Publié le 18 Août 2020 | par Digg’s Terra
La pandémie de coronavirus a perturbé l’économie mondiale dans des proportions encore difficiles à déterminer. Les États-Unis étant à la fois l’état le plus meurtri par le COVID-19 et l’un des épicentres de l’univers cannabique, le pays de l’Oncle Sam constitue un cas d’étude idéal pour la compréhension des mécanismes liant les deux phénomènes. Du petit cannabiculteur aux grands dispensaires en passant par les producteurs à grande échelle, notre breeder Digg’s Terra nous dresse le portrait d’un pays en ébullition durant la pandémie.
L’année 2020 aura droit à un chapitre entier dans les livres et manuels d’histoire que liront nos enfants et nos petits-enfants. En quelques mois, le monde semble avoir changé en profondeur. Nos habitudes, nos perceptions, nos consciences ont évolué. Le commerce a été mis entre parenthèse, l’économie a été immobilisée, le business s’est retrouvé paralysé. Notre vie s’est arrêtée, dans l’attente fébrile et incertaine d’une solution à un problème qui nous dépassait. Quant à savoir ce que nous réservent les prochains mois, mieux vaut ne pas se perdre en conjectures.
L’industrie du cannabis, au prix des lents et laborieux efforts consentis au cours du dernier lustre, s’est imposée comme le pourvoyeur de médecines alternatives le plus prisé de nombre de communautés à travers les États-Unis. En mars, alors que les premiers confinements étaient décrétés, l’accès au cannabis a d’ailleurs été considéré comme un service essentiel dans les états où son commerce était légal. Les consommateurs ont donc pu continuer à s’approvisionner dans des conditions sanitaires adaptées et sûres.
Ces mesures de sécurité ne concernaient pas que les clients mais aussi les producteurs. Par chance, la plupart des fermes étatsuniennes sont assez isolées. Par ailleurs, des horaires fort prenant et un travail fort fatiguant conduisent naturellement à la limitation des interactions entre travailleurs et, a fortiori, avec l’extérieur. Ces conditions de travail si particulières étaient bien adaptées à un contexte de pandémie. Mais des normes spécifiques ont malgré tout été émises par les états pour entourer la production et le commerce du cannabis. Ces protocoles étaient d’ailleurs particulièrement stricts pour la vente au détail.
Durant cette période, les dispensaires de tout le pays ont connu une affluence de clients hors norme. La demande sur le « marché traditionnel » (marché noir) a elle aussi connu une croissance extrême, menant à une forte hausse des prix causée par l’insuffisance des stocks et les restrictions du transport inter-états de cannabis. Le confinement a aussi mené à une forte croissance de la production domestique de cannabis. D’anciens auto-producteurs qui, attirés par les prix bas du marché cannabique, avaient délaissé leur jardin, de même que des novices en quête d’expériences nouvelles s’en donnèrent à cœur joie et couvrirent les États-Unis de plants de cannabis domestiques. La combinaison d’un été chaud et d’un confinement prolongé avaient en effet rendu l’achat de graines de cannabis et l’autoproduction plus rentables et attirants que jamais.
L’étude du commerce du cannabis à travers les États-Unis atteste d’une demande croissante en produits de première qualité. Bien que le marché régulé ait atteint la saturation, il n’est pas encore parvenu à satisfaire la forte demande qui émane de clients toujours plus nombreux et exigeants. Ce problème, qui perdure depuis la légalisation du commerce du cannabis, permet à nombre de petites marques de se lancer dans l’aventure et d’y tenter leur chance. À l’heure actuelle, les principaux dangers auxquels doivent faire face ces petits producteurs sont les spéculateurs (capital-investissements et hedge funds). En recherche d’une position dominante, voire monopolistique, ceux-ci empêchent l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché et étouffent la concurrence, surtout dans le commerce au détail.
Les nombreuses petites entreprises qui ont récemment émergé au gré de relations saines et de politiques tarifaires honnêtes constituent à présent la base même du marché cannabique, une pierre angulaire devenue indispensable à son équilibre. Les consommateurs doivent prendre conscience du pouvoir qui est le leur et de l’immense influence qu’ils ont sur l’évolution d’un marché friable et mouvant. Nous ne pouvons donc que les encourager à se tourner vers les petits producteurs dans les états où ils sont encore présents. Des produits d’une qualité indicible sont disponibles et on ne le sait que trop peu. Il revient au consommateur d’inlassablement scruter, d’infatigablement sonder et de vaillamment rechercher ces trésors verdâtres s’ils désirent pouvoir encore longtemps profiter de cette plante qui leur plaît tant.