Évolution de la législation sur le cannabis au Japon : un pas vers une réglementation plus souple du chanvre
La Chambre des représentants du Japon a récemment approuvé une modification législative visant à assouplir les règles entourant le chanvre, tout en renforçant la régulation du cannabis. Cette évolution marque un tournant significatif dans la politique japonaise en matière de cannabis et ouvre la voie à des changements importants dans la production de cannabinoïdes, notamment à des fins médicales. Cet article explore les détails de cette modification et ses implications sur l’industrie émergente du CBD au Japon.
Production de cannabinoïdes médicaux : une avancée, mais avec des limites
La modification législative en question inclut une disposition clé qui permettrait techniquement la production de cannabinoïdes de qualité médicale. Cependant, une restriction importante est imposée : cette activité serait exclusivement réservée aux produits dérivés du chanvre industriel et non du cannabis. Cette distinction souligne la volonté du gouvernement japonais de séparer clairement les usages médicaux du cannabis des applications récréatives.
Un flou persistant autour des extraits de chanvre en vente libre
Malgré cette avancée, l’incertitude demeure quant à la légitimation de l’importation et de la vente d’extraits en vente libre, notamment ceux provenant des fleurs de la plante de chanvre, principalement le CBD. Actuellement, seuls les produits fabriqués à partir de graines ou de tiges de chanvre sont légaux au Japon. Cependant, une industrie du CBD estimée à plus de 60 millions de dollars a prospéré, en grande partie grâce à une tolérance tacite des autorités face à un marché gris émergent.
Un marché dynamique malgré les restrictions actuelles
On estime que jusqu’à 150 entreprises sont impliquées dans le commerce du CBD au Japon, agissant en tant qu’importateurs ou distributeurs de produits disponibles en ligne et en points de vente physiques. Malgré les règles strictes, de nombreux producteurs et vendeurs ont contourné la réglementation en étiquetant leurs produits comme étant issus de tiges de chanvre, même s’ils étaient fabriqués à partir de fleurs. Cette dynamique a contribué à l’essor du marché du CBD, bien que des changements aient été constatés en 2021 avec l’introduction de substances psychoactives dérivées du chanvre.
Impact sur les entreprises et les consommateurs
Si la modification est promulguée, elle pourrait profiter particulièrement à GW Pharmaceuticals, une entreprise spécialisée dans la fabrication de CBD médical. GW Pharmaceuticals, une filiale de Jazz Pharmaceuticals basée en Irlande, a déjà mené des essais cliniques au Japon pour son produit Epidiolex, un CBD à haute concentration montrant des résultats prometteurs dans le traitement de certains syndromes épileptiques chez les enfants.
En plus des changements affectant les cannabinoïdes dérivés du chanvre, le gouvernement classerait également le THC comme un narcotique et comblerait une faille dans les lois actuelles sur les drogues qui punissent l’importation, l’exportation, la culture, le transfert ou la possession de produits du cannabis mais qui n’abordent pas spécifiquement l’utilisation du cannabis.
Défis et opposition à la requalification de l’usage du cannabis comme un crime
Les « utilisateurs », qui ne sont pas techniquement menacés de peines actuellement, pourraient être passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement en vertu de la modification adoptée par la Chambre des représentants.
La criminalisation persiste Les partis d’opposition, les groupes de citoyens et d’autres organisations s’opposent à la requalification de l’utilisation de la marijuana comme un crime, affirmant qu’elle va à l’encontre de la politique mondiale en matière de drogues, qui a évolué ces dernières années en faveur de la réduction des risques plutôt que de la criminalisation. La proposition appelle également à l’établissement de réglementations fixant un niveau maximal de THC dans les produits dérivés du chanvre.
Conclusion : Un pays en transition dans le paysage mondial du cannabis
La modification remplacerait la loi japonaise sur le contrôle du cannabis, établie sous l’occupation américaine en 1948 et basée sur la tristement célèbre loi fiscale sur la marijuana de 1937 aux États-Unis, comprenant des lois parmi les plus restrictives au monde. Alors que le pays cherche à tirer parti des avantages médicaux potentiels du CBD, il doit également faire face à des questions complexes liées à la régulation, à la criminalisation et à l’adaptation à une industrie du cannabis en pleine expansion à l’échelle mondiale. L’issue de ce processus législatif, qui devrait prendre au moins six mois, aura des répercussions majeures sur l’industrie du CBD au Japon et servira de modèle pour d’autres nations envisageant des réformes similaires.
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