Un volte-face de dernière minute dans la réforme du Code de la route italien : le cannabis thérapeutique partiellement protégé
Le 14 décembre, le nouveau Code de la route italien est entré en vigueur, après avoir suscité de vifs débats sur les conséquences potentielles de sa réforme. L’une des mesures les plus controversées concernait l’absence de dispositions protégeant les patients traités par cannabis à usage médical. Cependant, sous la pression des associations de patients et d’experts juridiques, le ministre des Transports, Matteo Salvini, a été contraint à un volte-face partiel, promettant une révision de cette disposition pour éviter une crise judiciaire et sociétale majeure.
Le point de rupture : une mobilisation des associations
Dès l’adoption de cette réforme, les associations d’usagers de cannabis thérapeutique, telles que Tutela Pazienti Cannabis Medica et Meglio Legale, ont multiplié les actions pour alerter sur les conséquences de la loi. Le risque était clair : des patients soignés légalement avec du cannabis pouvaient perdre leur permis de conduire sur la base de tests antidrogues positifs, alors même qu’ils étaient parfaitement aptes à conduire.
Les experts ont souligné que les tests actuels ne permettent pas de différencier une consommation ancienne de cannabis d’une consommation récente. Ainsi, un patient ayant pris son traitement plusieurs jours avant un contrôle routier risquait des sanctions injustes, bien que son aptitude à conduire ne soit pas altérée.
Matteo Salvini sous pression
Face à une levée de boucliers, Matteo Salvini a écrit aux ministres de l’Intérieur et de la Santé pour leur demander d’élaborer des protections pour les patients traités par des substances psychotropes à usage médical. Cette démarche a été motivée par les avertissements des experts, qui ont prédit que cette réforme serait rapidement invalidée par la justice italienne en raison de son caractère discriminatoire.
Riccardo Magi, député de +Europa et militant de longue date pour la légalisation du cannabis, a résumé la situation dans un communiqué incisif : « Matteo Salvini savait déjà qu’une exemption était nécessaire pour les patients sous traitement. Mais il a rejeté cette idée lorsqu’elle a été proposée sous forme d’amendements. Aujourd’hui, on lui fait remarquer que ce choix aurait entraîné un désastre judiciaire, et il tente de corriger le tir. »
Un groupe de travail pour des exceptions médicales
Pour répondre à cette crise, un groupe de travail sera créé afin d’établir des critères clairs pour les patients sous cannabis médical. Ce groupe devra déterminer les conditions dans lesquelles ces patients peuvent conduire en toute légalité, en prévoyant notamment :
- Une identification précise des traitements certifiés par un médecin.
- Une évaluation des dosages, durées de traitement et état général des patients.
- L’élaboration de protocoles garantissant l’aptitude à la conduite automobile sans risque de sanctions injustifiées.
Cette mesure vise à protéger les libertés fondamentales des citoyens tout en maintenant la sécurité routière.
Un député engagé : Riccardo Magi et l’héritage de #IoColtivo
Riccardo Magi n’en est pas à son premier combat pour les droits des usagers de cannabis. En 2020, il s’était illustré lors de la campagne de désobéissance civile #IoColtivo, en remettant publiquement du cannabis à Walter De Benedetto, un patient atteint d’une maladie neurodégénérative. Par cet acte symbolique, il avait dénoncé les lourdeurs administratives empêchant les patients d’accéder à leur traitement et la criminalisation injuste de malades déjà fragilisés.
Cette lutte s’inscrit dans une histoire plus large de revendications pour un accès équitable aux traitements à base de cannabis et pour une légalisation adaptée aux réalités des patients.
Conclusion : un combat loin d’être terminé
Malgré ce premier recul, les associations restent vigilantes. Le nouveau Code de la route, tel qu’il est formulé, reste encore discriminatoire et pose des problèmes systémiques. La création d’exceptions médicales est une avancée importante, mais elle devra être suivie de mesures concrètes pour garantir une équité et une sécurité juridique pour tous les patients.
En France, le CIRC exprime sa solidarité avec les militants italiens et rappelle que de nombreux patients français rencontrent des difficultés similaires. Ce contexte souligne une fois de plus l’importance de mener un travail de sensibilisation et de plaidoyer pour un cadre légal plus juste et adapté, tant en Italie qu’en France.
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