« Le Canada demeure aux prises avec la crise du Fentanyl et les sources de drogues empoisonnées qui ont ravagé nos collectivités et emporté la vie de milliers de personnes », a rappelé jeudi le chef de la Police de Vancouver, Adam Palmer, président de l’association nationale.
(Ottawa) Les chefs de police du Canada estiment que la décriminalisation de la possession simple de drogues illicites constituerait la meilleure façon de lutter contre la toxicomanie et les surdoses, parfois mortelles.
L’Association canadienne des chefs de police propose plutôt d’améliorer l’accès aux soins de santé, aux traitements et aux services sociaux, afin d’éviter la judiciarisation des dépendances. Cette décriminalisation s’appliquerait aux personnes en possession d’une petite quantité de drogues illicites, pour leur consommation personnelle et non pour la revente.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a déjà légalisé l’usage récréatif du cannabis, pour garder la marijuana hors de la portée des mineurs et retirer ce marché des mains du crime organisé. La décriminalisation n’est pas synonyme de légalisation, comme pour la marijuana : la possession de drogues illicites demeurerait illégale, mais les peines pour possession de petites quantités (« possession simple ») seraient réduites, ou alors les condamnations criminelles seraient remplacées par des amendes ou d’autres types de sanctions.
« Le Canada demeure aux prises avec la crise du Fentanyl et les sources de drogues empoisonnées qui ont ravagé nos collectivités et emporté la vie de milliers de personnes », a rappelé jeudi le chef de la Police de Vancouver, Adam Palmer, président de l’association nationale. « Nous recommandons que l’application de la loi cède sa place à une approche intégrée, axée sur la santé, et fondée sur des partenariats entre la police, le secteur des soins de la santé et les divers ordres gouvernementaux. »
Les chefs de police soutiennent que des mesures de déjudiciarisation permettraient d’améliorer la santé et la sécurité des individus qui consomment de la drogue, tout en réduisant le crime contre la propriété, les récidives et la demande pour les drogues dans les rues. Ils demandent la création d’un groupe de travail national pour « explorer des réformes à la politique en matière de drogues », en modifiant notamment les sections du Code criminel qui portent sur la possession simple.
« Les efforts policiers et judiciaires doivent continuer à être dévoués au combat contre le crime organisé et à la perturbation du système d’approvisionnement en substances nuisibles dans nos communautés en ciblant le trafic de la drogue ainsi que la production et l’importation illégales de la drogue », rappellent les chefs de police.
Mais le rôle traditionnel des agents de première ligne « a fondamentalement changé, pour favoriser la réduction des méfaits lors des interventions auprès des toxicomanes ou des individus qui souffrent de maladies mentales », a soutenu le chef Palmer. « Très souvent, les policiers sont le premier contact et sont les intervenants qui aideront à orienter les individus vers les services et soins appropriés », a-t-il ajouté.
Les recommandations des chefs découlent des conclusions d’un comité spécial chargé en 2018 d’étudier la décriminalisation des drogues illicites et ses répercussions sur la santé publique et la police. Dans son rapport déposé ce mois-ci, le comité a recommandé des approches nouvelles et innovantes pour freiner les surdoses de drogues.
« À l’heure actuelle, les toxicomanes subissent des conséquences, y compris des casiers judiciaires, la stigmatisation, les risques de surdose et la transmission de maladies transmissibles par le sang, soulignait le comité. L’objectif est d’atténuer ces effets nuisibles en éliminant les sanctions pénales qui seraient remplacées par des interventions favorisant l’accès à des services de réduction des méfaits et à des services de traitement. »
L’Association canadienne des chefs de police représente 1300 directeurs de divers corps policiers du pays.
Source : Lapresse.ca