Le Maroc, longtemps réputé pour sa culture de cannabis clandestine, a récemment franchi une étape historique en célébrant sa première récolte légale de cannabis. Cette récolte, réalisée en 2023, a marqué un tournant dans l’approche du pays envers cette plante controversée. Cet article examine en détail cette avancée significative, son contexte et ses implications pour l’avenir.
La première récolte légale de cannabis au Maroc
En 2023, le Maroc a enregistré une récolte légale de 294 tonnes métriques de cannabis. Cet exploit a été rendu possible après que le pays ait approuvé la culture et l’exportation de cannabis à des fins médicales et industrielles. Cette décision historique a été prise par le régulateur du cannabis, marquant ainsi une évolution majeure dans la politique marocaine en matière de drogues.
La récolte a été réalisée par 32 coopératives, regroupant au total 430 agriculteurs, couvrant 277 hectares dans les zones montagneuses du Rif septentrional, notamment à Al Houceima, Taounat et Chefchaouen. Cette région est depuis longtemps réputée pour être le cœur de la production de cannabis au Maroc.
Contexte et importance économique
Le cannabis joue un rôle crucial dans l’économie de nombreuses régions du nord du Maroc, où près d’un million de personnes dépendent de cette culture pour leur subsistance. Pendant des décennies, le cannabis a été l’activité économique principale de ces régions, malgré sa statut illégale.
Avant la légalisation, le Maroc était déjà l’un des plus grands producteurs mondiaux de cannabis. Cependant, cette production était principalement destinée au marché noir, où elle était exploitée par des trafiquants de drogue. La légalisation visait donc à réguler cette industrie, à améliorer les conditions de travail des agriculteurs et à réduire l’influence des réseaux criminels.
Transition vers une culture légale
La transition vers une culture légale de cannabis est un processus complexe qui nécessite une planification minutieuse et une réglementation stricte. Actuellement, l’Agence nationale de réglementation du cannabis (ANRAC) supervise ce processus au Maroc. Cette agence est chargée d’examiner les demandes des agriculteurs et de superviser les opérations liées à la culture, à la transformation et à l’exportation du cannabis.
En 2024, l’ANRAC a reçu des demandes de 1 500 agriculteurs organisés en 130 coopératives. Ces agriculteurs sont désormais autorisés à cultiver la variété locale de cannabis résistante à la sécheresse, connue sous le nom de Beldia. Cette étape marque un progrès significatif vers la légalisation complète de la culture du cannabis au Maroc.
Implications pour l’avenir
La légalisation de la culture du cannabis ouvre de nouvelles perspectives pour l’économie marocaine. En plus d’améliorer les revenus des agriculteurs et de réduire la criminalité liée au trafic de drogue, le Maroc cherche également à capitaliser sur le marché mondial en expansion du cannabis légal.
À ce jour, deux unités légales de transformation du cannabis sont opérationnelles, tandis que deux autres sont en attente de matériel. De plus, l’ANRAC travaille sur l’autorisation de 15 produits à base de cannabis à des fins médicinales. En outre, le Maroc a déjà accordé 54 permis d’exportation de cannabis l’année précédente, soulignant ainsi son engagement envers l’expansion de ce secteur prometteur.
En conclusion, la première récolte légale de cannabis au Maroc marque un tournant historique dans la politique du pays en matière de drogues. Cette décision est non seulement importante sur le plan économique, mais elle représente également une avancée vers une approche plus progressive et réglementée de la culture du cannabis. Alors que le Maroc cherche à capitaliser sur cette nouvelle industrie légale, il reste à voir comment cette transition influencera l’avenir de la nation et son rôle sur la scène mondiale du cannabis.
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