Lors d’un webinaire organisé par l’Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre (UIVEC), Vegepolis Valley et Atlanpole biothérapie, les acteurs de la filière ont fait le point sur l’expérimentation de cannabis thérapeutique, les évolutions réglementaires et les perspectives pour 2024.
« Le cannabis thérapeutique est un sujet compliqué et parfois mal compris », souligne Ludovic Rachou, membre de l’Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre (UIVEC), le syndicat professionnel représentant l’ensemble de la filière des extraits de chanvre non stupéfiants, comme le cannabidiol (CBD).
La France a mis en place une expérimentation du cannabis thérapeutique depuis mars 2021,sous l’impulsion d’Olivier Véran. Initialement autorisée pour deux ans, cette expérimentation a été prolongée d’une année. « L’Espagne a annoncé récemment un projet de loi pour lancer sa propre expérimentation. En tout, en Europe,22 pays ont un programme sur le cannabis médical », détaille-t-il. Les modèles sont différents selon les pays, mais beaucoup sont en lien avec la préparation magistrale, réalisée par des pharmaciens à destination des patients. Les pathologies ciblées sont principalement le traitement de la douleur, notamment pour les formes inhalées, ou l’épilepsie. « Des travaux sont en cours au niveau de l’agence du médicament européenne, l’EMA, afin d’aboutir à terme à un cadre pour le cannabis thérapeutique », indique Ludovic Rachou. En 2023,le plus gros marché était le marché allemand, avec près de 400 millions d’euros. « La cible potentielle de ces traitements pourrait représenter 1 % de la population européenne », estime-t-il.
En France, cinq indications thérapeutiques ont été retenues pour expérimenter l’usage du cannabis à des fins médicales : les douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non), certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements, des situations palliatives, la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central. Le cannabis est prescrit en dernière ligne de traitement pour des patients en impasse thérapeutique.
Les fleurs bientôt plus disponibles
Les produits utilisés dans le cadre de l’expérimentation sont des huiles ou des fleurs. Mais le fournisseur actuel de fleurs de cannabis et son exploitant ont informé les autorités sanitaires de leur décision de ne pas poursuivre la fourniture de fleurs séchées pour vaporisation après le 26 mars 2024. Elles ne seront donc bientôt plus disponibles.
Par ailleurs, l’expérimentation avait été prolongée une première fois jusqu’en mars 2024 et va être à nouveau prolongée jusqu’à ce qu’un médicament à base de cannabis soit autorisé et disponible et au plus tard jusqu’au 31 décembre 2024. Cela permettra d’assurer la continuité de traitement pour les patients déjà inclus au 26 mars 2024. Après cette date, aucun nouveau patient ne pourra plus entrer dans l’expérimentation.
PAR ANNE-GAËLLE MOULUN – publié le 29/02/2024 dans le quotidien du pharmacien.
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