COP16 : Comment la guerre mondiale contre les drogues nuit aux peuples autochtones et à l’environnement.
En octobre dernier, la 16e Conférence des Parties (COP16) de la Convention sur la diversité biologique (CDB) s’est tenue à Cali, en Colombie. Cette édition a mis en lumière un enjeu crucial et souvent ignoré : l’impact de la guerre mondiale contre les drogues sur les peuples autochtones et l’environnement. Pour le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC), il est fondamental de souligner les conséquences destructrices des politiques prohibitionnistes sur les écosystèmes et les communautés qui les protègent.
L’impact environnemental de la guerre contre la drogue
Depuis des décennies, la guerre contre les drogues contribue directement à la déforestation, à la perte de biodiversité et au changement climatique. Les politiques de répression encouragées par les Nations Unies ont mené à des campagnes d’éradication des cultures illicites, provoquant la destruction massive des forêts tropicales, notamment en Amérique latine. L’utilisation de défoliants chimiques pour détruire les cultures de coca, de cannabis ou de pavot contamine les sols et les cours d’eau, détruisant la faune et la flore locales. En 2022, la Colombie a perdu plus de 171 000 hectares de forêt, en grande partie à cause des déplacements forcés des cultures illicites.
Cette approche militarisée pousse les cultivateurs à déplacer leurs cultures vers des zones plus reculées, entraînant une déforestation supplémentaire et des conflits territoriaux avec les peuples autochtones. Ces communautés, déjà marginalisées, sont exposées à des violences accrues et à la perte de leurs terres ancestrales. Par exemple, les peuples autochtones Nasa et Awá en Colombie subissent régulièrement des violences liées aux opérations militaires antidrogue.
L’urgence d’une réforme des politiques des drogues
Le rapport de la Coalition internationale pour la réforme des politiques en matière de drogues et la justice environnementale, intitulé « Révéler le chaînon manquant de la justice climatique : la politique en matière de drogues », met en évidence la nécessité de repenser les approches prohibitionnistes. Ces politiques de répression freinent les efforts de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique.
La sécurisation des terres et des droits des peuples autochtones, la gouvernance climatique et la préservation des écosystèmes ne peuvent être pleinement efficaces sans intégrer la question de la prohibition des drogues. La reconnaissance des savoirs traditionnels, notamment l’utilisation ancestrale de plantes comme la coca, est essentielle pour construire des solutions durables et respectueuses des droits humains.
Parmi les solutions proposées, des programmes de substitution de cultures doivent être élaborés en concertation avec les communautés locales, en valorisant les pratiques agricoles traditionnelles et en soutenant des alternatives économiques viables. De plus, la légalisation et la régulation des substances actuellement interdites pourraient réduire les pressions sur les écosystèmes et favoriser des modes de production plus durables.
Intégrer la réforme des politiques des drogues aux discussions internationales
Les instances internationales, telles que la Commission des stupéfiants (CND) et l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC), doivent offrir une tribune permanente aux peuples autochtones et aux défenseurs de l’environnement. Leurs témoignages sont indispensables pour développer des stratégies de santé publique et de protection environnementale basées sur la démilitarisation et le respect des droits humains.
La Colombie, sous la présidence de Gustavo Petro, propose une alternative en prévoyant l’achat des récoltes de coca par l’État afin d’accompagner les cultivateurs vers des activités économiques légales. Cette approche, présentée lors de la COP16, reflète la volonté de rompre avec les stratégies de répression et d’encourager des solutions de développement durable. Cette stratégie innovante s’inscrit dans une volonté de protéger les écosystèmes tout en assurant la sécurité économique des communautés rurales.
Le rôle du CIRC dans cette lutte
En tant que collectif militant pour la légalisation du cannabis et la défense des libertés individuelles, le CIRC dénonce l’impact criminogène et destructeur de la prohibition. Nous appelons à une réforme globale des politiques des drogues, intégrant des considérations écologiques et sociales.
La protection de l’environnement et des droits des peuples autochtones est indissociable de la fin de la guerre contre les drogues. Pour avancer vers une véritable justice climatique, il est urgent que les discussions internationales reconnaissent l’échec criminogène de la prohibition et adoptent des politiques respectueuses des droits humains et de la biodiversité.
La Marche Mondiale du Cannabis de mai 2025 sera l’occasion de rappeler que la lutte contre la prohibition est aussi une lutte pour la justice sociale et environnementale. Rejoignez-nous pour exiger des politiques plus humaines, plus justes et plus durables. La convergence des luttes pour la dépénalisation des drogues, la légalisation à minima du cannabis et la préservation de l’environnement est essentielle pour bâtir un avenir plus équitable et durable pour tous.
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