Soucieux de ne pas vous infliger de l’intégral de l’interview du PDG de la France, en voici les extraits concernant notre sujet de préoccupation. Appréciez son absence d’argumentation si ce n’est à oser reprendre les fadaises prohibitionnistes comme la fumeuse théorie de l’escalade, bref un discours semblant émaner des lobbys sécuritaires et autres syndicats policiers, avec en gras le top de ses formules.
INTERVIEW EXCLUSIVE – Le chef de l’État défend son bilan sur la sécurité et affiche sa détermination à « faire reculer la délinquance partout ».
La violence n’est donc pas une fatalité ?
Non, pas du tout et nous la combattons pied à pied. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, la France, meurtrie par les attentats, vivait sous le régime de l’état d’urgence. Au début du quinquennat, nous avons concentré nos efforts à la lutte anti-terroriste. Ce fut le cœur du travail de Gérard Collomb. Nous avons musclé le renseignement territorial, tant sur le plan technologique que sur le plan humain, mais aussi fait monter en puissance la Direction générale de la sécurité intérieure et créé le renseignement pénitentiaire. Nous avons par une loi fondatrice permis de sortir de l’état d’urgence tout en durcissant l’arsenal législatif et bâti un nouveau parquet national antiterroriste. Et les résultats sont là, je ne laisserai personne prétendre le contraire. Nos services ont ainsi déjoué 35 attentats.
Sans relâcher en rien nos efforts en ce domaine, nous avons ensuite décidé d’accentuer notre action contre les trafics de stupéfiants, qui explosent. Christophe Castaner, Laurent Nuñez ont lancé ce travail ; Gérald Darmanin l’a décliné sur tout le territoire national. Ces trafics forment la matrice économique de la violence dans notre pays. Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout.
L’éradiquer, mais comment ?
Après avoir créé un Office anti-stupéfiants particulièrement puissant, nous passons à la vitesse supérieure : harceler les trafiquants et les dealers. Sur les 4 000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1 000 opérations « coup de poing » ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie.
Autre instrument: 70.000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre dernier. Ça veut dire quelque chose de clair: si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force.
En agissant à tous les niveaux: le grand trafic, le petit deal, la consommation, nous sommes en train de porter un coup profond aux trafics.
Et pourtant, il existe toujours en France des zones de non droit où prospèrent les dealers, mettant en échec votre stratégie de « reconquête républicaine des quartiers »?
Je suis lucide et je regarde la réalité en face : depuis plus de trente ans certains quartiers et certaines rues sont devenues invivables pour nos concitoyens, et notamment pour les plus modestes, les plus fragiles : la personne âgée qui va faire ses courses, la femme qui rentre seule le soir du travail. Non. Ce n’est pas l’idée que je me fais de ce que la République doit aux Français.
Je tiens à ce que la police aille partout, en particulier dans les zones où s’est installée une délinquance chronique, et elle le fait. C’est pour cela que nous avons ciblé 62 quartiers de reconquête républicaine, dont 58 ont déjà été mis en place, qui captent l’essentiel des renforts en sécurité publique. La Goutte-d ‘Or à Paris ou Lille-sud sont ainsi devenus des quartiers témoins, où nous avons injecté des moyens massifs pour changer en profondeur le quotidien de nos concitoyens. On doit franchir encore des étapes.
C’est-à-dire ?
J’évoquais les amendes forfaitaires pour sanctionner la consommation. Je crois qu’il faut aller encore plus loin, provoquer une prise de conscience. À l’inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je pense que les stups ont besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de publicité. Dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge. Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures.
La France est devenu un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères. Ceux qui prennent de la drogue – et cela concerne toutes les catégories sociales – doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité…
Source : Lefigaro.fr