Vendredi 28 mai 2021
Drogues-Toxicomanie
Le point de vue de Pierre Cordier*
Pour le député Les Républicains des Ardennes, il ne faut surtout pas légaliser le joint. Ce serait la meilleure façon de baisser les bras, explique-t-il, dénonçant la complaisance actuelle des pouvoirs publics et insistant sur la dangerosité de plus en plus démontrée du phénomène. Le cannabis étant par ailleurs, à ses yeux, la porte d’entrée vers des drogues dures.
Ces derniers jours, des députés de la majorité tentent de relancer le débat sur la consommation du cannabis. La rapporteure de la mission d’information consacrée à la réglementation et aux différents usages du cannabis Caroline Janvier a pris position en faveur d’une légalisation du cannabis. Le député François-Michel Lambert est allé jusqu’à sortir un « joint » dans l’hémicycle lors des Questions au Gouvernement, banalisant ainsi cette drogue qui détruit pourtant des vies et des familles. Ils viennent également de publier une tribune pour demander au président de la République un référendum…
Des crimes en lien avec le trafic et la consommation de drogues ont lieu chaque jour, comme l’assassinat sauvage d’Éric Masson, policier avignonnais, lors d’une opération antidrogue. Nos concitoyens ont été choqués par l’irresponsabilité pénale reconnue au meurtrier de Sarah Halimi, sous prétexte qu’il était dans un état de conscience altéré par la consommation de cannabis. Dans ce contexte, prôner la légalisation du cannabis est une provocation inacceptable !
Cela ne réglerait pas les problèmes liés au trafic, comme c’est le cas pour le tabac qui est toujours vendu moins cher dans les circuits parallèles de contrebande… Cela enverrait surtout un message catastrophique à la jeunesse en banalisant cette drogue qui est souvent un premier pas vers les drogues dures.
La majorité souffle le chaud et le froid pour ménager son électorat en faisant une fois de plus du « en même temps » ! Mais quelle est réellement la position d’« En Marche » ? Celle électoraliste et démagogique de Caroline Janvier et François-Michel Lambert ou celle du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a déclaré lors des Questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale que « la drogue, c’est de la merde qu’ils prennent dans leurs veines et qu’ils fument ! » ? Une clarification s’impose !
Près de 5 millions de Français se disent consommateurs réguliers de cannabis, et pourtant le Gouvernement ne fait rien… Alors que l’alcool et le vin font l’objet de politiques de prévention, sur les bouteilles, à la télévision et dans la presse, avec des contrôles routiers effectués par la Gendarmerie et la Police, la consommation de cannabis fait l’objet de complaisance des pouvoirs publics.
Perturbateur endocrinien
On en parle peu, mais les dangers ne sont pas seulement liés à l’altération du comportement induite par cette drogue. Le cannabis est également un perturbateur endocrinien, comme les phtalates, le Bisphénol A et les parabènes dont la présence dans les produits du quotidien suscite l’inquiétude de nos concitoyens.
Depuis que l’on a isolé le THC – principe actif du cannabis – les effets psychologiques et physiologiques de cette drogue ont été activement étudiés. Des études menées sur des animaux ont montré que le THC altère plusieurs systèmes hormonaux, y compris les stéroïdes gonadiques, l’hormone de croissance, la prolactine, les hormones thyroïdiennes et l’axe Hypothalamo hypophyso surrénalien (HHS). Ces effets sont produits par l’activation des récepteurs cannabinoïdes de type 1 et 2 qui sont distribués dans tout l’organisme : système nerveux central, rate, amygdales, foie, pancréas, cœur, surrénales, tissu adipeux, système reproducteur, pour les récepteurs CB1, cellules immunitaires, rate, amygdales et thymus pour les récepteurs CB2.
C’est pourquoi avec plusieurs de mes collègues du groupe Les Républicains et Apparentés, j’ai déposé une proposition de résolution le 15 mars 2018 rappelant que le cannabis est un perturbateur endocrinien et demandant des recherches approfondies sur ses effets à long terme.
L’heure n’est pas à la complaisance mais à la fermeté ! Depuis des mois, avec les députés Les Républicains et Apparentés, nous dénonçons l’affaiblissement de l’autorité de l’État. Il est urgent d’agir en durcissant les peines et en veillant surtout à ce qu’elles soient réellement et pleinement effectuées.
Source : Lequotidiendumedecin.fr