Suppléant d’une députée LREM de Trappes (Yvelines) et cadre de la majorité dans sa ville de Reims, l’homme de 33 ans est soupçonné d’être impliqué dans un trafic de drogue international.
En août dernier, l’interpellation et la mise en examen du suspect étaient restées secrètes, le parquet de Lille ne souhaitant pas communiquer sur cette affaire considérée comme sensible. Pourtant la lutte contre le trafic de drogue reste une des priorités de la politique pénale de la Chancellerie, et cette enquête, longue de dix-huit mois, est peu banale. L’information a finalement été révélée par le journal l’Union, deux mois plus tard. Il faut dire que le profil de l’homme à la tête de ce trafic international entre le Maroc, la France et la Belgique, est inhabituel.
Moussa Ouarouss, 33 ans, est un dirigeant d’entreprise, de surcroît député suppléant de La République En Marche (LREM) pour les Yvelines et cadre local de la majorité présidentielle à Reims (Marne), ville dont il est originaire. Le 21 août dernier, soixante kilos de cannabis ont été saisis dans un lieu de stockage de l’agglomération Rémoise par les gendarmes de la section de recherche (SR) de Reims. Au total six hommes, dont Moussa Ouarouss, ont été interpellés et mis en examen pour notamment « importation, transport, détention, et cession de stupéfiants en bande organisée » dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille. À l’exception du député suppléant de LREM, tous sont connus des services de police et ont été écroués. Le trentenaire, lui, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec notamment l’interdiction de quitter le territoire français.
Des frictions avec Alexandre Benalla
Interrogé par le Parisien/Aujourd’hui en France, Moussa Ouarouss dément fermement toute implication et se dit serein. « Il y a encore trois mois, je menais une vie normale et maintenant je suis assailli pour une histoire dans laquelle il n’y a aucun élément contre moi » confie-t-il. Président de « Droit de cité », une association chargée de l’insertion des jeunes vers l’emploi, le trentenaire affirme avoir été seulement en relation avec un des mis en examen dans le cadre du travail qu’il mène au sein de cette structure. D’une famille originaire du Rif marocain, l’homme politique qui a grandi dans une cité de Reims est député suppléant de Nadia Hai, élue lors des législatives en juin 2017 à Trappes, dans l’ancienne circonscription de Benoit Hamon. « Il n’était pas très investi dans la circonscription et j’ai mis fin à notre collaboration en février 2018 », explique l’élue.
C’est au parti socialiste rémois que Moussa Ouarouss a fait ses classes sans y laisser que des bons souvenirs. Selon le journal, L’Union, le jeune militant a été exclu durant un an du parti pour avoir bloqué une serrure avec de la colle, un soir de vote. Le jeune homme s’est ensuite rapproché de la Macronie. En 2016-2017, ce passionné de boxe, à la tête de l’académie « Team Hamid Zaïm » a participé à deux meetings du candidat Emmanuel Macron, en tant que responsable des jeunes avec Macron (Jam), et en assurant avec quelques collègues de ring sa sécurité. Ce qui lui a valu, selon nos informations, quelques frictions avec Alexandre Benalla, qui voyait d’un mauvais œil ce personnage un peu trop intrusif tourner autour du candidat Macron.
À LREM, il n’occupe plus de fonctions depuis septembre
En privé, Moussa Ouarouss revendique une proximité avec Emmanuel Macron aux côtés duquel il a été photographié lors de déplacements du candidat à Châlons-en-Champagne, Marseille, Metz ou Paris, où on l’aperçoit portant une oreillette, selon l’AFP. « Ce n’est ni un proche d’Emmanuel Macron, ni un visiteur de l’Elysée » rectifie-t-on à la présidence de la République. Le trentenaire dispose de multiples casquettes et sait faire parler de lui. En juillet dernier, Arnaud Robinet, le maire LR de Reims, posait ainsi à ses côtés dans son entreprise de biscuits. En commentaire sur son fil Twitter, l’élu indiquait « Visite d’une belle entreprise qui fait rayonner notre territoire ».
Aujourd’hui Moussa Ouarouss crie au complot politique. « C’est parce que je fais partie d’un parti politique, on a voulu faire le buzz avec moi et salir mon image » dit-il. Le trentenaire accuse un des adversaires politiques de tous ses ennuis. Le cadre de LREM avait sollicité au printemps l’investiture de la majorité présidentielle pour les élections municipales à Reims, finalement accordée à son rival, l’avocat Gérard Chemla. Sollicitée, la direction de LREM, affirme que Moussa Ouarouss n’a plus aucune fonction au sein du mouvement et n’est plus membre de son comité depuis septembre. Date à laquelle le parti a appris son implication présumée dans un trafic de drogue international. Une énième casquette que peu de monde lui voyait porter jusque-là.
Source : Le Parisien