À Dinan, un homme de 56 ans, usé par des décennies d’addictions médicamenteuses et par une vie marquée par des douleurs chroniques, a été condamné pour avoir cultivé son propre cannabis. Il s’agissait non pas d’alimenter un réseau illicite, mais de réduire sa dépendance à la méthadone, un opioïde prescrit depuis vingt ans.
Ce fait-divers, relayé par la presse, illustre une vérité bien connue des acteurs de terrain et des usagers eux-mêmes : le cannabis, loin d’être une porte d’entrée vers les addictions, constitue souvent une issue de secours face aux impasses des traitements conventionnels.
L’histoire de cet homme à Dinan, condamné pour avoir cultivé son propre cannabis à des fins thérapeutiques, n’est pas un cas isolé. Elle résonne douloureusement avec celle de David, incarcéré à Fleury-Mérogis pour deux ans, pour un « crime » similaire : utiliser du cannabis pour soulager un glaucome sévère.
Un recours interdit, mais efficace
Des témoignages comme celui de cet homme, qui utilisent le cannabis pour stabiliser ou se libérer de substances comme la méthadone ou les benzodiazépines, sont fréquents. Ces effets thérapeutiques du cannabis dans le champ de l’addictologie sont aujourd’hui bien documentés et consensuels dans la littérature scientifique. Pourtant, en France, il reste interdit de promouvoir son usage sous cet angle, sous prétexte de précaution.
Ce silence imposé ne protège personne, si ce n’est les intérêts d’un système englué dans des conflits d’intérêts. Car soyons clairs : rien n’est à attendre des grandes fédérations ou institutions de Réduction des Risques (RdR), lorsqu’il s’agit de prendre position sur le cannabis.
La réalité des acteurs sur le terrain
Lorsqu’une enquête nationale sur le cannabis a été lancée, seuls quelques acteurs indépendants, comme PsychoActif ou le Bus 3132, ont relayé l’initiative. Les poids lourds de la RdR, à l’image d’Oppélia ou de la Fédération Addiction, ont choisi de rester à l’écart. Pourquoi ? Parce que dénoncer l’hypocrisie ambiante pourrait mettre en péril des financements vitaux pour leurs structures.
Lorsqu’on accepte des patients envoyés par les tribunaux, difficile de remettre en cause le cadre légal ou de plaider pour des solutions alternatives comme l’autoproduction. Ces institutions, au mieux, choisissent la prudence ; au pire, elles se rendent complices d’un statu quo délétère pour les usagers.
Des politiques répressives contre-productives
L’histoire de ces hommes est aussi le symptôme des « opérations place nette », ces coups de filet organisés pour faire du chiffre et flatter des annonces gouvernementales. En ciblant des individus comme eux, sans réseau, sans ressources et sans danger pour la société, la justice préfère s’attaquer aux maillons les plus faibles plutôt que de démanteler les vrais trafics.
Ces politiques répressives, pourtant dénoncées depuis des décennies, ne résolvent rien : elles criminalisent des patients, aggravent leur précarité et ferment la porte à des solutions basées sur la santé publique.
Le CIRC rappelle : l’autoproduction est un droit légitime
Cet homme de Dinan n’est pas un criminel. C’est un homme qui, faute de cadre légal, a choisi de prendre soin de lui-même en cultivant une plante qui lui permet de mieux vivre. En le condamnant, la société ajoute une peine supplémentaire à une vie déjà marquée par la souffrance et l’exclusion.
David et lui sont les victimes d’une hypocrisie institutionnalisée, où les intérêts économiques et politiques priment sur la santé publique et les droits humains. Le message est clair : si vous êtes malade et que vous trouvez du soulagement dans le cannabis, vous serez puni, même si vous ne causez aucun tort à autrui.
Le CIRC affirme que l’autoproduction, une pratique légitime inscrite dans la logique de la liberté individuelle et de la santé publique, doit être reconnue et protégée en tant que droit fondamental. Or, ce droit est aujourd’hui bafoué au profit d’intérêts politiques et économiques. En criminalisant ces usages, la France viole les droits essentiels de ses citoyens et perpétue des souffrances pourtant évitables.
La prohibition, dans sa dimension criminogène et hypocrite, est la véritable responsable de ces drames humains. Ce ne sont pas les usagers ou les malades qu’il faut condamner, mais bien un système qui les enferme dans un cycle de répression et de dépendance.
Nous ne pouvons pas rester silencieux face à ces injustices. La Marche Mondiale du Cannabis le 3 mai 2025, prévue à Paris, sera l’occasion de porter haut et fort ces revendications. Pour notre camarade David, pour cet homme de Dinan et pour tous ceux qui, dans l’ombre, subissent cette répression absurde et criminogène, mobilisons-nous !
Si cette histoire vous révolte, rejoignez-nous et ensemble, faisons entendre la voix de ceux qu’on refuse d’écouter !
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