Depuis des décennies, la prohibition du cannabis en France est présentée comme une solution pour protéger la société des dérives supposées de sa consommation et de son commerce. Pourtant, ce modèle répressif s’avère non seulement inefficace, mais aussi profondément nuisible. Tandis que les réseaux criminels prospèrent et que la qualité des produits échappe à tout contrôle, la répression sacrifie des ressources publiques immenses et échoue à atteindre ses objectifs. En réponse, le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique) défend une légalisation pragmatique, intégrant le droit à l’autoproduction comme une voie essentielle pour garantir les libertés individuelles, protéger la santé publique, préserver l’environnement et assécher les revenus des mafias trafiquantes. Face à l’échec cuisant de la prohibition, il est temps de considérer sérieusement cette alternative.
Un bilan désastreux : les ravages de la prohibition
La prohibition n’a pas réussi à réduire la consommation de cannabis en France. Au contraire, notre pays demeure parmi les plus grands consommateurs de cannabis en Europe, malgré une politique parmi les plus répressives. Cette situation, paradoxale, illustre à quel point la prohibition est déconnectée de la réalité : loin de décourager l’usage, elle l’entoure d’une aura de danger et de clandestinité qui favorise les réseaux criminels et attire de nouveaux consommateurs.
Les chiffres de la délinquance liés au trafic de cannabis explosent. Alors que les forces de l’ordre s’épuisent dans une lutte sans fin contre les petits consommateurs et les trafiquants, les réseaux mafieux, eux, s’adaptent et prospèrent, capitalisant sur l’immense demande. Les violences entre trafiquants augmentent, les armes circulent et les quartiers les plus défavorisés paient un lourd tribut. En criminalisant le consommateur, la France a créé une véritable économie souterraine grâce à laquelle les mafias prospèrent, tandis que la violence augmente dans les zones sensibles.
L’illusion de la culpabilité des consommateurs : une tactique politique dangereuse
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, suit la lignée de ses prédécesseurs en essayant de détourner les regards des véritables responsables. Pour lui, comme pour d’autres, la violence des narcotrafiquants serait la faute des consommateurs eux-mêmes. Cette idée, largement relayée dans les médias, repose sur l’argument fallacieux que « sans demande, il n’y aurait pas d’offre. » En d’autres termes, ils accusent les consommateurs d’être les complices du trafic. Mais ces politiciens ignorent-ils, ou feignent-ils d’ignorer, que l’usage de substances psychotropes remonte aux débuts de l’humanité ? Ou bien que c’est la loi de prohibition qui donne l’exclusivité de la vente de cannabis (et de ses bénéfices) au marché noir ? Ce n’est pas la demande qui engendre les trafics violents, mais la prohibition elle-même.
Depuis plus de trente ans, le CIRC dénonce cette situation : la prohibition génère les trafics et la violence qui l’accompagnent. Aujourd’hui, nos prédictions se réalisent, ce sont bien le marché noir et ses énormes profits, et non pas les consommateurs, qui favorisent ce climat de violence. Les vrais responsables sont donc ces dirigeants et leurs relais médiatiques qui perpétuent la répression en niant les évidences. Accuser les consommateurs est une stratégie de diversion : c’est contre ceux qui défendent ces politiques répressives qu’il faudrait porter plainte, car en continuant de soutenir la prohibition, ce sont eux qui renforcent les réseaux criminels et le climat de violence.
La légalisation : une réponse pragmatique pour l’écologie et la sécurité publique
La légalisation du cannabis pourrait transformer radicalement cette situation, en offrant une alternative légale, contrôlée et responsable à la production et la distribution clandestines du cannabis. En intégrant des normes de culture respectueuses de l’environnement, la France pourrait adopter des pratiques durables et encadrées, évitant les dégâts écologiques causés par les plantations illégales qui consomment des pesticides toxiques et assèchent les sols.
Sur le plan de la sécurité publique, la légalisation permettrait de contrôler la chaîne d’approvisionnement, de limiter l’accès aux mineurs et de détruire la rentabilité des réseaux criminels. Autoriser les Cannabis Social Club et les Cannabistrots permettrait de contrôler à la fois la production et la distribution (âge, qualité, prévention). En réglementant le marché, la France pourrait enfin répondre à la demande tout en garantissant la qualité des produits et en en écartant les mineurs. Cette approche pragmatique priverait les trafiquants d’un marché qui, à lui seul, génère des milliards d’euros chaque année et stimule le trafic d’armes et les rivalités entre bandes. Cette manne financière pourrait alors profiter à l’État pour financer des programmes de santé publique, des initiatives écologiques ou encore des campagnes de prévention ciblées.
La protection de la santé publique et la réduction des risques
Sous le régime de prohibition, les usagers de cannabis achètent des produits dont ils ignorent la composition et la concentration. Loin de les protéger, cette absence de contrôle les expose à des risques accrus, avec des substances qui peuvent contenir des contaminants dangereux ou des niveaux de THC excessifs.
Une politique de légalisation permettrait d’imposer des normes de qualité strictes, garantissant la pureté des produits et leur sécurité sanitaire. Dans un marché réglementé il serait également possible de proposer des produits moins concentrés en THC ou enrichis en CBD, réduisant les risques pour les consommateurs. Par ailleurs, une campagne de réduction des risques (RdR) pourrait accompagner cette réforme, sensibilisant les usagers à des pratiques de consommation responsables et sans risque pour leur santé.
Avec la légalisation, les consommateurs auraient enfin accès à des informations fiables, à des conseils médicaux, et à des produits testés, réduisant ainsi considérablement les risques sanitaires et les effets secondaires indésirables.
L’autoproduction : un droit fondamental pour une consommation responsable
Le CIRC milite pour le droit inconditionnel à l’autoproduction, une dimension essentielle de la réforme. Permettre aux individus de cultiver leur propre cannabis leur offrirait une alternative personnelle et éthique, réduisant leur dépendance aux réseaux criminels et assurant une certaine indépendance vis-à-vis des circuits commerciaux. Pour beaucoup, l’autoproduction constitue une démarche responsable, permettant de contrôler la qualité de leurs produits et de consommer en toute transparence.
L’autoproduction est également un enjeu de liberté individuelle, que le CIRC défend au nom des droits fondamentaux. Dans une société démocratique, chacun devrait pouvoir cultiver, pour son usage personnel, une plante qui, par ailleurs, possède des vertus thérapeutiques et médicinales reconnues. Cette autonomie offrirait une solution pragmatique, permettant aux consommateurs d’échapper à l’illégalité sans dépendre d’un quelconque monopole.
Une alternative économique et sociale bénéfique pour tous
Le coût de la prohibition pour les finances publiques est colossal. Les ressources policières, judiciaires et pénitentiaires mobilisées dans cette lutte sans fin grèvent le budget de l’État, alors même que les résultats sont absents. En légalisant le cannabis, la France pourrait alléger cette pression sur les services publics, tout en générant des recettes fiscales significatives qui pourraient financer des programmes de prévention, de recherche et de soin pour les usagers.
De plus, le secteur du cannabis pourrait créer des emplois, notamment dans les zones rurales en difficulté, et offrir un nouvel essor économique pour les agriculteurs et les professionnels de la santé. Cette dynamique permettrait de redonner vie à des territoires marginalisés, tout en favorisant une économie plus verte et diversifiée.
Sortir de l’impasse : vers une politique pragmatique et humaniste
L’échec de la prohibition est patent. En s’obstinant dans cette voie, la France ne fait que s’enliser dans une politique coûteuse, inefficace et néfaste pour ses citoyens. Le CIRC milite pour une légalisation pragmatique, intégrant le droit inconditionnel à l’autoproduction comme un pilier de la liberté individuelle et de la réduction des risques.
La légalisation est la seule réponse réaliste, permettant de garantir la qualité des produits, de lutter efficacement contre le narcotrafic, de protéger la santé publique et de soutenir une approche écologique. Il est temps d’abandonner la prohibition et de bâtir un modèle fondé sur la transparence, la responsabilité et la liberté. Le CIRC appelle la France à sortir de l’impasse répressive et à ouvrir la voie à un avenir plus sûr, plus juste et plus respectueux des droits fondamentaux de chacun et chacune.
Lire aussi :
Légalisation du cannabis en France : il est temps de tourner la page de la prohibition !
Prohibition des drogues : l’isolement et l’aveuglement de la France
Drogues à Marseille : la prohibition tue
Ailleurs sur le net : Mais où en est-on de la légalisation du cannabis en France ?