L’Invité(e) des Matins par Guillaume Erner
Mercredi, une proposition de loi pour légaliser le cannabis recevait le soutien de plusieurs députés de différents bords politiques. Si le débat revient constamment, la France reste invariablement campée sur ses positions. Pour quelles raisons ?
Consommation, prévention, légalisation :
« Il faut ne pas hésiter à dire à des enfants qu’il ne faut pas consommer du cannabis. A l’inverse, la sanction pénale et la menace d’une sanction pénale sur son usage ne sert absolument à rien. » Jean-Pierre Couteron.
« Nous sommes sur un produit, comme pour d’autres produits, où il y a un âge où la consommation est prématurée, et il y a un âge où si l’Etat garantit la qualité du produit, avec une consommation maîtrisée, pourquoi pas. Cet âge dépend de la maturation du cerveau, grosso-modo à 25 ans. C’est une substance nocive quand elle est consommée trop tôt… Le but c’est que les adolescents ne consomment pas trop tôt du cannabis. » Jean-Pierre Couteron.
« Si le cannabis récréatif est commercialisé dans des boutiques spécialisées, on pourra plus facilement respecter l’interdiction aux mineurs. » Pierre-Yves Geoffard.
« Un des paradoxes de notre société, c’est qu’on est beaucoup trop tolérant sur l’alcool et beaucoup trop sévère sur le cannabis
Dans toutes démarches de légalisation, il faut continuer à lutter contre les trafics et les têtes de réseaux. Les réseaux mafieux ne vont pas se laisser faire, ils vont chercher à développer d’autres marchés. cannabis. » Jean-Pierre Couteron.
Pierre-Yves Geoffard
Effets économiques d’une légalisation :
« Actuellement, ce n’est pas une économie qui fait vivre ces quartiers, ça fait vivoter un certain nombre de familles et les désagréments générés par cette économie (commerces fermés dans certains quartiers, dégradation de conditions de vie, etc.) sont là… c’est une économie qui pénalise un certain nombre de quartiers. On ne peut pas continuer à accepter de laisser ces quartiers en déshérence en maintenant une prohibition dont on sait qu’elle est délétère. » Pierre-Yves Geoffard.
« Pour l’immense majorité des personnes impliquées dans la vente et le trafic de stupéfiants en France, les revenus sont très très faibles, à l’exception de quelques grossistes où têtes de réseaux qui envoient un effet signal épouvantable sur les plus jeunes dans le quartier (l’effet signal de la réussite). » Pierre-Yves Geoffard.
« Si en légalisant, vous taxez beaucoup, le marché parallèle va redevenir rentable notamment si vous diminuez la répression. Donc il ne faut pas non plus trop taxer. » Pierre-Yves Geoffard.
Source : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/linvite-des-matins-du-mardi-25-juin-2019