Invité de l’émission « Ma France » sur France Bleu ce vendredi 3 septembre, le ministre de la Santé s’est montré ouvert à une réflexion sur la légalisation du cannabis, avec en premier lieu un accompagnement des consommateurs. Il souligne toutefois le rôle qu’ils ont dans les trafics et l’insécurité.
La France « a la législation la plus dure » mais est la championne d’Europe de consommation de cannabis et cela « ne diminue pas« . C’est le constat posé ce vendredi 3 septembre par Olivier Véran, invité de l’émission « Ma France » présentée sur France Bleu par Wendy Bouchard. Interrogé sur la sortie d’Emmanuel Macron à Marseille au sujet des « consommateurs de drogue complices » des trafics, le ministre de la Santé s’est positionné en faveur d’une réflexion sur la question de la légalisation du cannabis, tout en maintenant que les consommateurs jouent un rôle dans l’insécurité de certains quartiers.
Accompagner les consommateurs…
« Ce que je regarde avec intérêt, ce sont les pays qui sont allés vers la légalisation et qui ont des résultats qui seraient meilleurs que ceux de la France ces dix dernières années », a relevé le ministre. Olivier Véran a cité l’exemple des Espagnols « qui ont autorisé non pas l’achat dans la rue mais le fait de pouvoir cultiver soi-même ses plantes et de les consommer ». « Il y a différentes modalités qui se tentent, a-t-il noté. Moi, ce qui m’intéresse, c’est d’abord l’utilisation thérapeutique qu’on peut faire du cannabis. » Une réflexion qu’il a porté à l’Assemblée nationale en tant que député puis en tant que ministre en lançant notamment une expérimentation de l’utilisation du cannabis médical. « C’est une avancée qui est importante pour des gens qui étaient en souffrance », explique-t-il.
L’autre point souligné par le ministre est la réduction des risques. « Le zéro consommation de drogue n’existe pas, nulle part, même quand vous êtes passible de peine de mort, il n’y a pas de société sans drogue » a-t-il relevé. Partant de ce constat, son objectif est d’accompagner les consommateurs. « Je me bats pour que les plus marginalisés, les plus fragiles puissent avoir accès aux systèmes de soins », a indiqué Olivier Véran, en annonçant qu’il allait inscrire les « salles de consommation à moindre risque » dans le prochain budget de la sécurité sociale « pour permettre à d’autres villes de les développer« . Les premières ont ouvert en 2016 à Paris et à Strasbourg, une nouvelle doit ouvrir à Lille le 1er octobre.
Le ministre de la Santé regrette le retard pris par la France dans le domaine : « La première salle de consommation a été ouverte 40 ans après celle en Suisse [30 ans en réalité NDLR], a-t-il noté. On a mis énormément de temps à avoir des médicaments de substitution aux opiacés, des programmes d’échanges de seringue. Il y avait cette espèce de chape de plomb sur la politique de réduction des risques et je souhaite la promouvoir très fortement. »
… mais ne pas minimiser leur rôle dans l’insécurité des quartiers
Pour autant, cette politique de réduction des risques « ne veut pas dire qu’il ne faut pas réprimer les trafics souterrains ». Olivier Véran appuie les propos d’Emmanuel Macron : « Il n’y aurait pas de trafics de drogues au pied des tours d’immeubles qui saccagent la vie des familles qui habitent dans les quartiers pauvres s’il n’y avait pas des gens, qui viennent souvent des centres-villes ou des endroits un peu plus cossus, pour aller s’y fournir en drogues », a-t-il souligné.
Le ministre veut donc « faire prendre conscience à des gens qui consomment de la drogue et qui vont l’acheter au pied des tours qu’en faisant ça ils participent à l’insécurité qu’ils n’ont de cesse de dénoncer au quotidien« . « Ce n’est pas antinomique d’une politique de réduction des risques et d’accompagnement des consommateurs », a-t-il insisté.
Source : Francebleu.fr