Introduction
Tel Aviv, Israël : L’utilisation soutenue de produits à base de cannabis de qualité pharmaceutique est associée à une réduction significative de la douleur, de la dépression et de la consommation d’opioïdes chez les patients âgés, selon des données d’observation publiées dans la revue Biomedicines .
Le cannabis, longtemps associé à un usage récréatif chez les jeunes, suscite actuellement un intérêt croissant dans le contexte des attitudes sociales changeantes et de l’évolution de la légalisation. De plus en plus de personnes âgées utilisent désormais le cannabis médical pour traiter diverses affections, allant de la douleur chronique à la maladie de Parkinson. Cependant, l’efficacité et l’innocuité du cannabis médical chez les personnes âgées restent peu étudiées. Cette étude prospective vise à évaluer les effets du cannabis médical sur l’état fonctionnel des personnes âgées.
Matériel et Méthodes
- Conception de l’étude et Population : L’étude a été menée dans une clinique gériatrique spécialisée, incluant tous les patients de plus de 65 ans ayant commencé un traitement au cannabis entre 2018 et 2020. Les patients ont été suivis pendant six mois.
- Collecte de Données et Résultats : Les patients ont rempli un questionnaire avant et après six mois de traitement. Les données recueillies comprenaient des données démographiques, les médicaments chroniques, les indications de consommation de cannabis, le type de cannabis utilisé, le dosage, la voie d’administration, et les scores de dépression, d’activités quotidiennes et d’instrumentales, ainsi que la douleur. Les patients ont également rapporté l’effet général du cannabis, les modifications de l’appétit, les effets indésirables, les changements dans leur traitement chronique, et les raisons d’arrêter le cannabis médical.
- Analyses Statistiques : Les données ont été analysées statistiquement à l’aide du logiciel SPSS. Les variables continues ont été présentées sous forme de moyennes avec écart type, les variables ordinales ou continues avec une distribution non normale sous forme de médianes avec intervalle interquartile, et les variables catégorielles sous forme de nombres et de pourcentages. Des comparaisons univariées ont été effectuées, et des régressions logistiques multivariées ont été utilisées pour évaluer les facteurs associés à l’amélioration des scores.
Résultats
L’étude a suivi 119 patients en moyenne âgés de 79,3 ans, dont 62,2% étaient des femmes. La principale indication du traitement au cannabis était la douleur chronique (47,9%), avec une voie d’administration principalement sous forme de teinture (60,5%). Les patients consommaient des variétés de cannabis contenant diverses proportions de THC et de CBD. Environ 36,1% des patients ont signalé des effets indésirables, dont seulement 1,7% nécessitant une intervention médicale. Deux patients (1,7%) sont décédés pendant le suivi.
La majorité des patients (86,4%) ont rapporté une amélioration de leur état général grâce au cannabis. De plus, la douleur a significativement diminué, avec une réduction moyenne de 3,3 points sur l’échelle visuelle analogique. En revanche, l’appétit n’a montré aucun changement significatif, avec 56,8% des patients signalant aucune modification. Après six mois, 25,2% des patients ont arrêté le traitement, principalement en raison de l’inefficacité (36,7%) ou d’effets indésirables (23,3%).
L’évaluation des activités quotidiennes a montré des résultats différents, avec une amélioration des activités instrumentales de la vie quotidienne (IADL), mais aucune différence significative dans les activités de la vie quotidienne (AVQ). L’âge inférieur à 80 ans était associé à une amélioration des scores de dépression (GDS) et le sexe masculin à une amélioration des scores IADL. La teneur en THC du cannabis et la fréquence de consommation n’ont pas montré d’association significative avec les améliorations des scores.
Après six mois de traitement, 52,9% des patients ont arrêté au moins un médicament chronique, dont 23,5% des opioïdes. Plus de 58,8% des patients ont continué leur traitement au cannabis à la fin de l’étude.
Discussion
Cette étude prospective a révélé que le cannabis médical était globalement bien toléré par les personnes âgées, avec une amélioration de la douleur, des scores de dépression, et des activités instrumentales de la vie quotidienne. Cependant, l’étude présente certaines limites, notamment le manque d’un groupe de contrôle et la possibilité de biais de déclaration. De plus, l’effet placebo, la variabilité des types de cannabis et des dosages, ainsi que les interactions médicamenteuses, doivent être pris en compte.
En résumé, cette étude suggère que le cannabis médical peut être une option de traitement viable pour les personnes âgées, notamment pour la gestion de la douleur chronique. Cependant, des recherches plus approfondies, y compris des essais contrôlés randomisés, sont nécessaires pour mieux comprendre les avantages et les risques du cannabis médical chez cette population.
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