L’Assemblée nationale a voté en novembre 2018, la création d’une amende forfaitaire de 200 euros à destination des consommateurs de drogue. Rennes devrait l’expérimenter dès le début 2020 a annoncé le procureur de la république Philippe Astruc.
Dans les faits, un procès-verbal électronique sera dressé directement au consommateur de stupéfiants. Elle sera de 200€ (150€ si payée rapidement) et éteindra toute action publique, même s’il y aura quand même une inscription au casier judiciaire. À noter que c’est le Centre national du traitement automatisé des infractions routières, basé à rennes, qui sera chargé d’encaisser les amendes.
Jusqu’alors, le consommateur interpellé était sous le coup d’une peine de prison et d’une forte amende. La loi, qui remonte à 1970, sanctionne la consommation de stupéfiants, sans distinction entre les stupéfiants, de 3750€ d’amende et d’un an de prison. Des sanctions peu souvent prononcées. En général, on voit plutôt des sanctions comme un rappel à la loi, ou un stage de sensibilisation, ou une injonction thérapeutique.
S’attaquer à la demande
Pour Philippe Astruc, au-delà de la lutte contre les trafics de stupéfiants et les dealers, il faut aussi « sensibiliser, responsabiliser et sanctionner les usagers qui ont une part de responsabilité dans la dégradation de vie de certains quartiers » et ainsi faire baisser la demande. Certains ont une image romantique de l’usage de stupéfiants, mais, d’une part c’est un délit prohibé par la loi et d’autre part, la présence des revendeurs de stupéfiants joue sur la dégradation de la qualité de vie des riverains sur les lieux de trafics ». Et d’ajouter que « ceux qui s’adonnent à ce genre de consommation, doivent savoir qu’en achetant ces produits, ils alimentent des réseaux souterrains parfois mafieux ».
Pour expliquer les effets de la mise en application de cette amende forfaitaire, le procureur de la république n’hésite pas à faire le parallèle avec les amendes forfaitaires liées aux excès de vitesse et détectées par les radars et qui, selon lui, ont eu un impact sur le comportement au volant de tous les conducteurs.
Cette mesure a été votée par l’Assemblée nationale fin novembre 2018, pour répondre à l’augmentation du nombre de consommateurs de cannabis. Selon le rapport de l’OFDT d’avril 2019, la France compte 45% d’expérimentateurs du cannabis parmi les adultes, 11% d’usagers dans l’année et 6% au cours du dernier mois.
Un mauvais signal pour les médecins
Interrogé sur la pertinence d’une telle mesure, Alain Baert, toxicologue et unique médecin légiste à s’occuper du suivi des personnes concernées par l’obligation de se faire soigner en Ille-et-Vilaine, se désole qu’on néglige d’accompagner les accrocs du cannabis. Il considère qu’ « une peine automatique décidée sans examen bien précis de la situation fait que l’aspect sanitaire disparaît finalement » et donc un « mauvais signal » pour les médecins.
Source : France 3 Bretagne