Il ne consomme plus depuis quatre ans et pourtant, Dominique Broc, jardinier indépendant installé à Esvres, milite toujours pour la consommation récréative et thérapeutique du cannabis.
© (Photo NR, Julien Pruvost)
Publié le 11 Septembre 2020 | Par Pascaline Mesnage
À Esvres, le militant Dominique Broc, membre du Collectif d’information et de recherche cannabique, estime que l’amende forfaitaire est vouée à l’échec.
« Le trafic aura toujours lieu mais va changer de main »
Ces groupes de « producteurs » existent-ils toujours ?
L’amende forfaitaire pour l’usage de stupéfiants vient d’être généralisée. On est loin de la légalisation ?
Quelle serait la solution, selon vous ?
Moi, je me bats pour ce droit essentiel qui est l’autoproduction. Parallèlement au marché noir, l’autoproduction a une place très importante en France. Preuve en est, entre juin et juillet, plus de 10.000 pieds ont été saisis chez des particuliers. C’est encore une grande hypocrisie : en France, on peut acheter des graines en toute légalité mais il est interdit de les faire germer !
Et à titre personnel, où en est votre consommation ?
(1) Les militants s’appuyaient sur un texte européen d’octobre 2004 qui punit la culture de cannabis sauf si « leurs auteurs s’y livrent exclusivement à des fins de consommation personnelle telle que définie par la législation nationale ».
« Il faudra une vraie mobilisation »
La mesure concernant la mise en place de cette amende forfaitaire délictuelle (AFD), il l’a fortement soutenue. En juin dernier, alors que l’expérimentation débutait dans la Marne, l’Ille-et-Vilaine et le Val-de-Marne, Grégoire Dulin, procureur de la République de Tours, indiquait qu’elle « améliorera la qualité de la réponse pénale ». Alors qu’elle vient d’être généralisée à toute la France et que les premières sanctions de ce type ont été délivrées par procès-verbal électronique (PVE) en Indre-et-Loire (1), il reste sur sa position.
Rappelons que cette disposition est issue d’une loi votée en 2018 et fait partie du plan antidrogue établi par le ministère de l’Intérieur. Jusqu’à celle-ci, on pouvait s’appuyer sur une loi de 1970 qui prévoit théoriquement de punir l’usage illicite de stupéfiants jusqu’à un an de prison et 3.750 euros d’amende, mais l’emprisonnement pour usage reste exceptionnel. Des mesures alternatives sont privilégiées.
L’idée ? Cibler le portefeuille des consommateurs de stupéfiants en leur infligeant, en cas de procédure à la suite d’un contrôle par exemple, une amende forfaitaire d’un montant de 200 € (minorée à 150 € si elle est payée rapidement ou majorée à 450 € si le délai s’allonge). Un outil qui devrait permettre aux forces de l’ordre et à la justice de se concentrer sur le démantèlement des trafics. « On a toujours besoin des usagers pour faire tomber un trafic », précisait encore le procureur.
« Là, on simplifie la procédure et on améliore la réponse. Pour les procédures pour usage, on prenait la marchandise et on la détruisait. Il y avait aussi parfois une composition pénale ou l’obligation de suivre un stage. Là, la sanction est immédiate. »
Trop tôt évidemment pour avoir du recul. « Je ne sais pas ce que ça va donner, mais il faudra une vraie mobilisation des forces de l’ordre, et ce, au détriment d’une autre thématique », craignait le procureur, joint mercredi. Au commissariat central de Tours, on indique que ces amendes, – l’une des premières amendes a été adressée à Saint-Pierre-des-Corps le 3 septembre – sont assénées lors « d’opérations de contrôle et/ou en flagrant délit ».
Rappelons que la France reste le premier consommateur européen de cannabis.
(1) A ce jour, ni le groupement de gendarmerie ni le commissariat ne nous ont transmis des chiffres. La verbalisation ne fait que commencer.