Quand la République tchèque montre la voie : simplifier l’accès au cannabis médical et reconnaître l’autoproduction
Par un militant du CIRC
En République tchèque, les patients souffrant de douleur chronique bénéficieront bientôt d’une avancée majeure : dès le 1er avril 2025, leurs médecins généralistes pourront leur prescrire du cannabis médical, leur offrant enfin une alternative aux opiacés. Ce changement, porté par un nouveau décret du ministère de la Santé, marque une avancée pragmatique et humaniste.
« Étant donné que les généralistes peuvent déjà prescrire des opiacés, il est absurde qu’ils ne puissent pas prescrire du cannabis médical. » – Dr Petr Šonka, président de l’Association des médecins généralistes
Petit aparté sarcastique : Pendant que les Tchèques assouplissent leur approche et incluent même les médecins généralistes, la France semble toujours penser que prescrire du cannabis médical équivaut à ouvrir un « Coffee Shop » à chaque coin de rue. Mais rassurez-vous, chers patients français, la morphine reste bien disponible sans grande paperasse, elle, et personne n’ira critiquer son usage excessif tant qu’il reste dans le cadre de la sacro-sainte « orthodoxie médicale ».
Mais ce n’est pas tout : la République tchèque s’illustre aussi par une tolérance implicite envers l’autoproduction à des fins personnelles, même si elle demeure techniquement illégale. Cette approche réaliste et respectueuse des patients contraste vivement avec l’immobilisme de la France sur le sujet.
Accessibilité : une avancée salutaire mais encore imparfaite
Avec cette réforme, les généralistes pourront prescrire du cannabis médical pour traiter les douleurs chroniques intraitables. Une réduction significative de la bureaucratie est également prévue : les patients n’auront plus à renouveler leur ordonnance chaque mois, un soulagement bienvenu pour ceux confrontés à des pathologies lourdes.
Cependant, la réforme tchèque ne règle pas entièrement la question du coût. Les compagnies d’assurance remboursent actuellement 90 % du prix de 30 grammes par mois, mais ce montant reste bien insuffisant pour des patients ayant besoin de doses plus élevées, comme ceux atteints de sclérose en plaques, qui peuvent nécessiter jusqu’à 90 grammes par mois. Ces derniers doivent donc acheter une partie de leur traitement à prix plein, soit environ 200 couronnes par gramme (environ 8 euros), un fardeau financier pour de nombreuses familles.
L’autoproduction : un recours essentiel
En dépit des limitations légales, l’autoproduction de cannabis est très répandue en République tchèque. De nombreux patients cultivent leur propre cannabis ou se le procurent gratuitement auprès de proches, une pratique tolérée à petite échelle et souvent vue comme une nécessité médicale. Comme l’a souligné le Dr Petr Šonka, président de l’Association des médecins généralistes, « Nous voyons régulièrement des patients admettre qu’ils consomment du cannabis cultivé sur place. »
Pour ces patients, l’autoproduction est souvent la seule solution abordable et efficace pour gérer des pathologies chroniques ou neurologiques. Bien qu’elle demeure illégale sur le papier, la justice tchèque se montre globalement clémente envers les cultivateurs à usage personnel, contrastant avec la France où ces pratiques sont lourdement pénalisées.
Et en France ? La double peine pour les patients
Pendant que la République tchèque élargit l’accès au cannabis médical et tolère l’autoproduction, la France persiste dans une prohibition rigide et punitive. Les patients français, quant à eux, doivent souvent choisir entre :
- Des traitements traditionnels coûteux, aux effets secondaires importants, et souvent inefficaces.
- Un parcours kafkaïen pour accéder légalement au cannabis médical, réservé à une poignée de spécialistes et à un cadre extrêmement restrictif (qui prend fin le 31 décembre 2024).
- L’autoproduction ou le marché noir, au péril de leur santé et de leur liberté.
En France, la moindre plante cultivée pour soulager une douleur chronique peut coûter des années de prison et des amendes exorbitantes. Une politique absurde et criminogène, qui punit ceux qu’elle devrait protéger.
Le coût, une barrière insurmontable pour beaucoup
En République tchèque, bien que le remboursement soit partiel, un patient en douleur chronique peut accéder au cannabis médical pour environ 60 euros par mois après remboursement. En France, si l’on compare au prix du marché noir (10 euros/gramme en moyenne), les patients devraient débourser près de 900 euros pour un traitement de 90 grammes mensuels. Une somme qui dépasse l’entendement et qui place le cannabis médical hors de portée pour la majorité.
C’est pourquoi l’autoproduction n’est pas simplement une option économique : c’est une revendication légitime pour garantir le droit à la santé. En cultivant eux-mêmes, les patients français pourraient réduire leurs coûts à quelques dizaines d’euros par mois, tout en contrôlant la qualité et les variétés adaptées à leurs besoins.
La République tchèque : un modèle inspirant, mais perfectible
Malgré ses limites, le modèle tchèque montre qu’une autre approche est possible :
- Une prescription simplifiée pour les douleurs chroniques.
- Une tolérance implicite envers l’autoproduction.
- Une reconnaissance croissante des besoins réels des patients.
La France doit changer de cap
Pendant que la République tchèque avance, la France s’enlise dans une prohibition dogmatique. Les patients français continuent de payer un lourd tribut, pris au piège entre les opiacés, les labyrinthes administratifs et les sanctions pénales.
Il est temps que la France reconnaisse que l’autoproduction est une solution efficace et économique, tout comme la prescription élargie du cannabis médical. En autorisant ces pratiques, notre pays pourrait non seulement soulager des milliers de patients, mais aussi mettre fin à une criminalisation injuste et coûteuse.
Au CIRC, nous continuons de militer pour une légalisation pragmatique et humaine, qui inclut le droit inaliénable à l’autoproduction. La santé et la dignité des patients doivent primer sur les préjugés idéologiques.
Militons pour que la France rattrape son retard !
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