À la rencontre des consommateurs réguliers de cannabis en France

En France, le cannabis est omniprésent, avec environ cinq millions de consommateurs réguliers. Cette pratique touche toutes les strates de la société, des jeunes aux plus âgés, des citadins aux ruraux. Alors que l’accès à cette substance illicite devient de plus en plus aisé, la question de la responsabilité des consommateurs dans le trafic de drogue émerge. Dans cet article, nous plongeons dans le quotidien de ces consommateurs, leurs profils variés et leurs perceptions de leur impact sur le marché illicite du cannabis.

 

Profil des consommateurs

Rencontrer ces cinq millions de fumeurs réguliers, c’est plonger dans la diversité des parcours de vie. Parmi eux, on retrouve des cadres, des ingénieurs, des travailleurs associatifs, des jeunes actifs, des habitants de zones rurales et urbaines. Le cannabis ne fait pas de distinction sociale.

Paul, informaticien de 35 ans vivant près de Lyon, en est un exemple. Initialement introduit au cannabis lors de ses années étudiantes, sa consommation est rapidement devenue quotidienne pour gérer le stress après une journée de travail.

À l’autre bout du spectre, Titi, 48 ans, a développé une consommation quotidienne dès son adolescence. Vivant désormais dans un village pyrénéen, il illustre la facilité d’accès à la drogue même dans les régions éloignées des grands centres urbains.

Accessibilité croissante du cannabis

L’accessibilité du cannabis est un thème récurrent dans les témoignages recueillis. Que ce soit à Paris, à Lyon ou dans les Pyrénées, les consommateurs n’ont pas à chercher bien loin pour se procurer leur dose quotidienne.

Paul se fait livrer à domicile, tandis que Titi peut commander depuis son village ou Paris. Cette accessibilité est soulignée par Catherine Delorme, vice-présidente de la fédération addiction, qui affirme que le cannabis est désormais « trouvable partout », que ce soit dans les milieux urbains denses ou les zones rurales.

Responsabilité des consommateurs

La question de la responsabilité des consommateurs dans le trafic de drogue est complexe et controversée. En avril 2023, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a accusé les consommateurs de « financer le trafic » et, par conséquent, les violences qui y sont associées.

Matthieu, 26 ans, un employé de société de conseil, reconnaît cette responsabilité économique mais critique le manque de solutions de l’État pour résoudre ce problème. Pour lui, acheter chez un dealer est moins risqué judiciairement que de cultiver soi-même. En revanche, Paul se défend de toute responsabilité directe dans le trafic, plaidant plutôt pour la légalisation afin de tarir les sources du marché noir.

Selon l’addictologue Catherine Delorme, pointer les consommateurs du doigt n’est pas une bonne solution puisque « la plupart des usagers voudraient pouvoir accéder de façon totalement légale à leurs produits et ne pas alimenter des réseaux illicites. Ils n’ont pas le choix, donc il s’en procure là où le marché existe ».

Légalisation comme seule solution

L’idée de légaliser le cannabis émerge comme une solution potentielle pour mettre fin au trafic de drogue. Pour Catherine Delorme, cela permettrait aux consommateurs d’accéder à leur produit de manière légale, réduisant ainsi la dépendance aux réseaux illicites.

En France, la consommation de cannabis est punissable d’une amende, mais les sanctions sont beaucoup plus sévères en cas de consommation au volant. Cette politique soulève des questions sur l’efficacité des mesures répressives dans la gestion du problème de la drogue.

Conclusion

La réalité du trafic de drogue et de la consommation de cannabis en France met en lumière la complexité des enjeux sociaux, économiques et politiques associés. Les consommateurs réguliers, qu’ils soient cadres dynamiques ou habitants de zones rurales, sont confrontés à des questions de responsabilité et de légalité dans un contexte où l’accès à la drogue est de plus en plus aisé. La voie vers une solution durable reste sujette à débat, mais la nécessité d’aborder cette problématique de manière globale et inclusive est indéniable.