Depuis des décennies, la France s’enlise dans une politique prohibitionniste inefficace qui alimente la criminalité et met en danger les consommateurs. Pendant que le gouvernement et des figures comme Bruno Retailleau agitent le spectre du « narcotrafic » pour justifier toujours plus de répression, les chiffres sont sans appel : près de la moitié des Français ont déjà consommé du cannabis, les trafiquants prospèrent, et l’insécurité s’accentue dans les quartiers les plus exposés.
La prohibition : un terreau fertile pour le crime organisé
La prohibition du cannabis est la principale cause du marché noir qui enrichit les réseaux criminels. En interdisant une substance largement consommée, l’État abandonne son rôle de régulateur au profit des mafias. Ce sont elles qui contrôlent la production, la distribution et fixent les prix, au même titre que pour les autres substances illicites. Cette situation génère des milliards d’euros de profits pour les organisations criminelles, tout en exposant la population à une violence accrue.
L’opération « place nette » et autres coups de communication du gouvernement ne résoudront rien. L’histoire l’a démontré : la guerre contre la drogue est un échec. Les États-Unis, qui ont mené cette guerre de façon féroce, connaissent aujourd’hui un retournement de situation avec la légalisation du cannabis dans de nombreux États. De même, plusieurs pays européens amorcent une réforme pragmatique, tandis que la France s’obstine dans une voie répressive qui ne produit que désastres.
Le leurre du tout-répressif : une politique contre-productive
Le projet de loi du gouvernement contre le « narcotrafic » traduit une vision biaisée de la réalité. Assimiler le trafic de stupéfiants à une entité unique revient à ignorer la complexité des réseaux criminels, qui diversifient déjà leurs activités bien au-delà du cannabis. Ce dernier constitue souvent un produit d’appel pour d’autres trafics. Légaliser et réguler sa production permettrait donc de leur couper une source majeure de financement et d’affaiblir leur influence vers d’autres marchés qu’ils exploitent de toute façon déjà.
Par ailleurs, alors que le gouvernement prétend faire de la sécurité une priorité, le budget 2025 prévoit la suppression de 5 000 postes d’officiers de police judiciaire. Comment lutter efficacement contre la criminalité organisée en démantelant les forces spécialisées chargées de cette mission ? Les opérations coups de poing et les rafles policières ne sont que du théâtre médiatique, dépourvu d’effet durable sur les réseaux.
Une alternative pragmatique : dépénaliser et réguler
Face à cette impasse, une approche pragmatique s’impose :
- Légalisation du cannabis : elle permettrait de tarir la principale source de revenus du crime organisé tout en offrant un cadre de production sécurisé et réglementé. L’autoproduction, la création de Cannabis Social Clubs (CSC) et l’instauration de cannabistrots garantiraient un accès sûr et transparent aux consommateurs.
- Dépénalisation de l’usage de toutes les drogues : plutôt que de criminaliser les consommateurs, il est temps d’adopter une politique de réduction des risques, axée sur la prévention et l’éducation, en accord avec les récentes recommandations de l’OICS et de l’Union Européenne, qui reconnaissent la nécessité de considérer la consommation de substances sous l’angle des droits humains et de la liberté individuelle.
- Renforcement de la lutte contre le trafic d’armes : la prolifération des armes illégales en France constitue un véritable enjeu de sécurité publique. Légaliser le cannabis permettrait de priver les réseaux criminels de moyens financiers qu’ils investissent dans les armes et de donner à l’État des ressources économiques et du temps supplémentaire pour lutter efficacement contre ce trafic.
- Réforme de la justice et des forces de l’ordre : au lieu de gâcher des ressources dans une répression inefficace, il est essentiel de renforcer les moyens de la police judiciaire et de rétablir une police de proximité.
- Prévention et éducation : investir dans des politiques de prévention, de soutien aux jeunes en situation de décrochage, et dans les services sociaux est une stratégie bien plus efficace que les sanctions aveugles. De plus, la légalisation du cannabis permettrait de générer des recettes fiscales significatives qui pourraient être réinvesties dans la prévention et la lutte contre les addictions.
- Assurer un contrôle qualité et sanitaire des produits : pour éviter la consommation de substances dangereuses coupées avec des produits toxiques.
Le plan LFI contre la criminalité organisée : légalisation du cannabis, régulation encadrée et renforcement des moyens de prévention
Le plan de LFI contre la criminalité organisée repose sur trois axes : « désarmer, renforcer, prévenir », en opposition à la politique ultra-répressive inefficace prônée par Retailleau et le gouvernement.
- Désarmer signifie légaliser le cannabis sous contrôle public afin de priver les trafiquants de cette source de revenus et enrayer le trafic d’armes, notamment via un renforcement des contrôles douaniers.
- Renforcer implique de redonner des moyens à la police judiciaire, en restaurant les concours d’officiers et en protégeant les 5 000 postes menacés par le budget 2025, ainsi que de rétablir la police de proximité et de désengorger la justice.
- Enfin, prévenir passe par une approche sanitaire de la consommation de drogues, l’augmentation des ressources pour l’insertion professionnelle des jeunes, la suppression des amendes forfaitaires délictuelles pour usage de stupéfiants, et une lutte accrue contre la corruption et l’exploitation des mineurs dans les trafics.
LFI critique ainsi le coup de communication permanent du gouvernement et défend une alternative fondée sur des mesures structurelles et pragmatiques. Lire l’intégralité du plan LFI.
Pour une réforme courageuse et efficace
L’échec de la prohibition est évident. La persistance du tout-répressif, dicté par une posture idéologique plutôt qu’une analyse rationnelle, condamne la France à rester engluée dans les problèmes qu’elle prétend résoudre. Légaliser le cannabis, ce n’est pas encourager son usage, mais en reprendre le contrôle, protéger les citoyens et priver les criminels de leurs sources de revenus.
Il est temps de changer de cap. Le CIRC appelle à une réforme pragmatique et éclairée, fondée sur les faits et les expériences internationales, pour en finir avec une prohibition qui alimente la criminalité et pénalise inutilement des millions de citoyens.
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