Publié le 23 Août 2020 | par Sébastien Porte
Autant d’objets qui content l’acte de fumer à travers les âges et les pays sont à découvrir dans cet insolite et joyeux minimusée du 11e arrondissement de Paris.
Hallucinante trouvaille que cette pipe à eau d’Asie du Sud-Est datant du xixe siècle. Non seulement elle interpelle par sa matière, de l’os humain (il s’agirait d’un bout de tibia), mais elle offre un éloquent condensé de l’histoire des civilisations dans leur rapport avec l’acte de fumer. L’objet, appelé bang ou bong, a été rapporté de la guerre du Vietnam par les GI américains, qui en avaient découvert l’usage auprès des populations locales.
Volutes psychoactives et anthropologie
Et c’est par lui que l’intérêt pour le cannabis a été relancé en Occident dans les années 60, porté par la mouvance hippie. Son principe : la fumée, avant d’être avalée, traverse un bain d’eau froide, devenant plus douce à la gorge du fumeur. « Traditionnellement, les plantes fumées ont toujours été consommées dans un but spirituel ou guérisseur », explique Raphaël Freund, codirecteur du musée du Fumeur, rappelant que le cannabis, dans les années 30, était « le troisième médicament le plus prescrit aux États-Unis. C’est le monde occidental qui en a fait une utilisation compulsive, addictive et destructrice ». Bref, une drogue.
Fondé en 2001 par deux amis passionnés de volutes psychoactives, Tigrane et Michka, le musée du Fumeur présente ainsi la fumette sous son angle anthropologique, historique et joyeux. Loin des obsessions coercitives, qui, au XVIe siècle, allaient jusqu’à faire couper le nez des amateurs de tabac, comme on peut le lire sur un cartel. Calumets ornés de plumes, tabatières rustiques, gravures de jeunes filles fumant l’opium, rien de ce qui se fume ou sert à fumer ne lui est étranger. Jusqu’à la salsepareille de cet iconoclaste Schtroumpf fumeur, affichée dans les WC. Un mini musée aux airs canaille et bon enfant. À inhaler sans modération.