Souffrant de sclérose en plaques, deux patientes belfortaines du Dr Ziegler prennent du Marinol, le seul médicament à base de cannabis autorisé en France, pour soulager leurs douleurs. Elles espèrent que l’expérimentation lancée début juillet va permettre à d’autres de profiter de ses bienfaits.
Le 24/08/2019
Florence Demange rigole encore de sa première réaction quand le Dr Ziegler, son neurologue, a évoqué, en février dernier, un nouveau traitement pour soulager ses douleurs. Un traitement au Marinol, un médicament à base de dronabinol, du THC de synthèse. Autrement dit : du cannabis thérapeutique. « J’avais peur d’être complètement shootée. D’ailleurs, la première fois, j’ai été prise d’un fou rire. »
Six mois plus tard, cette Belfortaine de 54 ans à qui on a diagnostiqué une sclérose en plaques en 2013 ne regrette pas d’avoir dit oui. « J’ai l’impression de revivre. Avant, j’avais des difficultés à marcher, même avec une canne. J’étais fatiguée tout le temps. Là, je peux marcher sans canne et sans douleur. Je peux même refaire des soirées entre amis », explique-t-elle. Grande amatrice de musique, elle a pu retourner au Fimu cette année après avoir dû y renoncer pendant plusieurs éditions.
« Plus aucun effet secondaire »
Mais avant d’avoir accès au Marinol, Florence Demange a dû épuiser les traitements usuels antidouleur. « J’ai reçu des doses énormes d’opioïdes, de kétamine, mais rien ne marchait. Par contre, j’avais de terribles effets secondaires, je ne sentais même plus mon corps », raconte cette ancienne infirmière, qui s’est parfois inquiétée de toutes les substances qu’on lui injectait.
Une sensation que connaît bien Christine Raguenet, une autre patiente belfortaine du Dr Ziegler. Elle aussi est atteinte de sclérose en plaques, mais d’une forme plus aiguë de la maladie. « J’ai eu tout le côté droit paralysé. Avec les autres traitements, je souffrais énormément. Tellement que j’ai eu, par moments, des pensées négatives », reconnaît cette sexagénaire qui prend du Marinol depuis plus d’un an. « Du jour où j’ai commencé à prendre ces petites capsules, j’ai senti une amélioration. Je n’avais plus aucun effet secondaire, même si la fatigue est toujours là. »
Conditions strictes de prescription
Aujourd’hui, Florence et Christine ont l’impression d’être des privilégiées. Classé comme stupéfiant par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le Marinol n’est prescrit qu’à un nombre réduit de patients (350 en France actuellement). À des conditions très strictes : ordonnance établie par un médecin exerçant dans un centre antidouleur, autorisation temporaire d’utilisation de l’ANSM. Et le Marinol ne peut se retirer qu’en pharmacie hospitalière dans les quarante-huit heures après la prescription.
Les deux Belfortaines voient donc d’un bon œil l’expérimentation annoncée début juillet par l’ANSM. « Il était temps. Par rapport aux autres pays, la France a quand même une longueur de retard », se réjouit Florence Demange. Mais ce qu’elles espèrent déjà, c’est une légalisation du cannabis thérapeutique. « Cela soulagerait tellement de patients si c’était généralisé », glisse Christine Raguenet. Mais ce n’est pas encore pour tout de suite. L’expérimentation, qui commencera début 2020, devrait durer deux ans.
La France a une longueur de retard.
Florence Demange
Source : L’Est Républicain