La légalisation du cannabis est un sujet qui divise la majorité présidentielle. Si le président de la République et Gérald Darmanin ont fermé la porte, des députés LREM maintiennent la pression.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ne cesse de le marteler : pas question pour lui, qui a érigé la lutte contre le trafic de stupéfiants en « mère des batailles », de légaliser le cannabis. Fin avril, Emmanuel Macron avait donné le ton dans une interview au Figaro, clin d’œil à la droite. « Dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge », y affirmait le président, martelant, après l’instauration en septembre d’une amende forfaitaire de 200 euros pour l’usage de drogues, son opposition à toute « dépénalisation généralisée ». Le sujet a eu beau être abordé avec légèreté lors de son « concours d’anecdotes » avec McFly et Carlito, la ligne demeure la même.
Or, elle n’est pas partagée par tout le monde au sein de la majorité. Début mai, un rapport de 300 pages sur le cannabis dit « récréatif », écrit par la députée LREM Caroline Janvier, cosigné par son collègue, LREM également, Jean-Baptiste Moreau, pointe « l’échec » de la politique répressive. Issu des travaux de la mission parlementaire transpartisane installée début 2020, le texte insiste sur « l’hypocrisie des discours de fermeté » et prône la légalisation du cannabis pour « reprendre le contrôle » face aux trafiquants et mieux protéger les mineurs. « On propose une légalisation régulée, encadrée », souligne Caroline Janvier.
Pas de prévention avec un produit interdit
Les députés de la mission ont prévu de rencontrer l’ensemble des ministres concernés. Ils ont déjà vu Olivier Véran (Santé), « sensible à la question de la prévention » selon eux. La discussion devrait être plus serrée avec Gérald Darmanin, qui estimait encore récemment que le cannabis est devenu « une drogue dure ». « On n’a jamais dit que le cannabis n’était pas dangereux. Mais vous ne pouvez pas avoir de politique de prévention sur un produit qui est totalement interdit. Il faut que l’État joue son rôle de régulateur », défend Jean-Baptiste Moreau, estimant la ligne Darmanin « anachronique ».
Façon de maintenir la pression, le Marcheur a cosigné une nouvelle proposition de loi, déposée par le député LFI Éric Coquerel sans quasiment aucune chance d’aboutir. Quid, dès lors, des travaux de la mission ? « Les parlementaires ont fait un travail remarquable et je trouve que ce travail mériterait de nourrir un débat dans la société », juge, sans prendre lui-même position, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand. Sujet brûlant, à un an de la présidentielle…
Source : Leparisien.fr