La fermeture des frontières et les mesures de confinement perturbent l’économie illégale de stupéfiants. Les trafiquants doivent gérer une pénurie de matière première et tentent d’adapter leurs routes de livraison tandis que les consommateurs peuvent être tentés par des produits de substitution plus dangereux, selon le dernier rapport de l’office des Nations unies contre la drogue et le crime.
Avions cloués au sol, fermeture des frontières, confinement qui limite les déplacements… La pandémie de Covid-19 ne touche pas que l’économie légale. Les mesures prises de par le monde impactent en effet aussi l’économie parallèle et notamment le trafic de drogue.
Or, s’alarme, ce jeudi, l’office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), la pénurie dans la vente au détail de drogues, rapportée par plusieurs Etats, peut « avoir des effets sanitaires négatifs pour les personnes atteintes de troubles de la consommation ».
Risques de surdoses
Dans son rapport, l’UNDOC note que « de nombreux pays dans toutes les régions ont signalé une pénurie globale de nombreux types de drogues au niveau du détail, ainsi que des augmentations de prix, des réductions de pureté ». Avec, parmi les conséquences directes, le fait que certains consommateurs de drogues ont changé de substance en passant, par exemple, de l’héroïne aux opioïdes synthétiques.
Les consommateurs d’héroïne pourraient être amenés à se rabattre sur « des substances nocives produites localement », alors que des États ont constaté une inflation du prix des médicaments de substitution, s’inquiète encore l’ONU.
Fermeture des frontières de l’Afghanistan, premier producteur de pavot
Les consommateurs ne sont pas les seuls à être impactés. Les trafiquants sont aussi obligés de s’adapter. L’Afghanistan, où 90 % du pavot planté à des fins illégales est cultivé, a fermé aux individus ses frontières avec l’Iran et le Pakistan. Le pays a aussi limité la libre circulation intérieure. Autant de décisions qui peuvent avoir une conséquence sur la récolte de pavot ayant lieu entre mars et juin et, ainsi, « entraver la production des opiacés ».
De même, la production de cocaïne semble ralentie en Colombie par le manque de carburant (essentiel dans la production de cette drogue). Pour leur part, les drogues de synthèse au Liban comme en Syrie souffrent d’un manque de précurseurs, les substances chimiques légales détournées pour leur fabrication.
Hausse du trafic par voie maritime
Pour autant, les trafiquants s’adaptent à ce nouvel environnement, notamment pour assurer la fourniture de leurs produits. Alors que « le trafic de drogue par voie aérienne est susceptible d’être complètement perturbé par les restrictions imposées au transport aérien », l’UNODC estime qu’une récente augmentation des saisies d’héroïne dans l’océan Indien pourrait indiquer une augmentation des expéditions d’héroïne vers l’Europe par voie maritime.
De même, Il existe des signes indiquant que le confinement conduit à une augmentation de la demande de cannabis, ce qui pourrait « intensifier les activités de trafic entre l’Afrique du Nord et l’Europe », estime encore le rapport. « Il semble que les groupes de trafiquants de drogue adaptent leurs stratégies, certains ayant commencé à exploiter la situation afin de renforcer leur image auprès de la population en fournissant des services, en particulier aux personnes vulnérables », précise-t-il.
Source : lesechos.fr