Publié le | par La Rédac’
Dans de nombreux pays, la dépénalisation ou la légalisation du cannabis est à l’ordre du jour. En France, la question reste tabou, mais le débat est enfin ouvert. Enquête en Europe et entretien avec Stéphane Gatignon, maire de Sevran, qui prône la légalisation du cannabis
Cette semaine, Vox Pop enquête sur la libéralisation de l’usage du cannabis en Europe. Dépénalisé depuis 2013 en République tchèque, le cannabis thérapeutique devient une manne financière partout en Europe. Un marché en devenir dont les laboratoires et industriels comptent bien profiter.
John Paul Lepers propose dans cette émission un reportage au Sénat, où le débat sur la légalisation s’est enfin ouvert, suivi d’un entretien avec Stéphane Gatignon, maire de Sevran, qui prône la légalisation du cannabis.
En sprays, crèmes et même suppositoires, l’utilisation médicale d’extraits de cannabis se généralise. Une libéralisation facilitée par des avancées scientifiques qui démontrent les bienfaits pour la santé de la plante controversée. Selon une étude intitulée Cannabis and Medicine : A New Frontier in Therapeutics, publiée le 14 février 2015, l’herbe aurait des propriétés anti-nauséeuses, antispasmodiques et analgésiques.
En Europe, la drogue douce est désormais légale dans plusieurs pays comme la République Tchèque, la Finlande, les Pays-Bas, l’Espagne et le Portugal. « Vu la pression qu’elle subit, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devra probablement bientôt adopter une nouvelle position sur le cannabis », a déclaré le 4 mars 2015 Pavel Pachta, ancien secrétaire adjoint de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (INCB), lors de la Conférence internationale sur l’utilisation médicale du cannabis, à Prague.
Les laboratoires dans les starting-blocks
L’extraction du THC (la principale molécule active du cannabis) nécessite des investissements coûteux mais les groupes pharmaceutiques sont prêts à parier sur cette nouvelle demande. Comme le britannique GW Pharmaceuticals, qui produit le Sativex, un spray à base de cannabis autorisée depuis janvier 2014 par l’Agence française de sécurité des médicaments. La France a été l’un des derniers pays européens à permettre à ses malades, touchés par la sclérose en plaques, de bénéficier de cet antidouleur.
De vives critiques accusent pourtant l’herbe de causer des cancers du poumon ou des psychoses. Plusieurs groupes pharmaceutiques ont renoncé à faire la promotion des produits liés au cannabis, craignant pour leur image. « Les choses changent et j’entends que quelques majors pharmaceutiques développent de tels produits, mais aucun d’entre eux n’est encore arrivé à l’étape de son introduction en tant que médicaments », témoigne le professeur Raphael Mechoulam, expert en science du cannabis à Jérusalem.
Le joint électronique
Le secteur du médical n’est pas seul en course. De petites entreprises se lancent, elles aussi, dans le cannabis, comme la startup néerlandaise E-njoint. En 2014, cette dernière a beaucoup fait parler d’elle en commercialisant le premier joint électronique. Cette année, l’entreprise revient avec une cigarette électronique unique en son genre, au goût et à l’odeur de cannabis. « Comme le joint électronique ne contient pas de THC, de nicotine, de goudron ni de toxines, il est totalement légal mais apporte néanmoins aux fumeurs la sensation de planer, explique E-njoint. Tout en offrant une gamme d’effet sur l’utilisateur, tels que la relaxation musculaire, l’amélioration de l’humeur et la vivacité d’esprit.»
Conscient de déclencher un tollé, comme la firme KanaVape (vapoteuse au cannabis un temps légalisée en France), E-njoint a d’ores et déjà déclaré que son joint électronique allait « certainement [faire] réagir de nombreux gouvernements et autorités puritains ». Actuellement disponible aux Pays-Bas, le produit devrait rapidement être exporté dans la plupart des pays de la zone euro.
Céline Peschard
Source : Youtube.com