LOS ANGELES TIMES
Publié le 20/04/2020
Dans le secteur de la marijuana californienne, le moral est au beau fixe. En ces temps de confinement, la demande explose, et le cannabis a été classé dans les produits de consommation essentiels.
S’il est un secteur “pour lequel le coronavirus est une bénédiction, c’est bien celui de l’herbe”, rapporte le Los Angeles Times. Chez les cultivateurs, producteurs et distributeurs du nord de la Californie, d’où provient une bonne partie de la marijuana consommée dans l’État, les affaires n’ont jamais été aussi juteuses, souligne le quotidien de la côte Ouest.
Depuis deux ans, la vente de cannabis pour usage récréatif est légale dans cet État – auparavant, on pouvait s’en procurer depuis 1996 à des fins thérapeutiques, sur ordonnance.
Patron heureux
À Arcata, dans l’extrême nord de la Californie, Ryan Moran, à la tête de Flower co., est un patron heureux. “Le volume des affaires a augmenté de 100 %”, explique-t-il, et le rythme des livraisons continue de s’intensifier.
Il a noté un premier pic de demande “dès le 16 mars, quand les premières mesures de confinement partiel ont été mises en place dans la région de la baie de San Francisco”. “C’était une sorte de mouvement de panique”, explique-t-il, les consommateurs réguliers avaient peur de manquer de cannabis.
Le 22 mars, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, “a classé le cannabis dans la liste des produits essentiels”. Depuis, la demande a continué de s’envoler, se félicite Ryan Moran :
Tous ces gens coincés à la maison, que peuvent-ils faire ?? Regarder Netflix et consommer du cannabis […], jouer à des jeux de société et consommer du cannabis, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire.”
Cultivateurs choyés
Certes, comme dans tous les autres secteurs d’activité considérés comme “essentiels” en ces temps de pandémie, Ryan Moran dû mettre en place des mesures de protection pour ses employés, telles que le port de masque, de gants et des mesures de distanciation pour les travailleurs. Mais rien d’insurmontable, selon lui, car beaucoup de “ces précautions étaient déjà en place” en raison de la stricte réglementation en vigueur dans le secteur de la production et de la vente de cannabis.
Petit cultivateur de marijuana de Garberville, toujours dans le nord de la Californie, John Casali a, lui, noté un changement radical de perception par rapport à son métier.
Il a commencé à cultiver des plants de marijuana dans l’exploitation familiale à l’âge de 15 ans, “sous la présidence de Ronald Reagan avec sa guerre contre la drogue”, se remémore-t-il. À l’époque, toute la région était survolée par des hélicoptères et les descentes de forces de l’ordre étaient fréquentes.
En 1992, il en a même fait les frais quand “30 agents fédéraux ont débarqué chez lui en lui mettant une arme sur la tempe”, souligne le Los Angeles Times. John Casali a fini par écoper de dix ans de prison pour culture illégale de cannabis.
Récemment, deux employés de la prison où il a purgé sa peine sont venus lui rendre visite dans son exploitation. “Ils sont restés trois jours et sont repartis avec une demi-douzaine de plants chacun à rempoter chez eux”, explique John Casali, qui ajoute en riant : “Décidément la vie est pleine de surprises.”
Source : courrierinternational.com