Les consommateurs de cannabis peuvent nécessiter plus d’anesthésie : Un effet secondaire méconnu
Les procédures médicales et chirurgicales sont des moments où la précision de l’anesthésie est cruciale pour le confort et la sécurité des patients. Cependant, une découverte récente a mis en lumière un aspect peu connu de cette pratique : les consommateurs réguliers de cannabis peuvent nécessiter davantage d’anesthésie pour rester sous sédation que les non-utilisateurs. Cette observation, rapportée par le Wall Street Journal, soulève des questions importantes sur la prise en charge médicale des patients et la nécessité de divulguer la consommation de cannabis aux professionnels de la santé.
La nécessité de divulguer la consommation de cannabis avant les procédures médicales
Staci Gruber, directrice du programme Marijuana Investigations for Neuroscientific Discovery (MIND) à l’hôpital McLean de Belmont, Massachusetts, met en garde contre le manque de divulgation de la consommation de cannabis aux anesthésiologistes avant les interventions chirurgicales ou les procédures médicales. Elle souligne l’importance cruciale de cette information pour assurer une administration d’anesthésie appropriée.
Une pratique encore peu répandue
Bien que les hôpitaux posent souvent des questions sur la consommation d’alcool, l’usage de cannabis est souvent omis. Une enquête fédérale menée en 2021 a révélé que près de 19% des personnes âgées de 12 ans ou plus avaient consommé du cannabis au cours de l’année précédente, ce qui souligne l’importance de cette omission.
Des besoins en anesthésie accrus chez les consommateurs réguliers
Les observations cliniques indiquent que les consommateurs réguliers de cannabis peuvent nécessiter des quantités plus importantes d’anesthésie pour rester sous sédation. Julius Hyatt, chirurgien orthodontique au Maryland Center for Oral Surgery and Dental Implants, a constaté que certains de ses patients consommateurs de cannabis avaient besoin de deux à trois fois la quantité normale de Propofol pour atteindre un état d’anesthésie adéquat.
Les recommandations émergentes des sociétés médicales
En réponse à cette préoccupation, l’American Society of Regional Anesthesia and Pain Medicine a publié des lignes directrices recommandant le dépistage systématique de la consommation de cannabis chez tous les patients subissant une anesthésie. Ces lignes directrices soulignent l’importance de poser des questions spécifiques sur la fréquence et la méthode de consommation.
Des connaissances encore limitées
Bien que des observations cliniques suggèrent un lien entre la consommation de cannabis et les besoins accrus en anesthésie, la compréhension précise de cet effet reste limitée. Des études comme celle publiée dans PLOS ONE en 2021 montrent une corrélation entre la consommation de cannabis et la dose accrue de Propofol nécessaire, mais la mécanique exacte de cet effet nécessite encore des recherches approfondies.
Impact sur la gestion de la douleur postopératoire
Outre son impact sur l’anesthésie, la consommation de cannabis peut également influencer la gestion de la douleur postopératoire. Les consommateurs de cannabis ont été associés à des scores de douleur plus élevés et à une consommation accrue d’opioïdes après une intervention chirurgicale, selon une étude de 2018.
La nécessité d’une communication ouverte entre les patients et les professionnels de la santé
Face à ces découvertes, les professionnels de la santé insistent sur l’importance d’une communication ouverte entre les patients et les équipes médicales. David Dickerson, président du comité de médecine de la douleur de l’American Society of Anesthesiologists, souligne l’importance de poser des questions sur la consommation de cannabis lors de l’évaluation préopératoire.
Conclusion
La découverte selon laquelle les consommateurs réguliers de cannabis peuvent nécessiter davantage d’anesthésie pour rester sous sédation soulève des questions cruciales pour la pratique médicale. Une divulgation ouverte et honnête de la consommation de cannabis est essentielle pour garantir une administration sûre et efficace de l’anesthésie, ainsi qu’une gestion adéquate de la douleur postopératoire. Alors que les recherches se poursuivent pour mieux comprendre cet effet, il est impératif que les professionnels de la santé intègrent la consommation de cannabis dans leur évaluation préopératoire pour assurer des soins optimaux à leurs patients.
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