Publié le 10 septembre 2020 | Par Par Hélène Terzian, édité par Rémi Duchemin
Lancée il y a deux ans, l’expérimentation du cannabis thérapeutique n’est toujours pas effective, faute notamment de décret d’application. Bertrand Rambaud, fondateur de l’Union francophone des cannabinoïdes en médecine et lui-même usager, pousse un coup de gueule jeudi sur Europe 1.
De plus en plus de doutes émergent actuellement autour de la volonté du gouvernement d’expérimenter le cannabis thérapeutique. Médecins, patients mais aussi députés craignent un nouveau report du projet : les tests devaient commencer ce mois-ci, mais ils ont été repoussés par l’ANSM, l’Agence de Sécurité du Médicament, qui invoque la crise du Covid. Mercredi dans Le Parisien, une cinquantaine de médecins réclamaient « la publication du décret qui ouvrira la voie à ces tests dans les plus brefs délais ».
C’est ce qu’attend également Bertrand Rambaud, lui-même séropositif depuis plus de 30 ans. Et usager de cannabis. « Aujourd’hui, je vais vous parler de colère », réagit pour Europe 1 le fondateur de l’Union francophone des cannabinoïdes en médecine. « Les patients n’en peuvent plus d’attendre et voient que plus les choses avancent au niveau du comité scientifique de l’ANSM, plus les choses reculent au niveau politique. »
« La France a un retard considérable sur l’Europe », s’insurge encore Bertrand Rambaud. « Et aujourd’hui, nous, les malades français, on ne peut que se sentir comme des délinquants, limite des sous-citoyens, simplement parce qu’on fait un usage médical d’une plante. »
« Si je n’ai pas de cannabis, je ne vais pas manger, je vais beaucoup maigrir, je vais avoir des nausées »
L’homme tient à apporter des précisions sur un sujet qui crispe puisqu’il touche à l’usage de drogue. « On est malade, on n’est pas en train de s’amuser, on n’est pas en train de jouer. Le cannabis thérapeutique, ce n’est pas fumer des joints, c’est vaporiser des fleurs, c’est prendre des huiles sous la langue ou en gélule », précise Bertrand Rambaud, qui prend son propre exemple : « Si je n’ai pas de cannabis, je ne vais pas manger, je vais beaucoup maigrir, je vais avoir des nausées constamment. Le cannabis apaise ces nausées, apaise ces douleurs me permet de me nourrir correctement, et me détends quand j’ai des crampes ou des choses comme ça. »
La Direction générale de la santé assure de son côté qu’une publication du décret « est visée pour le mois de septembre ». Le Conseil d’Etat « vient d’être saisi » pour validation et « le début de l’expérimentation est toujours prévu pour janvier », assure-t-elle.
Source Europe 1