Publié le 26 Août 2020 | Par Isabelle Blin
Associer les mots « cannabis » et « enfants » a de quoi surprendre ! Et pourtant, cette plante pourrait prochainement soulager des centaines d’enfants, atteints de troubles sévères. Explications.
Tout le monde a entendu parler du cannabis récréatif, peu de personnes savent en revanche que le chanvre est une plante aux vertus médicinales. Les fleurs de cannabis sativa renferment en effet deux molécules intéressantes pour la santé : le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), antalgique et antinauséeux, et le CBD (cannabidiol), relaxant. Selon la variété de la plante, ces deux molécules sont présentes en quantité plus ou moins importante, donc leur action diffère.
Cannabis médical, quelle est la situation en France ?
Trois médicaments à base de cannabis ont déjà une autorisation de mise sur le marché (AMM). Le seul destiné aux enfants est l’Epidyolex®, un extrait végétal concentré de CBD pur, indiqué pour diminuer le nombre et l’intensité des crises dans deux formes sévères d’épilepsie, à partir de l’âge de 2 ans. « Toutes les études réalisées dans le cadre du développement de ce médicament ont démontré une diminution significative du nombre de crises », souligne Pascal Douek, médecin et patient expert du Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) sur le cannabis thérapeutique. En dehors de ces médicaments, le cannabis médical qui utilise l’ensemble des actifs de la plante (près de 500) pourra bientôt être prescrit dans des indications précises, avec l’espoir d’une meilleure efficacité.
Bientôt une expérimentation
Plusieurs pays comme le Canada, l‘Angleterre, les Pays-Bas, l’Allemagne ou certains états américains autorisent déjà le cannabis médical dans le traitement de diverses pathologies. La France est donc en retard mais dès janvier prochain, une expérimentation débutera auprès de 3 000 personnes souffrant de troubles précis. Toutes se verront proposer un traitement à base de cannabis (sous forme de fleurs séchées, d’huile ou de capsules) par des médecins volontaires et formés à cette prescription. « Des enfants pourront y être intégrés, si leur médecin estime que le bénéfice sera supérieur aux effets indésirables », précise le Dr Douek. Chez les enfants, le cannabis médical pourra ainsi être prescrit pour soulager les effets secondaires importants d’une chimiothérapie (nausées, vomissements, perte d’appétit) et pour réduire le nombre de crises (sortes de court-circuit cérébral) dans certaines formes sévères d’épilepsie actuellement résistantes à tout traitement médicamenteux.
Des résultats prometteurs aux USA
« Le syndrome de Dravet qui se manifeste en général avant l’âge de 12 mois et le syndrome de Lennox-Gastaut qui survient entre l’âge de 2 et 6 ans sont des épilepsies rares mais graves, très invalidantes qui ralentissent le développement cérébral des enfants », souligne le Dr Douek. Il cite ainsi le cas de Charlotte, petite Américaine tombée malade à l’âge de 3 mois et qui a fait jusqu’à 300 crises hebdomadaires. La prescription de cannabis médical a permis de réduire ses crises à 2 ou 3 par semaine et la fillette a pu recommencer à parler, marcher… D’ailleurs, la variété de cannabis qui l’a améliorée (fort pourcentage de CBD et très peu de THC) porte désormais son nom (Charlotte’s web).
A l’issue de cette expérimentation française qui durera un an, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) remettra un rapport au Parlement qui se prononcera alors sur l’intérêt du cannabis médical en complément ou comme alternative quand les autres traitements existants sont inefficaces.