« L’histoire que je veux vous raconter aujourd’hui est celle d’un produit », annonce Roberto Saviano. L’auteur de Gomorra et plus récemment d’Extra pure, voyage dans l’économie de la cocaïne, choisit de passer par internet, pour expliquer cette fois ce qu’implique le commerce de la marijuana.
Avec plus de 180 millions de consommateurs de marijuana dans le monde, et 4 millions au moins en Italie, l’interdiction qui pèse sur la vente de haschich génère un marché noir. Ce dernier, selon les estimations de l’écrivain italien, serait de plusieurs centaines de milliards de dollars. Le tout assurant le financement de la mafia et du terrorisme. « Voilà pourquoi la prohibition des drogues est une stratégie qui ne fonctionne pas », explique-t-il.
Plus de 10 % de la population mondiale entre 15 et 64 ans consomme chaque année autour de 3 millions de kilos.
Il lancera d’ailleurs dans deux mois et demi un espace, Il Mondo Cane, qui sera un magazine numérique pour proposer « une nouvelle manière de raconter les faits ». Selon lui, « savoir est l’unique manière de changer la réalité. Et la seule façon que nous avons de pouvoir contrer le pouvoir des organisations criminelles ».
« C’est un fait établi que la légalisation diminue la consommation, génère des profits légaux et, surtout, affaiblit les organisations criminelles. La prohibition a échoué […] Je chercher à le raconter ici, parce que l’on a besoin de légaliser les drogues et tout de suite. Je tente de dire cela, parce que nous n’avons plus le temps. »
Il passe également en revue les tentatives multipliées de lutter et d’investir dans la lutte contre le trafic, montrant que jusqu’à lors, les solutions pénales n’ont jamais porté leurs fruits. Mais le vrai problème reste que « la marijuana a toujours fait l’objet de controverses et d’instrumentalisation politique ».
Saviano fait aussi part de l’initiative de différents pays : le Portugal, qui a choisi de dépénaliser toutes les drogues, en 2001. Selon les données du pays, en quinze ans, on a assisté à une nette diminution de la consommation de marijuana, mais également des incarcérations. [La loi fut adoptée le 30 novembre 2000, NdR]
On parle également de la législation adoptée en 2014 dans le Colorado et Washington, qui légalisent les petites quantités — jusqu’à 28 grammes – après référendum. Depuis le 1er janvier 2014, plusieurs boutiques sont autorisées à en vendre, dans 8 villes des États.
Légaliser, un premier pas nécessaire
En novembre 2015, le romancier avait déjà envoyé un message allant dans ce sens, suite à une enquête menée par le magazine Test. « Ceci est intéressant, parce que la question de la marijuana touche à la santé, la culture et particulièrement, l’anti-mafia, oui, spécifiquement la lutte anti-mafia, parce que l’argent des organisations criminelles peut être simplement détourné grâce à la légalisation. C’est le premier pas nécessaire. »
Source : Actualité.com