Cannabis au volant : En Italie, il semble que les politiciens, tout comme en France, optent souvent pour la répression plutôt que la prévention, ce qui se reflète dans de nombreuses décisions gouvernementales affectant la vie des citoyens. Même le code de la route, réformé par le ministre des Infrastructures Matteo Salvini, n’a pas échappé à cette tendance. Cette réforme hâtive a été rapidement qualifiée de nouveau « Code des massacres ». Alors que d’un côté, elle durcit les sanctions, elle assouplit d’autres règles telles que les limites de vitesse, l’utilisation des radars, et les restrictions sur les zones à circulation restreinte (ZTL) ainsi que les pistes cyclables. En somme, c’est un désastre pour la sécurité routière.
La répression du cannabis au volant : une mesure controversée
La réforme du code de la route italien ne fait pas de cadeaux non plus au cannabis. La mesure la plus controversée concerne la manière dont elle traite la consommation de cette substance. Selon Antonella Soldo, coordinatrice de Meglio Legale, cette réforme supprime le lien de causalité entre la consommation de cannabis et son effet altérant sur le corps, le remplaçant par un simple lien chronologique. Ainsi, désormais, pour retirer le permis de conduire, il suffira de prouver que le conducteur a consommé du cannabis, même plusieurs heures ou jours auparavant, sans tenir compte de son état d’altération au moment de la conduite.
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Cette approche, selon les membres de Meglio Legale, va à l’encontre des récents arrêts de la Cour de cassation, qui stipulent qu’il ne suffit pas de prouver une consommation récente de drogue ; il faut également démontrer que cette consommation a effectivement altéré les facultés du conducteur pendant la conduite. Cette mesure est clairement répressive et ne tient pas compte des nuances et des complexités de la situation.
Défis du contrôle de la conduite sous l’influence de drogues
La législation sur la conduite sous l’influence de drogues présente des défis uniques, en particulier en ce qui concerne le cannabis. Contrairement à l’alcool, dont les effets sont plus facilement mesurables et s’estompent avec le temps, le cannabis peut rester détectable dans le corps pendant des périodes prolongées, même après que ses effets immédiats ont disparu. Les tests de salive, largement utilisés pour détecter la présence de drogues, posent des problèmes spécifiques avec le cannabis en raison de sa persistance dans le corps.
De nombreuses études ont montré qu’il est difficile d’établir une corrélation directe entre les niveaux de THC (le principe actif du cannabis) dans le corps et la capacité à conduire. Cela soulève des préoccupations quant à la validité des tests de dépistage du cannabis pour évaluer l’aptitude à conduire.
Vers des méthodes de détection plus justes et efficaces
Face à ces défis, il est impératif de développer des méthodes de détection plus justes et efficaces pour évaluer l’aptitude à conduire, en tenant compte des substances autres que l’alcool qui peuvent compromettre la sécurité routière. De nombreux pays ont adopté des tests comportementaux, qui consistent en une évaluation rapide des capacités cognitives et motrices du conducteur sur le terrain. Ces tests, effectués par des agents formés, sont plus cohérents et peuvent détecter l’altération de la capacité à conduire de manière plus précise que les tests de dépistage de drogues.
Les tests comportementaux offrent également l’avantage d’être adaptés à une variété de substances qui peuvent affecter la capacité à conduire, y compris les médicaments. En adoptant ces méthodes plus équitables et fiables, les autorités peuvent mieux protéger la sécurité routière tout en évitant les injustices causées par des mesures répressives inadaptées.
Conclusion
La sécurité routière ne devrait pas être un prétexte pour une politique de contrôle et de sanction des usagers de drogues qui ne mettent pas en danger la vie d’autrui. Il est impératif que les lois et les méthodes de contrôle adoptées soient justes, équitables et efficaces. En remplaçant les tests de dépistage de drogues par des tests comportementaux, les autorités peuvent mieux atteindre cet objectif tout en garantissant la sécurité de tous sur les routes.
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