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Les festivaliers pourront fumer légalement du cannabis sur certains sites de festivals de la région pour la première fois, cet été. L’encadrement de cette consommation diffère toutefois d’un événement à l’autre. Par ailleurs, certains organisateurs se demandent jusqu’où ils peuvent aller pour renforcer leurs règlements auprès de leurs clientèles respectives.
Festival franco-ontarien (FFO)
Les organisateurs du Festival franco-ontarien (FFO), qui débute jeudi, ont aménagé un endroit spécifique pour accommoder les fumeurs de cigarettes et de cannabis sur le site au Parc Major’s Hill et ce, même s’il est légal de fumer partout sur le terrain, en temps normal.
La création d’une zone pour fumeurs était une demande de la Commission de la capitale nationale (CCN), propriétaire de ce parc fédéral.
La demande de la CCN […], c’était d’aménager une zone fermée dans laquelle les gens vont pouvoir se rendre, qui est sécurisée, couverte par un garde de sécurité qui s’assure que les gens ont l’âge légal
, explique Michel-Olivier Matte, le directeur des opérations du FFO.
La zone pour les fumeurs, délimitée par des barrières, se trouve à l’entrée du site et en retrait de la scène principale.
« C’est surtout de ne pas incommoder les gens qui ne consomment pas ou qui n’ont pas envie [d’en consommer]. »
Michel-Olivier Matte, directeur des opérations du FFO
Pour des raisons de sécurité, il y aura des fouilles de sacs à l’entrée du Parc Major’s Hill, mais les organisateurs du FFO ne contrôleront pas la quantité de cannabis que les festivaliers apporteront sur le site de l’événement.
Montebello Rock
Du côté de Montebello Rock, son fondateur, Alex Martel, demande aux festivaliers de suivre la réglementation québécoise.
Sur la page Facebook de l’événement, qui a lieu les 14 et 15 juin, il stipule que « seuls les produits de la Société québécoise de cannabis scellés avec le sceau intact seront permis sur le site avec la limite permise par la loi, soit 30g par personne ».
Alex Martel concède cependant qu’il est difficile d’encadrer ces mesures malgré la sécurité et la présence policière sur place.
Concrètement, vu que les gens entrent et sortent, est-ce que c’est vraiment réaliste ? Ça reste à voir
, mentionne Alex Martel.
« On s’entend que, même quand ce n’était pas légal, peu importe le festival, les gens trouvent quand même la façon d’entrer [du cannabis] même s’il y a de la sécurité. »
Alex Martel, fondateur de Montebello Rock
Festival de montgolfières de Gatineau
Du côté du Festival de montgolfières de Gatineau (FMG), les fumeurs de cigarettes et de cannabis n’auront pas à cohabiter : ils auront chacun leur zone désignée, du 29 août au 2 septembre prochain.
On n’a pas d’autres choix que de tolérer la consommation de cigarettes et de cannabis
, reconnaît Sandra Cloutier, la directrice générale du FMG.
Si la consommation de cannabis est permise devant les scènes principales, elle s’avérera interdite dans les aires familiales.
Mme Cloutier mise toutefois sur la « bonne foi » des fumeurs, et sur le fait que ces derniers respecteront l’ensemble des festivaliers sur le site du FMG.
« Si on se fie au passé ou aux événements antérieurs, il y a quelques personnes qui consomment et ça s’arrête là. »
Sandra Cloutier, directrice générale, FMG
Un amendement à l’horizon ?
Or, les plans pour l’aménagement du site au parc de la Baie, où se tiendra le FMG, pourraient être appelés à changer avant même la tenue de l’événement.
En mai dernier, le gouvernement caquiste a décidé d’assouplir son projet de loi sur le cannabis, notamment en ce qui a trait à sa consommation dans les lieux publics. Selon un amendement proposé, qui pourrait être soumis à un vote d’ici à la fin de l’été, une municipalité pourrait autoriser la consommation du cannabis dans un parc, ce qui est déjà permis par la réglementation présentement en vigueur à Gatineau.
Cependant, si le projet de loi du gouvernement Legault est adopté, la consommation de cannabis sera interdite dans tous les festivals, même s’ils ont lieu dans un parc, ce qui complique la tâche des organisateurs du FMG.
Selon Mme Cloutier, l’équipe du FMG ne serait pas adéquatement outillée pour faire appliquer
la nouvelle réglementation.
Qui va exiger d’un spectateur qui est devant une scène [parmi] 40 000 ou 60 000 personnes de ne pas fumer ? C’est une grande question qui demeure sans réponse pour le moment
, lance Sandra Cloutier.
À qui reviendra alors la responsabilité d’appliquer les nouveaux amendements? Cela incomberait aux municipalités, selon la loi. Les organisateurs de festivals craignent que les villes se tournent par la suite vers eux pour prendre en charge cette responsabilité, ainsi que les coûts qui y sont associés.
Ces inquiétudes sont partagées par tous les membres du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI). L’organisme a d’ailleurs envoyé au gouvernement du Québec une lettre, dont Radio-Canada a obtenu copie, réclamant des éclaircissements à ce sujet, à la fin du mois dernier.
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1181929/consommation-cannabis-encadrement-festivals-loi-ottawa-gatineau