lundi 19 août 2019
La start-up basée à Londres veut concurrencer les mastodontes nord-américains sur le Vieux Continent.
Thomas, Pierre-Loeiz
SANTÉ L’annonce de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’une expérimentation du cannabis thérapeutique sur le sol français en 2020 a accéléré la ruée vers l’or vert sur le Vieux Continent. Le groupe Emmac, fondé en 2018, espère tirer profit de cette phase de test pour grandir sur le marché européen du cannabis bien-être et thérapeutique. « Il n’y a pas de leader européen sur le marché du cannabis, assure Antonio Costanzo, Franco-italien cofondateur et PDG du groupe dont le siège est à Londres. Il y a des leaders mondiaux mais l’Europe reste encore à conquérir. » Après la légalisation du cannabis à usage médical en Allemagne en 2017 et le lancement d’une phase de test au Danemark en 2018, le marché européen du cannabis thérapeutique et bien-être devient attractif.
Avec 6 millions de patients potentiels et 90 millions de consommateurs réguliers, ses retombées sont évaluées à 35 milliards d’euros d’ici à 5 ans par la Banque de Montréal. Si bien que l’Europe attire aujourd’hui les mastodontes canadiens et américains. Canopy Growth, numéro un mondial du cannabis, a racheté en mai l’allemand C3, producteur et distributeur de médicaments à base de cannabinoïdes destinés au marché européen. Aurora Cannabis, autre géant canadien, a annoncé en décembre que sa filiale européenne avait été désignée comme fournisseur officiel de cannabis médical par le ministère de la Santé du Luxembourg.
Face à ces concurrents de taille, Emmac espère multiplier par sept son chiffre d’affaires (tenu secret) en 2020 en affichant une stratégie paneuropéenne. « Nous pouvons compter sur notre implantation continentale et notre connaissance précise des réglementations locales pour soutenir notre développement, affirme Antonio Costanzo. Nous avons déjà intégré huit pays européens dans notre chaîne de production et de distribution. »
Huiles et thés
Cette concentration verticale a permis à Emmac de se placer sur le marché du cannabis bien-être en rachetant le suisse Blossum. L’entreprise helvète commercialise huiles et thés à base de CBD (substance chimique du cannabis non psychotrope) dans les magasins bio et sur Internet. « La demande de la grande distribution pour commercialiser des produits bien-être à base de cannabis est forte, assure Francois-Xavier Nottin directeur général Emmac France et Benelux. Des groupes comme Carrefour et Monoprix se sont déjà montrés intéressés. »
Pour s’implanter sur le marché du cannabis thérapeutique, Emmac doit élaborer un médicament issu des cannabinoïdes, molécules actives du cannabis. Pour l’heure, seuls quelques laboratoires possèdent les autorisations nécessaires pour commercialiser de tels produits sur le marché européen. En signant un partenariat avec l’Imperial College de Londres, Emmac a accéléré ses recherches. C’est aussi un moyen de profiter de la renommée de l’institution britannique pour décider les autorités indécises à légaliser le cannabis à usage médical.
Si aucun groupe ne l’assume clairement, cette vague d’investissement sur le Vieux Continent permet aux acteurs de placer leurs pions en vue d’une possible légalisation du cannabis récréatif. Si Emmac assure ne pas réfléchir à ce marché pour l’instant illégal, une telle intégration permettrait au groupe d’être aux avant-postes si la législation venait à changer en Europe…
PLT
Source : Le Figaro Économique