Ce 2 décembre, une marche pour la légalisation du cannabis médicinal a été plus que fructueuse. En effet, l’ONU a enfin retiré la drogue de la liste des substances les plus dangereuses, et a reconnu ses vertus médicinales. Cette plante aux multiples effets se détache de son image de « shit » pour devenir le médicament miracle de demain. Cependant, nombreuses sont les personnes remettant en question les vertus thérapeutiques de la plante. En Europe, le « shit » a-t-il redoré son blason ?
Si aux Pays-Bas il est possible de consommer space-cake, joints et autres spécialités dans des coffee-shop, la France, elle, pose un omerta sur le cannabis. Le consensus n’est effectivement pas présent au sein de la communauté européenne. Alors victime de sa mauvaise réputation, la plante peine à s’imposer comme solution médicale. Néanmoins ses nombreuses vertus ont été maintes fois démontrées et ne sont plus à prouver. En effet, le cannabis médicinal diffère de celui consommé à des fins récréatives. Mais peu d’explications sont faites sur le sujet et ces préjugés freinent la guérison de milliers de malades.
Prenons-en de la bonne graine
Le cannabis fait partie de la famille du chanvre, plante originaire d’Asie [5]. Il existe différents types de chanvre classés selon leur taux de THC. Effectivement, cette substance chimique psychoactive altère notre perception du monde en cas de fort dosage et nous fait « planer ». En cas de faible dosage, le chanvre possède des fibres de bonne qualité, utilisées en cosmétique, en couture et dans l’alimentation.
Le chanvre se cultive au printemps dans un climat doux supérieur à 20°C. Une fois récoltées, les fibres peuvent être utilisées pour fabriquer des sacs très solides. Les graines, elles, ont des propriétés protéiniques, leur apport en vitamine E et en calcium, potassium et magnésium. Néanmoins, ici nous ne parlons que des graines de chanvre, et pas de la fameuse marijuana, porteuse de débats.
Qu’est-ce-que le cannabis ?
Le cannabis récréatif a un taux de THC situé entre 25% et 30%, ce qui est très fort. Cette concentration entraîne des hallucinations liées à la consommation de la plante. En effet, le THC est une substance chimique s’accrochant à des récepteurs présents dans notre cerveau. Ces derniers sécrètent de la dopamine, hormone du plaisir, qui entraîne hallucinations et extase. Les contrôles sont réguliers dans les plantations de cannabis afin d’avoir un taux de THC stable et correct.
Dans le cannabis médicinal, le taux de THC est réduit au profit de celui de cannabinol. Ces deux substances sont liées par un rapport de proportionnalité: plus il y a de cannabinol moins il y a de THC. Cette molécule fonctionne comme le THC et permet d’améliorer le fonctionnement de notre système immunitaire. Néanmoins, elle n’inhibe par le cerveau, et permet donc de ne pas avoir d’hallucinations. Plus surprenant encore, elle régule la température de notre corps et favorise la qualité de notre sommeil. Le cannabis médicinal est efficace pour réduire les effets indésirables liés à la chimiothérapie, et soulage les personnes atteintes de cancer. De plus, la plante est efficace sur l’épilepsie, la maladie de Parkinson et les douleurs chroniques ne pouvant être guéries conventionnellement. Elle peut donc aider des millions de personnes souffrant chaque jour dans le monde.
Le cannabis dans le monde
Mondialement, le cannabis divise. Si certains considèrent encore le cannabis comme une substance dangereuse, d’autres Etats y voient une solution miracle à exploiter. L’ONU a pris conscience du potentiel de la plante en approuvant son usage médicinal. Néanmoins, en Europe quelques pays sont retissant, et ne légalisent pas encore son usage.
Ce 2 décembre, l’ONU a ôté le cannabis du tableau IV de la convention unique sur les stupéfiants de 1961. Sur ce tableau figurent les droguent les plus dangereuses et addictives au monde parmi lesquelles l’héroïne. L’organisation prévoyait ce vote depuis 2019 à Vienne. Les vainqueurs se sont offerts une petite victoire : 27 voix contre 25 avec une abstention. La Russie cherchait à faire bloc face à cette avancée. Au pays de Poutine, posséder du cannabis médicinal est par ailleurs condamné. Le pays est l’un des plus stricts quant à la réglementation des drogues. Néanmoins, le cannabis restera inscrit au tableau I et sera donc soumis à de fréquents contrôles. L’OMS avait recommandé une réévaluation du cannabis dès 2018 face aux multiples recherches scientifiques montrant les vertus de la plante.
La plupart des pays ayant refusé l’usage de la plante se trouvent en Asie et Afrique, et sont des pays en cours de développement. Ce résultat est étonnant car le cannabis serait source d’un nouvel essor économique pour le continent africain. Son climat est idéal pour la plante, c’est pourquoi 9 États africains légaliseront la plante d’ici 2023. Le cannabis pourra générer environ 800 millions de dollars sur le continent Africain. Il semblerait alors que la plante soit déjà plus acceptée dans les mœurs occidentales.
Des effets miracles et une réglementation
Le cannabis brille par l’absence de ses effets indésirables. En effet, si beaucoup de médicaments prescrits pour de lourdes pathologies sont accompagnés de symptômes liés à leur prise, le cannabis, lui, ne fait que soulager. Ainsi, les nausées, douleurs et autres désagréments liés aux substances chimiques n’existent pas chez la plante miraculeuse.
Cependant, l’Organisation des Nations Unies ne demande pas de légaliser la plante. Des scientifiques contrôleront fréquemment le taux de THC, et le patient utilisera seulement du cannabis thérapeutique. Cette “recommandation” n’est en rien une obligation pour les Etats d’utiliser la plante, et n’aura pas d’effet immédiats. Ce seront donc les pays qui choisiront si oui ou non ils utiliseront la plante à des fins médicales.
En réalité, le vote de l’ONU peut être comme une semi-victoire ou une semi défaite car seuls les États pourront décider seul de légaliser ou non le cannabis thérapeutique. L’OMS leur a suggéré d’étudier le sujet, mais la décision leur revient.
L’information et la prévention
Par ailleurs, le sujet s’alimente chaque année avec l’organisation de Colloque sur l’utilisation des cannabinoïdes. Celui-ci s’est dernièrement déroulé à Strasbourg, alors même que la France est encore loin de la légalisation thérapeutique de la plante. Durant ce colloque, des médecins du monde entier viennent éclaircir les doutes, et chasser les préjugés entourant le cannabis.
Lors de ce colloque, les différentes formes de traitements à base de cannabis sont évoqués. Certains utilisent les fleurs comme le bedrocam, d’autres proposent des solutions liquides comme l’epidiolex et d’autres des gélules comme le dronabiniol. L’epidiolex se compose de 98% de CBD alors que le Bedrocam lui utilise moins d’un pourcent de la molécule. Chaque patient aura donc un traitement sur mesure en fonction de ses besoins.
Les pour
Aujourd’hui le cannabis médicinal est autorisé dans 50 pays comme le Canada, le Mexique ou encore le Luxembourg. Aux Pays Bas, il s’utilise depuis 2003. Le cannabis récréatif est lui décriminalisé et a permis l’essor d’un tourisme cannabique améliorant les finances de l’État. Néanmoins, il est interdit de se promener dans le pays avec plus de 5 grammes de cannabis récréatif sous peine d’amende. Par ailleurs, le gouvernement lancera en 2021 sa production de cannabis. Celui-ci sera de bonne qualité pour le consommateur.
Dans la même veine, l’Espagne autorise le cannabis dans un cadre privé. De plus, le climat du pays en fait le producteur principal européen. Les coûts de la drogue espagnols sont moindres que dans le reste du vieux continent. On peut se procurer du cannabis pour 5 fois moins cher que dans les pays nordiques. Cela fait du pays l’un des principaux acteurs du commerce de marijuana.
Les contre
La France a publié un amendement en 2019 afin d’évaluer les vertus thérapeutiques du cannabis. Entre 2020 et 2022, près de 3000 volontaires essaieront des traitements à base de la plante afin de tester son efficacité sur la chimiothérapie, les douleurs neuropathiques, et certaines formes d’épilepsies. En cas de succès, il se pourrait alors que la plante face son entrée dans nos officines
D’autres pays sont contre dans l’Union Européenne. En réalité, la majorité des États membres n’autorisent pas la possession de cannabis. La marche semble donc longue vers une légalisation totale de la plante à des fins thérapeutiques. De plus, dans les pays punissant peu la détention, elle demeure contrôlée. Par exemple en Italie, toute possession au delà de 5 grammes entraîne une punition pénale.
Ainsi, entre préjugés et adulation, la drogue commence à jouir d’une image positive grâce à ses vertus thérapeutiques. Sous peu, ce seront des millions de personnes qui pourront voir leur vie changer grâce à la plante miracle. Néanmoins, la prévention reste nécessaire afin que les plus jeunes ne se lancent pas dans la consommation d’une plante récréative de mauvaise qualité, destructrice du cerveau. Car si le cannabis soigne, il reste néanmoins dans certains cas un poison.
Source : Lejournalinternational.info