Alors que la commission mixte paritaire se réunit ce 10 avril pour trancher sur la proposition de loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », le CIRC – Collectif d’Information et de Recherche Cannabique – tient à alerter l’opinion publique sur le caractère rétrograde et fondamentalement inefficace de ce texte. Cette proposition, ancrée dans une vision purement répressive de la question des drogues, incarne une fois encore l’incapacité des décideurs politiques à aborder le sujet avec lucidité, humanité et pragmatisme.
Une loi qui nie les réalités
Plutôt que d’analyser les racines du trafic – pauvreté, inégalités, désespoir social et absence de perspectives dans de nombreux quartiers – les rédacteurs de la loi choisissent d’ignorer les faits, les données, les comparaisons internationales et même les recommandations de professionnels de santé, de magistrats ou d’experts en sécurité. La répression y est érigée en solution miracle, alors même que l’histoire récente et les chiffres disponibles en démontrent l’inutilité criminogène.
En 2024, ce sont 1,2 milliard d’euros d’argent public qui ont été engloutis dans la politique de lutte contre les drogues. Et pourtant, 80 % des infractions concernent des usagers, pas des trafiquants. Cette loi, en refusant d’abandonner cette logique absurde, ne s’attaque ni à la source des trafics ni aux réseaux mafieux qui prospèrent sous nos yeux.
Libertés fondamentales menacées
Le CIRC s’associe aux craintes exprimées par d’autres collectifs regroupés au sein du CNPD (Collectif pour une Nouvelle Politique des Drogues), face aux atteintes graves aux droits fondamentaux contenues dans le texte. L’instauration d’un régime carcéral d’exception de type « haute sécurité », inspiré du modèle italien condamné par des instances internationales, illustre jusqu’où certains sont prêts à aller au nom d’une guerre contre la drogue qui, depuis un siècle, n’a produit que misère, stigmatisation et violences.
Un contre-projet fondé sur les droits, la raison et l’expérience
Depuis sa création, le CIRC défend une approche fondée sur le respect des droits humains, la santé publique et la réduction des risques. Plutôt que de continuer à traquer les usagers, nous appelons à :
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Repenser la politique des drogues dans son ensemble, en la sortant de la logique du tout-sécuritaire ;
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Investir massivement dans des politiques sociales, sanitaires, éducatives, et de prévention ;
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Légaliser et réguler les usages adultes de substances comme le cannabis, en s’appuyant sur les modèles alternatifs déjà expérimentés dans de nombreux pays avec des résultats positifs.
Un débat de société, pas un slogan électoral
Nous appelons les parlementaires et toutes les forces progressistes à ne pas céder à la tentation des effets d’annonce et des postures médiatiques. La question des drogues mérite mieux qu’un traitement policier : elle requiert un débat de société digne de ce nom. La prohibition a fait son temps. Il est urgent d’en finir avec ce modèle mortifère.
Le CIRC, aux côtés de nombreux acteurs regroupés dans le CNPD, continuera de défendre une autre voie : celle du courage politique, de la lucidité et du respect des libertés fondamentales.
👉 Le CIRC appelle chacune et chacun à rejoindre massivement la Marche Mondiale du Cannabis, le samedi 3 mai, Place de la République à Paris, pour dire haut et fort : « La prohibition tue, la légalisation protège ». Venez nombreuses et nombreux ! 🌿✊
📎 Retrouvez la note complète du CNPD sur cette proposition de loi et le communiqué complet ici : [lien vers la note CNPD] | [lien vers le CP CNPD]
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