À partir du 1er décembre, les patients éligibles du Kentucky pourront recevoir des recommandations médicales pour accéder au cannabis à usage médical. Le gouverneur démocrate Andy Beshear a annoncé cette avancée majeure, qui concrétise la loi qu’il avait signée l’année dernière. Cette mesure marque un tournant important dans l’État, avec un programme qui prend forme rapidement et une dynamique soutenue par des efforts significatifs en matière d’organisation et de sensibilisation.
Un cadre médical en place pour garantir l’accès sécurisé
Dès le 1er décembre, 154 praticiens déjà certifiés pourront émettre des recommandations médicales pour permettre aux patients atteints de pathologies graves, telles que le cancer, la sclérose en plaques ou le syndrome de stress post-traumatique (PTSD), d’accéder légalement au cannabis médical. Ce chiffre est en constante augmentation, les certifications médicales étant attribuées chaque semaine.
Pour simplifier la démarche des patients, l’administration de Beshear a lancé un portail en ligne, le « Kentucky Medical Cannabis Practitioner Directory », qui permet de localiser facilement un praticien selon la ville, le comté ou même une spécialité spécifique. Cette plateforme est une pierre angulaire du dispositif, visant à rendre le processus transparent et accessible.
Une mobilisation massive pour encadrer le secteur
Outre le volet médical, l’État travaille activement à structurer le secteur économique lié au cannabis médical. Un système de loteries régionales est en cours pour attribuer les premières licences de dispensaires. Neuf des onze régions de l’État verront leurs premières licences délivrées dès lundi prochain, suivies des deux dernières régions à partir du 16 décembre. Le processus d’attribution est d’autant plus compétitif que l’État a reçu environ 4 000 candidatures pour seulement 48 licences disponibles, générant près de 28 millions de dollars en frais de candidature non remboursables.
Dans le cadre de ce développement, les autorités ont déjà approuvé plusieurs licences pour des cultivateurs, des transformateurs et des laboratoires de tests. Une accélération du calendrier a permis de devancer de six mois le lancement du marché, initialement prévu pour mi-2025.
Un soutien populaire et politique accru
L’adhésion populaire à ce programme ne fait aucun doute : lors des élections locales de ce mois-ci, plus de 100 villes et comtés du Kentucky ont adopté des ordonnances permettant l’installation d’entreprises de cannabis médical sur leur territoire. Andy Beshear a salué ce vote comme un signal clair de l’opinion publique, transcendant les clivages politiques et géographiques.
« Les habitants du Kentucky veulent que leurs proches, amis et voisins souffrant de conditions graves aient un accès sûr et abordable au cannabis médical », a déclaré le gouverneur. « Nous tenons notre promesse de leur garantir cet accès. »
Un enjeu national et une vision pour l’avenir
Le gouverneur Beshear s’est également engagé sur la scène fédérale, soutenant notamment la proposition de reclassification du cannabis initiée par l’administration Biden. Il a participé à une table ronde historique à la Maison-Blanche en mars dernier aux côtés de la vice-présidente Kamala Harris, plaidant pour des réformes qui auraient des impacts substantiels sur la santé publique, la recherche et l’économie locale.
Par ailleurs, Beshear a encouragé une expansion future du programme médical. Deux groupes consultatifs indépendants ont recommandé l’ajout de plus d’une douzaine de nouvelles conditions éligibles. En outre, il n’a pas exclu de soutenir la culture et la vente de cannabis récréatif par les agriculteurs du Kentucky si la législation évolue en ce sens.
Et la France dans tout ça ?
Pendant que des États comme le Kentucky mettent en œuvre des programmes ambitieux, la France continue de s’enliser dans des décisions discutables. Dernier exemple en date : la suppression des fleurs de cannabis de la pharmacopée, conséquence directe d’un odieux chantage exercé par l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, opposé de manière idéologique à toute avancée sur le sujet du cannabis. Ce diktat, en total décalage avec les réalités scientifiques et thérapeutiques, montre à quel point la gestion du dossier est détournée de son objectif principal : répondre aux besoins de santé des patients.
Cette ingérence est incompréhensible. Pourquoi le ministère de l’Intérieur, chargé de la sécurité et non de la santé, a-t-il son mot à dire dans un domaine aussi crucial ? Cette situation illustre le manque de courage politique et le poids des idéologies rétrogrades dans les décisions liées au cannabis en France.
Un ministère de la Santé mis à l’écart
Le rôle du ministère de la Santé, qui devrait être au cœur de ces discussions, est relégué au second plan. Pourtant, ce sont les experts de la santé publique, les médecins et les patients eux-mêmes qui devraient être les principaux acteurs dans la définition des politiques concernant le cannabis médical. En laissant la main au ministère de l’Intérieur, le gouvernement envoie un signal inquiétant : la priorité n’est pas donnée à la santé des citoyens, mais à des postures sécuritaires obsolètes.
Dans les pays qui ont légalisé le cannabis médical, ce sont généralement les autorités de santé qui supervisent les programmes, en concertation avec les associations de patients et les professionnels de santé. Cette approche garantit que les décisions sont basées sur des données médicales et scientifiques. En France, c’est tout l’inverse : les patients sont les otages de jeux politiques, sacrifiés sur l’autel d’un immobilisme idéologique.
Les conséquences pour les patients
La suppression des fleurs de cannabis de la pharmacopée est un coup dur pour les patients souffrant de pathologies graves. Ces fleurs, largement utilisées dans des pays comme l’Allemagne, Israël ou le Canada, offrent une alternative simple, efficace et personnalisable pour soulager rapidement les douleurs chroniques, les nausées liées aux traitements ou encore les symptômes de maladies neurologiques. Leur retrait prive donc les patients d’une option thérapeutique essentielle, sans justification médicale solide.
Une honte pour la France
Cette situation est d’autant plus révoltante que des pays bien moins dotés économiquement ou technologiquement que la France ont su mettre en place des cadres légaux pragmatiques et humains pour le cannabis médical. L’exemple récent du Kentucky, aux États-Unis, montre qu’il est possible d’allier rigueur et accessibilité. La France, elle, reste enfermée dans des débats stériles, au détriment de ses citoyens.
Ce que le CIRC exige
Nous dénonçons avec force cette ingérence politique inacceptable et appelons à une remise à plat complète de la gestion du cannabis médical en France.
- Rétablir les fleurs de cannabis dans la pharmacopée, conformément aux standards internationaux et aux besoins des patients.
- Laisser la responsabilité exclusive du dossier au ministère de la Santé, seul légitime pour piloter une politique de santé publique.
- Mettre fin à l’influence des ministères sécuritaires sur des questions relevant de la médecine et du bien-être des citoyens.
Les patients ne doivent plus être les victimes des manœuvres politiciennes et des chantages ministériels. Il est temps que la France rattrape son retard et place enfin la santé publique au centre de ses priorités.
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