Publié le 4 Septembre 2020 | Par cafedelabourse.com
Le secteur du cannabis est actuellement en plein essor en Amérique du Nord (Canada et États-Unis), conséquence de sa légalisation progressive. Le Canada l’a légalisé en 2018 et 11 États américains l’ont également autorisé au cours de ces dernières années. Le dernier en date est l’Illinois qui l’a légalisé le 1er janvier 2020. La légalisation dans cet État a rapidement engendré des pénuries de cannabis au regard de la demande élevée, une véritable aubaine pour les sociétés productrices et les commerçants du secteur du cannabis.
Les grandes sociétés productrices de cannabis sont établies au Canada, même si leurs marchés sont plutôt aux États-Unis. De ce fait, certaines sociétés profitent de l’essor de ce secteur dont la croissance devrait progresser à un rythme de + 14 % par an jusqu’en 2025. Celles qui parviennent à gagner d’importantes parts de marché voient leur chiffre d’affaires croître de façon exponentielle.
Découvrez dans cet article l’état des lieux de la législation du cannabis dans le monde et les perspectives de ce secteur. Nous nous demanderons s’il est intéressant d’investir dans les sociétés du secteur du cannabis et quels sont les potentiels risques liés à ce type d’investissement ? Découvrez ensuite nos analyses de deux grands groupes canadiens dont les capacités de production de cannabis se chiffrent en centaines de milliers de kilogrammes. Retrouvez enfin les solutions pour investir dans ce type de sociétés quand on est un investisseur français.
CANNABIS : ÉTAT DES LIEUX DE LA LÉGISLATION ET DE SON ÉVOLUTION
Le cannabis est sujet à différentes législations selon les pays du monde. En premier lieu, il est important de nuancer deux types d’usages du cannabis :
- l’usage thérapeutique dans le cadre du soulagement des symptômes liés à certaines maladies ;
- l’usage récréatif qui légalise sa consommation, hormis au volant.
Le cannabis légal
Aux États-Unis, 11 États sur un total de 50 ont légalisé l’usage récréatif du cannabis : l’Alaska, la Californie, le Colorado, le Maine, le Massachusetts, le Michigan, le Nevada, l’Oregon, le Vermont, Washington, et plus récemment, l’Illinois.
Ces dernières années, l’usage du cannabis récréatif a également été « décriminalisé » dans de nombreux États américains comme le démontre, à titre d’exemple, le cas de l’État d’Hawaï où la consommation de cannabis reste illégale mais une loi prévoit que, depuis le 11 janvier 2020, la détention maximale de 3 grammes de cannabis est autorisée. Certains hommes politiques américains militent pour sa dépénalisation complète sur le sol américain.
Concernant le cannabis dans le reste du monde, le Canada l’autorise depuis 2018, tout comme l’Afrique du Sud ainsi que l’Uruguay depuis 2013.
En bref, le cannabis se légalise en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) mais son autorisation reste marginale dans le reste du monde (uniquement en Uruguay et en Afrique du Sud).
Le cannabis à usage thérapeutique
L’usage thérapeutique du cannabis est un peu plus répandu et est autorisé en Israël, en Suisse, aux Pays-Bas, en Italie, en Allemagne, en Pologne, en Thaïlande, en Corée du Sud ainsi que dans certains États américains.
Le cannabis illégal « techniquement » mais toléré
Il existe également des cas particuliers tels que les Pays-Bas où la loi l’interdit seulement « techniquement » car sa vente et sa consommation sont tolérées, même si sa consommation peut être encadrée dans les lieux publics. Il en est de même dans différents pays comme la Belgique (la possession de ce stupéfiant est toléré jusqu’à 3 grammes), l’Allemagne (le seuil de tolérance est fixé entre 6 et 15 grammes) et le Portugal (où le seuil de tolérance est fixé à 25 grammes).
LES PERSPECTIVES DU SECTEUR DU CANNABIS
La démocratisation du cannabis, notamment en Amérique du Nord, ouvre de nouvelles perspectives pour les sociétés productrices de cannabis.
En effet, le poids de ce marché est actuellement estimé à 10 milliards de $ aux États-Unis et à 17,7 milliards de $ à l’échelle du monde.
Selon « Newfrontierdata.com », le taux de croissance annuel du marché du cannabis devrait être de + 14 % par an d’ici 2025. Les perspectives de croissance sont donc bien réelles et pourraient être bien plus élevées encore si la légalisation s’étendait à de nouveaux pays.
Notons aussi que la légalisation du cannabis représente une rentrée d’argent pour les gouvernements qui taxent ce produit et bénéficient ainsi de recettes fiscales.
Selon Newfrontierdata.com, le marché du cannabis aux États-Unis est en croissance soutenue, comme le démontrent ces chiffres : la taille de ce marché a presque triplé entre 2015 et 2019 et est passée de 4,8 milliards de $ à 13,6 milliards de $. Le marché du cannabis devrait presque doubler ces 5 prochaines années pour atteindre 25,5 milliards de $, et profite d’une croissance avoisinant les + 32 % entre 2018 et 2019.
Toujours selon ce site, le marché noir du cannabis reste majoritaire et représentait 64 milliards de $ en 2018. Mais la légalisation devrait permettre une légère inflexion très progressive (le marché noir du cannabis devrait représenter 57 milliards de $ d’ici 2025).
EST-IL INTÉRESSANT D’INVESTIR DANS LES SOCIÉTÉS PRODUCTRICES DE CANNABIS ?
Évoluer au sein d’un secteur d’activité attendu en croissance moyenne de + 14 % entre 2020 et 2025 est une aubaine pour les sociétés productrices et distributrices de cannabis.
La tendance de ces dernières années est à la légalisation du cannabis, surtout en Amérique du Nord. Si les autres pays du monde décident de le légaliser, les perspectives du marché du cannabis seraient alors encore plus intéressantes.
Concernant la demande mondiale (cannabis légal et illégal), selon le média « Geneva Business News », elle s’élève à 344 milliards de $, répartie comme suit :
- Asie : 133 milliards de $ ;
- Amérique du Nord : 86 milliards de $ ;
- Europe : 68 milliards de $ ;
- Afrique : 37 milliards de $ ;
- Amérique Latine : 10 milliards de $.
Concernant l’usage thérapeutique, la demande est également vigoureuse avec 1,2 milliard de personnes souffrant de maladies pouvant être soulagées par l’usage du cannabis.
L’investisseur qui décide de devenir actionnaire des sociétés du secteur du cannabis profite donc d’un marché en croissance de long terme.
QUELS SONT LES RISQUES D’INVESTISSEMENT DANS LE CANNABIS ?
Il est important de rester conscient du risque législatif qui pourrait donner un brusque coup d’arrêt à cette tendance. En effet, si les États où le cannabis est légal constatent trop de problèmes liés à sa consommation (augmentation des accidents de la route ou de la délinquance par exemple), alors le risque qu’ils fassent « marche arrière » et pénalisent de nouveau le cannabis, est bien réel.
À notre connaissance, cela n’est pas encore arrivé, ce qui ne veut pas dire pour autant que cela est impossible car le cannabis reste une substance psycho active.
L’existence d’une société exerçant son activité dans le secteur du cannabis pourrait donc être remise en cause en cas de « repénalisation » du cannabis. Son activité n’aurait alors plus lieu d’exister, hormis éventuellement pour le marché de l’usage du cannabis thérapeutique.
L’investisseur ayant des actions au sein de ces sociétés s’expose donc à des risques, surtout législatifs, même si la probabilité de rétropédalage juridique reste relativement faible.
ANALYSE DE 2 SOCIÉTÉS PRODUCTRICES DU CANNABIS
Les grandes sociétés productrices de cannabis sont situées au Canada, même si leurs marchés principaux sont internationaux, avec une forte présence aux États-Unis.
Canopy Growth : une forte croissance pour le leader mondial du cannabis
Avec plus de 46 000 m² de surface de production, le chiffre d’affaires de Canopy Growth est en forte croissance au titre des 3 dernières années (comptes annuels clôturés le 31 mars) :
- 439 millions de CAD ($ canadiens) pour son exercice clôturé le 31 mars 2020, en croissance de + 73 % sur 1 an ;
- 253 millions de CAD pour son exercice clôturé le 31 mars 2019, en croissance de + 224 % sur 1 an ;
- 78 millions de CAD pour son exercice clôturé le 31 mars 2018.
Soit une croissance de + 463 % du chiffre d’affaires sur 3 ans.
La société Canopy Growth réalise des pertes à son compte de résultat (- 67 millions de CAD en 2018, – 736 millions de CAD en 2019 et – 1 321 millions de CAD en 2020).
Évolution du cours de Bourse de l’action Canopy Growth depuis mi-2017
L’évolution du cours de Bourse de l’action Canopy Growth a connu 5 grands cycles depuis mi-2017 :
- une croissance de + 1 019 % entre début juin 2017 et mi-octobre 2018 ;
- un repli de 54 % entre mi-octobre 2018 et mi-décembre 2018 ;
- une hausse de + 98 % entre mi-décembre 2018 et fin avril 2019 ;
- une chute de 81 % entre fin avril 2019 et mi-mars 2020 ;
- une croissance de + 70 % depuis mi-mars.
Aphria : un profil « growth » pour ce géant mondial du cannabis
Avec une capacité de production de 255 000 kilos par an, le chiffre d’affaires de la société Aphria est en forte croissance au titre des 3 dernières années (comptes annuels clôturés le 31 mai) :
- 543 millions de CAD ($ canadiens) pour son exercice clôturé le 31 mai 2020, en croissance de + 129 % sur 1 an ;
- 237 millions de CAD pour son exercice clôturé le 31 mai 2019, en croissance de + 541 % sur 1 an ;
- 37 millions de CAD pour son exercice clôturé le 31 mai 2018.
Soit une croissance de + 1 368 % du chiffre d’affaires sur 3 ans.
Aphria a enregistré des pertes à son compte de résultat en 2020 et en 2019 (- 85 millions de CAD en 2020, et – 17 millions de CAD en 2019) ainsi qu’un bénéfice net de 29 millions de CAD en 2018.
Évolution du cours de Bourse de l’action Aphria depuis mi-2017
L’évolution du cours de Bourse de l’action Aphria peut être décomposée en 7 phases depuis octobre 2017 :
- une croissance de + 152 % entre mi-octobre 2017 et début janvier 2018 ;
- un repli de 62 % entre début janvier 2018 et mi-août 2018 ;
- une hausse de + 149 % entre mi-août 2018 et mi-septembre 2018 ;
- une chute de 77 % entre mi-septembre 2018 et début décembre 2018 ;
- une croissance de + 184 % entre début décembre 2018 et début février 2019 ;
- une chute de 79 % entre début février 2019 et mi-mars 2020 ;
- une hausse de + 98 % depuis mi-mars 2020.
FAUT-IL INVESTIR DANS LES SOCIÉTÉS PRODUCTRICES DE CANNABIS CANOPY GROWTH ET APHRIA ?
Ces sociétés sont deux grands acteurs du secteur du cannabis profitant d’une croissance soutenue de leurs chiffres d’affaires, surtout depuis 3 ans.
Elles évoluent au sein d’un secteur en plein essor et dont la croissance devrait se poursuivre au cours des prochaines années.
Il est important de rester conscient du risque législatif lié à une remise en cause de la légalisation du cannabis, même si celui-ci semble faible.
Les investisseurs de la catégorie « growth » peuvent clairement s’intéresser à Canopy Growth et Aphria pour leurs capacités exponentielles à gagner des parts de marché (+ 463 % et + 1 367 % de croissance de leurs chiffres d’affaires depuis 3 ans).
L’inconvénient que nous pourrions relever provient du fait que ces sociétés enregistrent des pertes à leurs compte de résultat. Notons que cette situation de pertes peut être « normale » lorsque qu’une société est en phase de croissance car elle privilégie ses parts de marché.
Les cas sont d’ailleurs nombreux : Tesla, Shopify, Wix Spotify, etc. qui, malgré une situation de pertes au compte de résultat, restent des sociétés très appréciées sur les marchés boursiers comme l’indiquent l’évolution de leurs cours de Bourse. Celui de Tesla est en croissance de + 536 % sur 3 ans, celui de Shopify de + 939 %, celui de Wix de + 383 %. Quant à Spotify, plus récemment introduite en Bourse, elle gagne + 105 % sur 1 an. Facebook était également en pertes à ses débuts jusqu’en 2008, et se classe à ce jour parmi les plus grands groupes mondiaux réalisant des profits récurrents depuis plus de 10 ans.
COMMENT INVESTIR DANS LE CANNABIS ?
Il existe un indice des sociétés du secteur du cannabis nommé « Marijuana Index » accessible sur le site marijuanaindex.com.
Une liste des sociétés du secteur du cannabis y est également présentée. Elle est composée de 10 sociétés en date du 28 août 2020 :
Il est possible d’acquérir des actions de sociétés du secteur du cannabis par l’intermédiaire d’un compte-titres. La majorité d’entre elles étant situées au Canada ou aux États-Unis, elles ne sont donc pas éligibles au PEA (Plan Épargne en Actions).