Vous vous demandez comment on consomme de la drogue en France de nos jours ? Les dernières études sur le sujet font état de chiffres parfois surprenants ou particulièrement instructifs.
Où en est la consommation de MDMA, de cocaïne et de cannabis, qui font partie des principales drogues circulant en France ? Qu’il s’agisse des données de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), de l’enquête ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs), ou encore de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), les dernières études sur la consommation de drogue chez les Français font ressortir certains chiffres édifiants sur son évolution, notamment concernant les jeunes.
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Chez les 15-64 ans, le nombre de consommateurs de crack/cocaïne en cristaux a plus que triplé en dix ans
Chez les 15-64 ans, le nombre de consommateurs de crack/cocaïne basée (de la drogue sous forme de cristaux / cailloux et non de poudre, voir image ci-contre) est passé de 12 800 à 42 800 entre 2010 et 2019. Elle a donc plus que triplé (Source : Usages de substances illicites, OFDT, 2021). Dans le dernier rapport de l’OFDT, on apprend aussi que 2,8% des jeunes de 17 ans ont expérimenté la cocaïne en 2017 (Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2017.) Selon Santé publique France, la cocaïne est le second produit stupéfiant le plus consommé sur notre territoire, avec près de 600 000 personnes en ayant pris dans l’année.
Dans les dernières données détaillées sur le sujet, qui remontent à 2017, on découvre que l’expérimentation de la cocaïne, c’est-à-dire au moins un usage au cours de la vie, « semble se stabiliser autour de 5,6 % » chez les 18-64 ans. Cette expérimentation est en forte hausse puisque, en 1992, seul 1,2 % des personnes de cette même tranche d’âge avaient déjà expérimenté cette substance. Sur la même période (1995-2017) « l’usage au cours de l’année continue d’augmenter, passant de 0,2 % en 1995 à 1,6 % ».
L’OFDT explique que le phénomène de l’amplification de l’expérimentation et de l’usage de la cocaïne « s’explique par la dynamique de l’offre : au fil de la hausse de la production mondiale, qui a encore atteint un niveau record en 2021, la cocaïne est devenue, en vingt ans, plus disponible, plus accessible et plus pure ».
Les teneurs et les prix des drogues sont en augmentation
Dans son bilan 2022 de lutte contre les drogues, l’Office anti-stupéfiant (Ofast) fait ressortir une augmentation de la teneur des produits stupéfiants sur presque l’ensemble des drogues, hormis l’ecstasy et la MDMA dont « la teneur moyenne en principe actif est en baisse depuis huit ans ». Pour les autres drogues, les données de l’OFDT dénotent une hausse parfois spectaculaire : la teneur moyenne en principe actif de la cocaïne est ainsi passée de 45,8 % à 63,5 % ; de 9,8 % à 20,3 % pour l’héroïne. Quant à la concentration moyenne de tétrahydrocannabinol (THC), la principale substance active responsable des effets du cannabis, elle a par exemple plus que doublé dans la résine de cette drogue, entre 2011 et 2020… passant de 12,3 % à 26,7 %.
Côté prix, on constate là aussi des augmentations, bien que mesurées : le gramme de résine de cannabis passe en moyenne de 5 à 8 euros entre 2011 et 2020, celui de l’herbe de cannabis augmentant de 7,50 euros à 10 euros en moyenne. En parallèle, le prix du gramme de cocaïne est en hausse de 6 euros, passant de 60 à 66 euros. Le prix de l’héroïne est lui en légère baisse : le gramme passe de 35 à 33 euros.
La consommation de cannabis a chuté chez les élèves
D’après l’enquête EnCLASS 3e sur l’évolution des niveaux de consommation de cannabis parmi les élèves de 3e, relayée par l’OFDT, le taux de collégiens de cet âge ayant déjà expérimenté la consommation de cannabis est passé de 23,9% en 2010 à 9,1% en 2021. L’usage récent de cannabis en 3e est également en forte baisse : il concernait 11,1% des élèves de 3e en 2010 et plus que 3,9% en 2021.
Pour autant, le cannabis reste, de loin, la substance illicite la plus consommée par les Français : 46% des 18-64 ans l’ont expérimentée, et 11 % sont des usagers dans l’année (données Baromètre Santé 2020, Santé publique France). Une proportion d’usagers dans l’année qui a augmenté depuis la période 1990-2000, quand ces usagers dans l’année se situaient entre 4 et 7% (Baromètre Santé publique France). Au global, l’OFDT estime à environ 850 000 le nombre d’usagers quotidiens du cannabis et à 1,3 million le nombre de fumeurs réguliers, c’est-à-dire des personnes ayant « consommé du cannabis au moins 10 fois au cours du mois ».
… Mais les jeunes Français de 16 ans sont les 2e plus grands consommateurs de cannabis en Europe
Selon l’enquête ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) 2019, qui a scruté l’usage dans le mois de cannabis chez les jeunes de 16 ans, les ados français de cet âge-là sont au deuxième rang de la consommation de cannabis en Europe parmi cette classe d’âge. D’après l’OCDE / EMCDDA (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies) en 2019, les 15-75 ans français occupent également le 2e rang européen des consommateurs de cannabis en terme d’usage de cette substance dans le mois.
5 % des 18-64 ans ont expérimenté la MDMA/ecstasy
La MDMA est une drogue de synthèse dérivée de la méthamphétamine. Les consommateurs de cette drogue recherchent un effet énergisant ainsi qu’une plus grande facilité d’interaction avec autrui. En France, 1 adulte de moins de 65 ans sur 20 (5% des 18-64 ans) a déjà pris de la MDMA / ecstasy au moins une fois dans sa vie, soulignent les données du Baromètre Santé 2017 de Santé publique France. Parmi ces expérimentateurs, 7,3 % sont des hommes et 2,7% des femmes. 3,4% des jeunes Français de 17 ans ont par ailleurs expérimenté la MDMA/ecstasy en 2017, d’après l’analyse de l’enquête ESCAPAD 2017 par l’OFDT.
L’expérimentation de cette drogue parmi les 18-64 ans s’est légèrement accrue entre 2014 et 2017, passant donc de 4,3 % à 5%. Le nombre de personnes en ayant consommé au moins une fois dans l’année est également en hausse : en 2000, cela concernait seulement 0,2 % des 18-64 ans ; ce pourcentage monte à 1 % en 2017. Ces 1% équivalent à environ 400 000 personnes selon l’OFDT.
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