager une utilisation thérapeutique de composés du cannabis pour réduire la dépression qui résulte du stress chronique, « il y a encore beaucoup de chemin à faire avant de savoir si cela peut être efficace chez les humains ».
La prochaine étape consistera à tester l’utilisation de cannabidiol, un cannabinoïde extrait de la marijuana, pour savoir s’il peut restaurer un comportement normal chez les animaux sans provoquer de dépendance.
Source : futura-sciences.com