Les présidents des partis de la coalition en République tchèque discutent du projet de loi sur le cannabis.
La République tchèque est sur le point de franchir une étape historique avec l’introduction éventuelle d’une loi réglementant la culture et la possession de cannabis à des fins personnelles. Cette loi fait actuellement l’objet de discussions au sein de la coalition au pouvoir. Ce mercredi 21 mai, les présidents des partis de la coalition se sont réunis pour discuter du projet de loi.
Un projet de loi inspiré de la législation allemande
« Si la coalition gouvernementale parvient à un accord et adopte le projet de loi sur le traitement du cannabis, il s’agira d’une étape historique dans la lutte contre les effets négatifs de la pratique actuelle de la prohibition », a déclaré Robert Veverka, président de l’association RARE (Rational Regulation). Le projet de loi tchèque, similaire à celui en vigueur en Allemagne, vise à créer un cadre juridique pour l’usage légal du cannabis.
Les avantages d’une réglementation stricte
Veverka a souligné plusieurs avantages potentiels de cette législation :
- Réduction des risques sanitaires et sociaux : En encadrant légalement la consommation de cannabis, les risques associés à un marché noir non régulé peuvent être diminués.
- Protection des mineurs : Une réglementation stricte permet de mieux contrôler l’accès au cannabis, empêchant ainsi les mineurs de s’en procurer.
- Lutte contre le marché illégal : La légalisation permettrait de réduire l’attrait et la taille du marché noir.
- Réduction des coûts d’application de la loi : Moins de ressources seraient nécessaires pour poursuivre les infractions liées au cannabis.
- Respect des droits de l’homme : Permettre l’usage personnel du cannabis répond à une demande croissante de la population pour plus de liberté personnelle.
Veverka a également souligné que le projet de loi établirait des règles claires pour un marché réglementé des produits à base de cannabis et de chanvre. « Nous pensons que la loi qui en résultera sera complète et qu’elle définira non seulement le droit de tout adulte de cultiver et de posséder du cannabis pour son usage personnel ou de déléguer ce droit à un club de cannabis, mais qu’elle établira également des règles claires pour un marché réglementé des produits à base de cannabis et de chanvre », a-t-il ajouté.
Une pression croissante en faveur du changement
La nécessité de cette législation est étayée par le fait que près d’un tiers de la population adulte de la République tchèque a déjà consommé du cannabis, et qu’environ 10 % en consomment actuellement. La politique d’interdiction actuelle expose près d’un million de Tchèques adultes à des poursuites pénales, créant une pression croissante pour un changement de législation.
En mars de cette année, ainsi qu’en février de l’année dernière, le président tchèque s’est exprimé positivement sur la réglementation du cannabis. Selon une étude réalisée par le parti pirate de la République tchèque, la légalisation du cannabis pourrait rapporter entre 650 millions et 1,8 milliard de couronnes par an aux caisses de l’État, soit environ 26 à 75 millions d’euros par an en taxes.
Un sondage réalisé en 2022 a révélé que les deux tiers de la population tchèque sont favorables à la dépénalisation du cannabis, ce qui reflète un soutien public significatif pour cette réforme.
Vers une nouvelle ère de la politique du cannabis en République tchèque
La République tchèque pourrait bientôt rejoindre les rangs des pays ayant adopté une approche progressive et réglementée de la consommation de cannabis. Les discussions au sein de la coalition gouvernementale et les déclarations de soutien des leaders politiques et des associations de régulation montrent une avancée vers la légalisation.
Si le projet de loi est adopté, il pourrait représenter une étape majeure dans la modernisation des politiques de santé publique et de justice pénale en République tchèque, tout en ouvrant de nouvelles perspectives économiques pour le pays.
Lire aussi : La République tchèque pourrait saisir la Cour européenne de justice pour ses projets de légalisation du cannabis