C’est sans doute à l’aune de ses résultats que l’on pourra juger des gesticulations sécuritaires de M. Gérald Darmanin. Empêtré dans des affaires de mœurs, le « 1er flic de France » semble désespérément essayer de les faire oublier en agitant le chiffon rouge de l’insécurité, à travers en l’occurrence le prisme de LA DROGUE.
Grand mal lui en a prit avec la désastreuse « affaire Corbk Hood », du nom de ce jeune rappeur ayant diffusé sur les réseaux sociaux, les rushes de son clip dans le but, selon leur auteur, de provoquer le buzz. Chose faite par la grâce des autorités et des médias serviles fonçant dans le panneau dressé par l’ado espiègle. Et le ministre de l’Intérieur d’y aller un peu plus en ordonnant de surcroît une descente de police dans la cité grenobloise Paul Mistral où furent tournées les images subversives.
À défaut de reconnaître son emballement dans ce qu’il faut bien qualifier de supercherie, notre fringant ministre s’est à contrario félicité des piètres résultats de l’opération (deux scooter saisis, de l’agent et quelques kilos de cannabis… pas de quoi perturber le business local en réalité !).
Qu’à cela ne tienne, la stratégie consistant aux effets d’annonce et aux bonnes résolutions à l’intention des Français.es les plus plus apeuré.e.s et déjà sensibles au fantasmatique « sentiment d’insécurité » que nous rabâche depuis belle lurette le duo politico-médiatique, demeure prioritaire.
Les conséquences de cette démonstration d’autorité aussi pathétique qu’irresponsable, ne tarderont sans doute pas à se manifester. L’insomnie promise aux trafiquants de tout poil devrait davantage toucher les forces de l’ordre dont les opérations provoquent plus de dégâts qu’elle n’en résolvent. Et de le constater lorsque, après chacune d’entre ellese, l’on assiste à de violents règlements de compte dans le but de s’emparer du marché laissé vacant par un réseau démantelé. Comment oser imaginer en effet que les réseaux criminels décident de renoncer aux colossaux profits générés par le négoce de drogues que l’État a choisi de leur abandonner depuis un demi-siècle cette année ? De l’aveu même d’un responsable syndical policier, les moyens dont disposent ces réseaux sont sans communes mesures avec ceux octroyés aux forces de l’ordre. Ils ont et auront toujours dans ces conditions un coup d’avance, quelque soient les dispositifs répressifs engagés.
Quant à prétendre que s’attaquer aux usagers permettra de résoudre la question, c’est faire preuve à n’en pas douter d’une ignorance crasse du phénomène.
Nous pourrions cyniquement encourager M. Gérald Darmanin à y aller toujours plus dans sa vision sécuritaire pour révéler un peu plus aux yeux de l’opinion public, la nature insoluble de la question des drogues en une approche exclusivement répressive. De plus en plus d’États nord-américain l’ont compris qui, après avoir longtemps promu la prohibition du cannabis, ont commencé depuis quelques années à s’en défaire.
Un choix que notre ministre de l’Intérieur considère comme « une lâcheté intellectuelle ». Et y aller aussi du « mais quel message donnerait-on à la jeunesse ? ». Mais quel message adresse-t-on à une partie de la jeunesse en la précipitant dans les bras de réseaux criminels pour s’approvisionner et en lui « offrant » le détestable statut de délinquant si ce n’est celui d’un appareil politique sclérosé et réactionnaire ?
Quant aux arguments employés pour légitimer cette politique de l’échec (explosion des trafics et de l’usage), faut-il rappeler qu’ils interviennent dans le contexte prohibitionniste et ne peuvent par conséquent être imputés au prétendu laxisme des antiprohibitionnistes.
De deux choses l’une dès lors. Soit comme avec ses prédécesseurs, ces gesticulations finiront par être oubliées, soit, ce qui est le plus à craindre, elle provoqueront de redoutables conséquences dans les rapports déjà sensibles qu’entretient la jeunesse précarisée des quartiers populaires avec des forces de l’ordre encouragées désormais à pratiquer le racket institutionnalisé que constitue l’AFD.
En nommant à la tête du ministère de l’Intérieur un pompier pyromane, le gouvernement de M. Jean Castex prend le risque de déclencher de nombreux foyers insurrectionnels dans les banlieues. Ce que personne ne souhaite, loin s’en faut.
Jugez plutôt…
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Source page Facebook du CIRC ( lire le texte qui accompagne la vidéo )