Des expérimentations de fabrication de cannabis thérapeutique ont déjà lieu dans la Creuse. L’agriculteur fait valoir le « caractère de la filière française ».
Le gouvernement doit-il autoriser l’usage du cannabis thérapeutique ? Un comité d’experts doit se prononcer une dernière fois sur la question ce mercredi. Il rendra ses conclusions à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le sujet fait encore débat: quelles douleurs traiter, sous quelles formes administrer ce cannabis thérapeutique… Au grand dam des malades et des agriculteurs, plusieurs questions sont encore en suspens.
Mado est atteinte d’une maladie rare touchant la moelle épinière et a pris jusqu’à 20 comprimés par jour pour atténuer la douleur.
« C’est vraiment la sensation que la main est dans des orties toute la journée. Ça peut être tout le bras, ça peut être tout le corps », décrit-elle au micro de BFMTV.
Elle a fini par essayer le cannabis, qu’elle dissout dans du lait et de la crème fraîche, même si elle concède « avoir été très résistante au début ».
« J’avais très peur, j’avais une idée du cannabis qui était ‘Les éléphants roses et compagnie’, et quand j’en ai pris je n’y croyais pas vraiment », se souvient-elle.
Pourtant, elle dit avoir été « convaincue à la première prise ». Pour l’heure, Mado achète son cannabis à l’étranger mais elle pourrait bientôt en acheter en France, notamment sur les hauteurs de la Creuse.
Une expérimentation dans la Creuse
Eleveur de vaches et de brebis depuis 20 ans, Jouany Chatoux s’est lancé dans la production de chanvre industriel, une variété de cannabis qui ne contient pas de substances psychotropes. Pour soulager les malades, il est prêt à cultiver sa version thérapeutique dans des serres de 2000m².
« Là, il faut imaginer sécuriser avec une clôture, un vigicode pour pouvoir rentrer, nous portant une charlotte et des blouses blanches, parce qu’on rentre vraiment dans une fabrication spécifique médicamenteuse », décrit-il devant la caméra de BFMTV.
En attendant le feu vert du gouvernement, cet agriculteur teste des dizaines de variétés dans ce container. Objectif: trouver les conditions dans lesquelles récolter un maximum de fleurs.
Ne pas laisser « la filière française » se faire « vampiriser »
« Ce serait dommage que ce soient des grands groupes financiers ou des grosses multinationales, comme c’est le cas au Canada, qui vampirisent tout », explique Jouany Chatoux. « On perdrait le caractère ‘filière française’ et c’est aussi pour ça que nous on se bat, pour montrer que c’est possible », assure-t-il.
« Nous, agriculteurs, même si on est sur le plateau de Millevaches cinq habitants au km², disposons des technologies pour pouvoir produire du cannabis thérapeutique », martèle l’agriculteur.
Pour connaître parfaitement le cannabis, Jouany Chatoux travaille avec un étudiant en agriculture biologique. Ses plantations pourraient rapporter gros: jusqu’à 100.000 euros par hectare.
Source : https://www.bfmtv.com/sante/cannabis-therapeutique-des-agriculteurs-et-des-malades-esperent-un-feu-vert-legislatif-1720061.html