Un père de famille a installé une petite tente noire dans sa chambre sous laquelle il cultive du cannabis. « C’est pour ma consommation personnelle. Donc en tout, au total, j’ai neuf plants », montre-t-il, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Ils donneront bientôt un kilo de marijuana. Une quantité conséquente. Pour soigner sa récolte, ce maçon de profession ne laisse rien au hasard. « Ce gros truc blanc à gauche avec des sangles, c’est un filtre à charbon », explique-t-il. « Les ventilateurs, pour brasser l’air. La lampe, qui est aussi indispensable forcément pour faire pousser ».
Plus de 1000 euros de matériel et une culture illégale pour laquelle ce particulier risque jusqu’à 20 ans de prison. Malgré le risque, l’homme a accepté de nous rencontrer, mais loin de chez lui. Fumeur de longue date, il cultive son propre cannabis depuis trois ans. Un choix économique. « Si je devais l’acheter à un dealer, ça me coûterait entre dix et quinze euros le gramme. Et là, ça me coûte deux euros le gramme, peut-être même pas », affirme-t-il. À 35 ans, ce père de famille dit aussi vouloir ne plus dépendre des trafiquants. « Sortir dehors à pas d’heure, déjà envoyer un message, devoir avoir la personne, ce sont des choses qui prennent la tête », poursuit-il, assurant ne pas vendre sa production.
Des milliers de cultivateurs amateurs
Comme lui, ils sont des milliers à faire pousser leur propre cannabis. Sur Internet, certains n’hésitent pas à partager des vidéos de leurs cultures. Des petits producteurs qui sont de plus en plus nombreux à vendre une partie de leur récolte. C’est auprès d’eux que se fournit Dana qui dit avoir l’embarras du choix. À l’entendre, ils sont plus d’une dizaine dans un rayon de 30 kilomètres autour de chez elle : des maraîchers, des pépiniéristes, des chômeurs qui arrondissent leurs fins de mois en vendant dans leur entourage. « Moi, la personne à qui j’achète, on est peu de gens à la connaître. On est son cercle d’amis, plus ou moins proches. Et donc je sais très bien qu’il ne va pas chercher à m’avoir », affirme Dana. Selon ses calculs, ses fournisseurs gagnent en moyenne entre 200 et 500 euros par mois.
Des nouveaux trafiquants qui sont désormais dans le viseur des gendarmes et des policiers qui alertent : en se lançant dans le trafic de drogue, ces particuliers mettent leur vie en danger. « Le risque effectivement, c’est que comme on rentre en concurrence avec des organisations criminelles, elles ne vont pas accepter cela, elles ne vont pas accepter que vous vendiez. On a constaté des faits de séquestration, des faits de violence, des gens qui ont été forcés de dealer pour d’autres personnes », explique Christian de Rocquigny, directeur adjoint de l’office anti-stupéfiants (Ofast). En 2021, plus de 3000 sites de culture de cannabis ont été démantelés et 100.000 pieds de cannabis ont été saisis.