En déplacement dans le Val-de-Marne ce mercredi soir, le ministre de l’Intérieur promet une multiplication des contrôles de police pour lutter contre le trafic de drogue.
Publié le 20 Août 2020 | par Vincent Gautronneau
Le dos collé au mur, une quinzaine de jeunes font face à une grosse dizaine de policiers. Ils ne sont pas menottés, mais pas libres de leur mouvement pour autant et restent cantonnés au cœur de la cité du Moulin à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). « On attend, c’est un contrôle quoi », souffle l’un d’entre eux en plaisantant avec un policier de la Bac. Quelques instants plus tard, martial, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, pénètre dans la cité sans lâcher un regard aux jeunes qui attendent sans trop savoir pourquoi.
Les policiers évoquent rapidement leur travail dans ce « four », l’un des plus importants du Val-de-Marne selon eux. Le temps pour un maître-chien de la police de montrer le talent de son animal et de mettre la main sur une petite quantité de cannabis.
« Oui, ça deale un peu ici, sans plus, souffle l’un des jeunes qui attend de pouvoir quitter les lieux. C’est marrant de voir le ministre ici, même si on se demande un peu ce qu’il fait là. Pour nous il n’y a pas de souci, on n’a rien à se reprocher, puis c’est toujours drôle de voir un ministre. » « C’est lequel le ministre », demande un autre? « Celui qui est entouré des flics en chemise blanche », répond son ami.
« Ça fait des années que c’est comme ça ici »
Scène tout aussi surprenante, quelques instants plus tard, de l’autre côté de la rue Paul-Bert, dans un grand ensemble d’une douzaine d’étages. Le ministre de l’Intérieur, en costume bleu marine, au fond de caves surplombées de toiles d’araignées, éclairé à la lampe torche et au contact d’une policière de la brigade cynophile. Ici, néanmoins, pas un gramme de shit ne sera découvert.
« Ça fait des années que c’est comme ça ici », déplore, sur le parvis de la cité, une mère de famille venue avec sa fille à la rencontre du ministre. Elle habite ici « depuis 20 ans », a vu le quartier se dégrader, et des jeunes « qui n’habitent pas là » investir petit à petit les lieux pour y vendre de la drogue. Dans ce quartier, il n’y a pas de caméras de surveillance, relève-t-elle. « J’écrirai à votre maire dès demain à ce sujet », promet Gérald Darmanin. « Il faut revenir sans cesse pour les faire partir », lance cette habitante.
Gérald Darmanin n’en demandait pas tant. C’est le message qu’il est venu faire passer ce mercredi soir dans la Val-de-Marne, à Ivry d’abord, puis au commissariat de Créteil : « Je suis venu soutenir les policiers, et je vais renouveler ces opérations pour montrer que ce sont les trafiquants de drogue qui vont arrêter de dormir, et qui vont laisser dormir les honnêtes gens. » Un discours plein de bonnes intentions qui se heurte, depuis plusieurs dizaines d’années, à la réalité de quartiers difficiles où le trafic perdure.
« Je ne m’arrêterai pas de faire la tournée des commissariats »
Alors quelle sera la méthode Darmanin pour mettre fin à ce fléau qui « empoisonne la vie des habitants » ? « La méthode du gouvernement c’est de ne rien lâcher ». « Pragmatique », l’ancien maire de Tourcoing semble vouloir appliquer à la France l’expérience vécue dans sa ville. « À Tourcoing, on a mis des caméras, on a encouragé les policiers, on a armé une police municipale, on a travaillé avec les bailleurs sociaux. C’est petit à petit que l’on arrive à rétablir les choses. »
Pour y parvenir, Gérald Darmanin compte aussi sur le déploiement de l’amende forfaitaire pour les consommateurs de cannabis. « À partir du 1er septembre, tout consommateur recevra cette amende, une amende importante que ce soit pour une barrette de shit ou un gramme de cocaïne », assure le ministre. Et de rappeler que parmi la quinzaine de jeunes contrôlés à Ivry « il y a aussi des consommateurs qui se sont longtemps sentis protégés par une loi compliquée à mettre en place ». Des intentions fermes donc, et la promesse de nuits courtes pour les trafiquants… Et pour Gérald Darmanin : « Tant que ce trafic sera là, je ne m’arrêterai pas de faire la tournée des commissariats ».