Selon la préfète de police de la ville, qui dressait ce mercredi le bilan de la lutte contre la drogue dans le département, la nouvelle stratégie de «harcèlement quotidien de l’ensemble des maillons de la chaîne» a permis de faire baisser le nombre de points de deal de 220 à 181. Mais la violence entre trafiquants restent à un «haut niveau».
Le sujet reste sa «priorité». En attendant un bilan 2022 complet de la délinquance départementale, la préfète de police de Marseille a détaillé, ce mercredi, les chiffres de la lutte des services de police contre les réseaux de drogue dans le département. Des résultats «plutôt encourageants», a assuré Frédérique Camilleri, avant d’égrener des indicateurs quasiment tous en hausse par rapport à l’an dernier. Preuve surtout, selon elle, de l’efficacité de la politique de «pilonnage» des points de stups prônée depuis son arrivée. En deux ans, cette stratégie de «harcèlement quotidien de l’ensemble des maillons de la chaîne», détaille-t-elle, du consommateur aux revendeurs, des petits trafiquants aux têtes de réseau, a ainsi permis de faire baisser le nombre de points de deal de 220 à 181 dans le département, et de 156 à 127 pour la ville de Marseille. Entre autres cibles des policiers, la cité Campagne-Lévêque aurait par exemple vu son chiffre d’affaires baisser de 80% sur les deux dernières années, assure la préfecture.
«Turnover important»
Dans le cadre de ces descentes régulières, 2 296 personnes en lien avec les trafics ont été interpellées en 2022, dont 1 813 à Marseille, soit plus 12% par rapport à l’an dernier. Des résultats «inédits», s’est encore félicitée Frédérique Camilleri, «qui obligent les réseaux à se réorganiser en permanence». Et aussi à aller chercher toujours plus loin leur main d’œuvre. «Du fait du turnover important, explique-t-elle, les trafiquants ont du mal à recruter des gens dans la cité. Se développe donc le recrutement sur les réseaux avec de plus en plus de mineurs, et ces derniers temps des étrangers.»
A l’autre bout du spectre, dans les hautes sphères, les services de police ont procédé à l’interpellation de «dix objectifs prioritaires», trois d’entre eux figurant au top 50 national de l’Office français antistupéfiants. Pour muscler encore ces actions, la préfète a applaudi des deux mains l’arrivée prochaine de renforts pour la police judiciaire, avec l’ouverture de 21 postes supplémentaires qui devraient être pourvus d’ici un an. Au moins une bonne nouvelle pour les concernés, qui ont toujours en travers de la gorge le limogeage précipité, en octobre dernier, du chef historique des PJistes marseillais, Eric Arella, au lendemain d’une protestation de ses troupes contre la réforme annoncée de leur institution…
31 personnes mortes
Seul «point noir» concédé par la préfète : le maintien d’un «haut niveau de violence» entre trafiquants, avec 65 homicides ou tentatives liées au trafic de stup sur le département en 2022 (dont 95% à Marseille), ayant entraîné la mort de 31 personnes, soit autant que l’an dernier. Près de la moitié sont liés à deux contentieux en particulier, opposant des réseaux très installés sur la place marseillaise. Avec toujours cette tendance qui s’installe depuis quelques années : «Là où avant, on ciblait des personnes emblématiques du camp d’en face, on assiste à des actions d’intimidation ciblant le point de deal, les victimes étant le vendeur du jour», pointe la préfète. Qui, malgré ces bilans annuels sempiternellement sombres, veut croire qu’«il n’y a aucune fatalité» : «Je combats fermement cette idée selon laquelle rien ne servirait à rien, a-t-elle insisté. On part de loin à Marseille, avec une situation enkystée depuis longtemps… Mais si on fait tout ce travail, c’est qu’on y croit.»