Un mois après le lancement du plan anti-drogue à Marseille par le gouvernement, 720 personnalités du monde médical, politique, social et économique lancent un nouvel « Appel de Marseille » pour un changement et une légalisation encadrée du cannabis.
Est-ce l’approche des élections municipales ou un concours de circonstance ? Un mois seulement après la venue à Marseille de trois ministres pour le lancement d’un nouveau plan anti-drogue, voilà que 720 personnalités s’unissent dans un nouvel « Appel de Marseille » pour proposer une autre politique en matière de drogue.
Une autre politique de prévention
Ils demandent une légalisation encadrée de la consommation de cannabis et la mise en place d’une autre politique de prévention.
Ces 720 personnalités appartiennent au monde médical, politique, économique, social ou artistique. Parmi eux, Victor Martin est leur porte-parole, il est aussi chargé de projet de réduction des risques en milieu festif.
Victor Martin rappelle que la loi qui pénalise la consommation de drogue remonte au 31 décembre 1970 :
« Depuis près de 50 ans et malgré tous les plans répressifs, les statistiques de consommation (de drogue) n’ont jamais baissé et ça représente un coût énorme pour la société »
La France, en retard sur ses voisins européens
La Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas ou encore le Portugal, ont tous assoupli leur législation en matière de consommation de cannabis.
Selon une étude réalisée au Portugal par l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT), il apparaît que 8 % des jeunes de 15 à 34 ans consomment du cannabis, contre 14,1 % pour la moyenne européenne.
« En France, la consommation de cannabis chez ces jeunes atteint 21,5 %. »
« Les pays qui ont les politiques de répression les plus fortes sont ceux où la consommation est la plus importante », indique Victor Martin.
Le cannabis est dangereux pour la santé
Parmi les signataires de « l’Appel de Marseille », il y a des médecins, addictologues ou psychiatres, tous en contact permanent avec des consommateurs de drogues.
S’ils soutiennent ce mouvement, c’est pour un meilleur contrôle du cannabis, de la production à la consommation, ainsi que pour une autre politique de prévention.
Cependant, le cannabis est dangereux pour la santé, notamment chez les adolescents. « On remarque d’abord des difficultés d’apprentissage, un désintérêt par rapport à des investissements habituels », explique le docteur Gilbert Fabre, pédopsychiatre.
« Il peut y avoir des problèmes de santé mentale plus sérieux comme la schizophrénie. »
Que vont devenir les trafiquants de cannabis ?
Dépénaliser ou légaliser le cannabis, « c’est une très lourde responsabilité », assure Bruno Bartoccetti, secrétaire régional Unité SGP Police Paca. Il précise qu’on ne peut pas prendre une telle décision sans une profonde réflexion.
« Le tout répressif ne fonctionne pas, on le sait bien… Dépénaliser le consommateur ? Oui, c’est peut-être une solution, c’est avant tout une victime », ajoute le policier.
Mais si demain, le cannabis est contrôlé par l’État, cela pourrait entraîner d’autres trafics, plus graves encore.
« Les trafiquants ne resteront pas au chômage longtemps, ils s’exprimeront de façon différente, peut-être avec la cocaïne bon marché et de mauvaise qualité », explique Bruno Bartoccetti, il ajoute :
« Si on légalise les drogues douces, il faudra nous donner des moyens plus importants pour lutter contre le trafic des drogues dures. »
4 millions de consommateurs en France
Le policier reconnaît que la condamnation de la consommation de cannabis est une vaste hypocrisie : « on le voit bien, tout le monde fume sans se cacher, dans la rue ou ailleurs et lorsqu’un consommateur est condamné à une amende de 100 ou 200 euros, c’est devenu ridicule… »
En France, 4 millions de personnes fument régulièrement ou occasionnellement du cannabis.