Les effets de ces salles de consommation « sont très positifs en termes de santé », indique l’Inserm. De plus, 11 millions d’euros de coûts médicaux occasionnés par l’usage de drogues seraient évités, chiffre l’Institut.
Par La rédaction avec AFP
8 mai 2021
On en parlait beaucoup il y a cinq ans à leur création en France : les « salles de shoot », comme il en existe plus de 80 dans neuf pays d’Europe, permettent d’encadrer la consommation de drogue des toxicomanes. Et d’après une étude publiée par l’Inserm vendredi, ces salles de consommation à moindre risque (SCMR) que l’on trouve à Paris et Strasbourg démontrent leur efficacité.
A Strasbourg, la salle est située dans l’enceinte d’un vaste hôpital, ce qui ne pose pas de problème. Cependant, à Paris, l’expérimentation est encore décriée : implantée en plein cœur du Xe arrondissement, les riverains se plaignent de bagarres, de l’accumulation de déchets dans la rue ou du fait que certains toxicomanes s’injectent encore la drogue en extérieur.
S’injecter de l’héroïne dans un espace sécurisé
Implantées en 2016 à titre expérimental après de vifs débats, ces deux « salles de shoot » permettent à des centaines d’usagers de drogues de s’injecter de l’héroïne et d’autres opiacés avec du matériel stérile, et dans une moindre mesure depuis fin 2019 de fumer du crack dans un environnement sécurisé.
Dans un document de 350 pages publié, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) propose une évaluation scientifique de ces dispositifs pionniers en France.
« Les salles de Paris et Strasbourg montrent les mêmes résultats qu’ailleurs dans le monde : elles diminuent les pratiques d’injection à risque, le nombre d’injections dans l’espace public, le risque d’overdoses, le risque d’aller aux urgences et la probabilité de commettre des délits », résume Marie Jauffret-Roustide, sociologue de l’Inserm qui a coordonné une partie de cette étude.
La probabilité de faire une overdose réduite
L’Inserm a observé pendant un an 665 consommateurs de drogues de Paris et Strasbourg, mais aussi de Bordeaux et Marseille, deux villes sans espace dédié.
Résultat, la probabilité d’avoir une pratique d’injection risquée, susceptible de transmettre le VIH ou l’hépatite C, est 10 % inférieure pour les usagers des salles, par rapport aux toxicomanes qui n’y ont pas accès, selon Mme Jauffret-Roustide.
La probabilité de faire une overdose est également réduite (-2 %), et le risque de s’injecter le produit en extérieur (-15 %) et de finir aux urgences (-24 %) baissent aussi de manière significative. Ceux qui ont accès à une salle commettent enfin moins de délits.
En extrapolant leur présence sur dix ans, les salles de Paris et Strasbourg permettraient d’éviter 11 millions d’euros de coûts médicaux occasionnés par l’usage de drogues, selon l’étude. Et ce, pour un investissement public raisonnable, selon Anthony Cousien, modélisateur de l’Inserm. « Leur rapport coût-efficacité est meilleur que celui du vaccin contre le zona », résume le chercheur.
L’évaluation, qui inclut les avis de la police et des riverains, conclut également à « une absence de détérioration de la tranquillité publique » depuis l’implantation des structures.
Source : Ledauphine.com