A la veille de son déplacement de trois jours à Marseille, Emmanuel Macron a accordé une interview exclusive à La Provence. Il évoque les problématiques de la ville mais fait aussi des annonces nationales
« On a besoin que les habitants nous aident. » Dans un long entretien à La Provence à la veille de sa venue à Marseille, Emmanuel Macron appelle la population à la « responsabilité » face au trafic de drogue qui souille la cité. Dans un contexte de multiplication des règlements de comptes, le chef de l’Etat nous dévoile sa stratégie pour lutter contre ce fléau au niveau national.
Lors de sa visite de trois jours, le président compte faire le bilan du plan « Marseille en grand » et annoncer de nouveaux moyens pour les transports, les écoles ou encore le logement. Dès lundi, il souhaite taper fort en parlant sécurité, notamment en se rendant rapidement à l’Évêché, au siège de la police judiciaire, pour échanger avec les policiers. Il visitera dans la foulée le chantier de l’établissement pénitentiaire des Baumettes 3 puis rencontrera des mères de famille engagées dans la lutte contre l’insécurité et la criminalité aux Campanules (11e).
Les agents équipés de 5000 terminaux de paiement
« On ne peut pas déplorer les trafics de drogue si on a des consommateurs », estime le chef de l’Etat qui fait par ailleurs le bilan des renforts promis dans le cadre du plan. « L’engagement est tenu et le résultat est là. A Marseille 70 points de deal ont été supprimés grâce à une stratégie de pilonnage. On en avait 222 dans les Bouches-du-Rhône, on est passé à 134, soit une baisse de 40% », rappelle-t-il.
Et le président d’en appeler à la population : « Les gens qui ont les moyens de consommer de la drogue parce qu’ils trouvent cela récréatif, il faut qu’ils comprennent qu’ils nourrissent des réseaux et qu’ils ont une complicité de fait. Si on en a marre comme moi et qu’on veut s’attaquer à ce problème, il faut qu’on en tire les conséquences. »
La prise de conscience doit toutefois s’accompagner d’une réponse répressive en cas d’échec, convient-il. « Nous devons trouver les moyens d’être encore plus efficace. Par le passé, les petits délits n’étaient pas suivis de conséquences et classés sans suite. On a mis en place une amende forfaitaire pouvant aller jusqu’à 2500 euros. 350 000 ont été dressées en France depuis septembre 2020, dont 29 000 à Marseille. Mais ce que nous avons constaté, c’est que comme le règlement se fait par télépaiement entre 45 jours et 60 jours, nous avons un taux de recouvrement de 35%. Et c’est en-dessous de cette moyenne à Marseille. C’est inacceptable. J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de préparer un décret pour la fin de l’été, afin que le paiement des amendes puisse être immédiat, par carte bancaire ou en liquide. On a commencé à équiper les agents de 5000 terminaux de paiement. C’est très concret. »
Bonus CIRC : l’édito de l’humeur du matin par Guillaume Erner – 27 juin 2023 sur France-Culture
Lire aussi : Le Défenseur des droits réclame l’abolition des AFD et un retour au juge