Cannabis médical : la région Centre-Val de Loire à la pointe pour développer un médicament alternatif aux-anti douleurs traditionnels.
Un véritable écosystème s’est mis en place en Centre-Val de Loire pour mettre au point une gamme de médicaments à base de cannabis. Les recherches scientifiques sur le cannabis médical ont débuté il y a près de deux ans avec la culture et la sélection de plants de cannabis, menées par une Start-up de la région.
À l’entrée des serres, l’odeur de cannabis est déjà très forte. Hugues Péribère active son badge. Le lieu est hautement sécurisé. « C’était l’une des conditions pour obtenir l’autorisation de mener l’expérimentation » indique l’ingénieur-agronome à la tête de la Start-up Overseed. À sa suite, équipés de blouses, de charlottes et de gants de protections, nous découvrons une équipe d’agronomes le dos courbé au-dessus des plants de cannabis. Un sécateur à la main, ils procèdent à la taille des variétés sélectionnées. « Elles sont évaluées sur un plan agronomique et phytochimique », précise H. Péribère. À partir de là, nous allons développer des plantes par clonage. Le travail agronomique va nous permettre d’assurer une production de cannabinoïdes très stables dans le temps et d’un lot à l’autre « .
Persuadée de ses vertus anti-inflammatoires, la startup Overseed s’est positionnée pour produire ce qui sera le premier médicament à base de cannabis de l’hexagone. Aujourd’hui, seul le Canada et l’Australie développent et commercialisent un produit équivalent.
Entrepris depuis deux ans, le travail de recherche doit répondre au cahier des charges très normatif de l’industrie pharmaceutique, notamment en matière de sécurité sanitaire.
Le CNRS impliqué dans les recherches
Conditionnées dans les laboratoires d’Overseed, les fleurs de cannabis sont acheminées ensuite au Centre de biologie moléculaire d’Orléans où Lucile Mollet est chargée d’étudier le potentiel des variétés sélectionnées les plus aptes à réduire l’inflammation.
« Une pathologie intestinale inflammatoire a besoin d’une variété spécifique alors qu’un problème rhumatologique comme la polyarthrite peut nécessiter une molécule de cannabinoïde différente » explique la chercheuse.
« L’attente des patients est très forte »
Les traitements à base de cannabidiol représentent une alternative aux antidouleurs traditionnels. Moins invasifs pour l’organisme, ils offrent une solution aux patients en échec thérapeutique. C’est ce que tend à démontrer un essai clinique piloté par le docteur Thierry Prazück au Centre Hospitalier Régional d’Orléans, avec des malades du Sida sujets à des inflammations chroniques. « L’attente des patients est très forte pour disposer de ce médicament « avance le praticien, qui s’est assuré le concours d’une équipe composée de rhumatologue, de gastro-entérologue et de neurologue pour poursuivre les recherches sur le cannabis médical.
En Allemagne, sa prescription est autorisée et remboursée pour certaines pathologies. En France, l’Assemblée nationale devrait statuer sur le cannabis à visée médicale en mars 2024. Le pôle de recherches du Centre-Val de Loire se dit prêt à tester le premier cannabis médical à cette date.
De son côté, la start-up Overseed est dans les starting-blocks pour démarrer la production de spray inhalateur et d’huiles sublinguales en fin d’année prochaine.