Culture du kif et son usage au Maroc
L’histoire du kif au Maroc remonte selon plusieurs historiens au septième siècle. Ramenées d’Asie et du Moyen-Orient par les conquérants arabes, les premières graines de cannabis furent plantées dans le sol marocain. Cultivée à l’origine pour la fabrication de tissus et de médicaments, cette plante prendra d’abord racine dans diverses régions marocaines, dont notamment le Haouz et le Gharb.
La culture et la consommation du kif, au Maroc, ne datent pas d’hier.
Ramenées d’Asie et du Moyen-Orient dans les besaces des conquérants arabes, les premières graines de cannabis furent plantées dans le sol marocain durant le septième siècle. Cultivée à l’origine pour la fabrication de tissus et de médicaments, cette plante prendra d’abord racine dans diverses régions marocaines, notamment le Haouz et le Gharb, avant de se propager dans d’autres régions, principalement le Nord et le Rif.
Le kif à la conquête du Rif
D’ailleurs, comme l’expliquait Karim Anegay, écrivain et ancien directeur national du projet « Développement et introduction de cultures alternatives dans le Rif » : « Le kif n’était pas encore perçu comme une drogue et son usage était considéré comme une simple pratique sociétale destinée à la détente. Une sorte de péché mignon en somme ». Ni positive, ni négative, cette perception du kif perdurera jusqu’aux années 70, voire 80. C’est ainsi qu’il n’était pas rare de voir des personnes tout à fait respectables en train de fumer le Sebsi (pipe à kif) sur les terrasses des cafés de Tanger, Rabat, Casablanca ou Marrakech.
Entre prohibition et tentation de légalisation
Car pour réussir cette bataille, soulignent certains spécialistes, ce ne sera qu’avec des mesures mûrement réfléchies et bien programmées, que des résultats positifs pourront être obtenus dans des projets à caractère expérimental. Car, malgré toutes les politiques et initiatives menées par les autorités marocaines durant les deux dernières décennies pour résoudre cette équation ardue qu’est la culture du kif, le problème demeure toujours d’actualité. Tandis que pour une catégorie de chercheurs, il faut explorer d’autres voies, plus réalistes et plus osées, comme la légalisation pure et simple de la culture du cannabis et l’orientation de sa production nationale vers des usages thérapeutiques, voire même à un usage récréatif sous contrôle étatique, comme c’est le cas depuis un certain temps déjà au Canada et aux États-Unis. D’où le débat actuel.
D’une régie à une autre
Repères
Avec le temps, le haschich a changé la perception du kif avec pour principal effet de doper la production du cannabis au Maroc. En effet, la demande en cette nouvelle drogue se faisant de plus en plus grandissante, notamment en Europe, les parcelles de cannabis se multiplient à une vitesse hallucinante. Il faut en effet 100 kilos de kif pour produire un seul kilogramme de haschich. Ainsi d’une centaine d’hectares au début des années 60, l’aire de production du cannabis dans le Rif atteint les 50.000 hectares durant les années 80 pour culminer à plus de 100.000 hectares durant les décennies 90 et 2000, avant de rechuter au cours des années 2000 et 2010. Entre temps, les variétés traditionnellement cultivées, dont la fameuse Beldia, ont été remplacées par de nouvelles variétés généralement génétiquement modifiées dans des laboratoires en Jamaïque et aux Pays-Bas pour une plus grande productivité et un dosage supérieur en THC
Cadre juridique d’antan
En 1906, la conférence d’Algesiras offre au Maroc un véritable cadre juridique à cette culture. Dans ses articles 58 et 60, cette conférence dispose que : «L’opium et le kif continueront à faire l’objet d’un monopole au profit du Gouvernement d’alors. Néanmoins, l’importation de l’opium spécialement destiné à des emplois pharmaceutiques sera autorisée par permis spécial, délivré par le Makhzen…». Pour la commercialisation, elle donnera naissance à la Régie des kifs et des tabacs, ancêtre de l’ancienne régie des tabacs privatisée en 2003
Le Sebsi, un has been
A partir du milieu des années 60, une communauté de hippies composée de ressortissants hollandais, français, allemands et américains s’établit à Kétama et initie les producteurs marocains aux méthodes d’extraction de dérivés hallucinogènes du kif. C’est la naissance du haschich et de son huile qui, quelques mois à peine après son apparition au Maroc, relègue le kif au rang de drogue ringarde. Aussitôt, le Sebsi devient has been, la jeunesse marocaine et mondiale lui préférant désormais le joint jugé plus branché.
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